Rudy Molard | © GroupamaFDJ
A l’aube des Championnats du monde sur route qui se dérouleront ce dimanche à Innsbruck (Autriche), Rudy Molard s’est confié à Vélo 101 sur sa forme du moment, son maillot rouge porté sur la Vuelta, sa première sélection en équipe de France, sans omettre, bien-sûr, d’évoquer, aussi, les chances françaises de remporter enfin le maillot arc-en-ciel cette année. Entretien.
Rudy, vous allez connaître vos tout premier Championnats du monde avec le maillot de l’équipe de France sur les épaules. On imagine que c’est une immense fierté…
Je ne pouvais pas rêver mieux. Ce maillot, tu ne peux le porter qu’une fois dans l’année. Je suis fier d’avoir été sélectionné parmi les huit coureurs désignés par Cyrille (Guimard). C’est une grosse motivation. Un immense bonheur.
Votre forme, étincelante en cette fin de saison et ce maillot rouge, porté sur la Vuelta, sont les principales raisons de votre sélection ?
J’étais déjà dans la pré-sélection avant le Tour d’Espagne. Mais c’est vrai que mes performances récentes ont peut-être conforté Cyrille dans ses choix. Sur le Tour de France, je me sentais déjà en très bonne condition. Mais je n’avais pas pu m’exprimer à cause de ma chute (survenue lors de la deuxième étape entre Mouilleron-Saint-Germain et La Roche-sur-Yon). Sur la Clasica San Sebastian, j’étais aussi au contact des meilleurs. Cela fait un moment que j’ai de bonnes sensations. J’espère être dans un grand jour dimanche.
Qu’avez-vous ressenti au moment d’enfiler cette tunique rouge ?
Porter un maillot de leader sur un grand tour, ça n’arrive pas tous les jours. C’est un moment fort dans une carrière. J’ai ressenti beaucoup d’émotions. J’ai essayé d’en profiter au maximum avec l’équipe.
Cette saison 2018 est-elle la meilleure de votre carrière ?
(Sans hésiter) On peut dire que c’est ma meilleure saison chez les professionnels. C’est clair.
Votre rôle dimanche, sera d’emmener et de protéger vos favoris ?
Pour l’instant, nous n’avons encore pas eu de briefing à propos de la tactique à employer. On en saura plus la veille de la course. Mais évidemment, ma tâche sera d’épauler les meilleurs et les grosses têtes d’affiches de l’équipe.
Rudy Molard | © EPA
L’approche est-elle différente entre une course World Tour et un Championnat du monde sur route ?
La grande différence, c’est que nous sommes adversaires toute l’année et équipiers le temps d’une journée. On se connaît quand même, ce qui rend l’adaptation plus facile. On arrive à bien s’entendre, à vivre ensemble. Mais c’est forcément différent. On a la chance d’avoir une génération de coureurs, dont je fais partie, qui se connaît depuis plusieurs années. Avec Warren (Barguil) et Romain (Bardet), nous avons déjà couru ensemble chez les espoirs.
Le sentiment d’appartenance est plus fort en équipe de France ?
C’est sûr. Cela nous donne une motivation supplémentaire. En équipe nationale, on porte fièrement nos couleurs et notre pays. Avec ce maillot sur les épaules, on a tendance à se surpasser.
Est-ce la meilleure équipe de France jamais alignée jusqu’ici ?
Sincèrement, je le pense. Cette année, c’est un peu particulier, avec un parcours difficile, promis aux grimpeurs, alors que le plus souvent, ce sont les sprinteurs qui sont à l’honneur. En France, nous avons la chance d’avoir une grande densité de bons grimpeurs. On a cette année plusieurs cartouches pour l’emporter. Avec une bonne tactique, et je ne me fais pas de soucis sur ça tant Cyrille à de l’expérience, on peut réellement aller chercher ce titre cette année.
Cette densité de talents au sein d’une même équipe rend-elle la gestion des égos compliquée ?
L’ambiance dans l’équipe est excellente. Il n’y a pas de guerre d’égos. Au moment où l’on enfilera tous ce maillot, chacun mettra son égo de côté. Nous savons au plus profond de nous que ce titre peut nous revenir. Chacun va penser à l’équipe avant tout. Nous n’avons qu’un objectif : gagner. Et tout le monde sera content si l’on y parvient. L’occasion pour un grimpeur d’être champion du monde est unique cette année. Il faut en profiter.
Rudy Molard | © AFP
Qui a le plus de chances de l’emporter ? Julian Alaphilippe ?
C’est clair que Julian à une immense carte à jouer dimanche. Ce qu’il réalise cette saison est impressionnant. On a pu le constater à travers toutes ses victoires. Le parcours semble également taillé pour lui et ses qualités. Il fera assurément parti des coureurs que l’on va protéger.
Au même titre que Romain Bardet ou Thibaut Pinot ?
Le parcours convient à leurs qualités. Romain est revanchard. Thibaut sort d’une Vuelta plus que convaincante. S’ils sont à cent pour cent, il y a vraiment une chance pour eux d’être champion du monde. Même en restant humble, on peut le dire.
Quelles seront les autres nations à surveiller de près ?
La Colombie, l’Italie et les Pays-Bas et toutes les autres grosses nations vont être à surveiller. Il n’y a pas de secrets. Sur des Championnats du monde, tout le monde est prêt, tout le monde est à cent pour cent, tout le monde veut gagner. Il faudra donner le maximum.
Propos recueillis par Romain Boisaubert