La caravane rose a laissé derrière elle la Sicile et les roches volcaniques de l’Etna. Dimanche soir, elle s’est envolée sans problème de l’île méditerranéenne pour rejoindre les rives adriatiques et entamer sa remontée de la botte italienne par l’autre côte de la péninsule. Le ciel est un peu plus encombré de ce côté-là de l’Italie, que le peloton s’apprête à remonter en prenant bien soin d’éviter la colonne dorsale et montagneuse du pays que constitue la chaîne des Apennins, qu’on ira tout de même titiller demain. C’est que la bataille royale et le suspense doivent être ménagés jusque dans les Dolomites puis les Alpes, et ceci même si Alberto Contador (Saxo Bank-SunGard) a déjà frappé un grand coup dimanche à l’Etna, où son aisance en montagne ne lui a pas permis de trouver un adversaire à sa hauteur.
Voilà donc le Giro remis aujourd’hui sur les rails, sur les routes surtout, celles qui longent la mer à main droite toujours. La dixième étape prend l’allure d’une remise en route de 159 kilomètres entre Termoli (Molise) et Teramo (Abruzzes). On promet cette étape aux sprinteurs, qui sont déjà deux de moins à batailler sur ce Tour d’Italie de montagnard où il ne fait pas bon être avant tout un coureur véloce. Dimanche sur les flancs de l’Etna, Robbie McEwen (RadioShack) et Graeme Brown (Rabobank), réputés pour leur pointe de vitesse, ont franchi la ligne blanche après les délais. Et il s’en est fallu de peu pour que Mark Cavendish (HTC-Highroad) passe lui aussi à la trappe. A la dérive dès que la route s’élève, le sprinteur anglais a rejoint le sommet 25 secondes avant l’élimination. Mais à quel prix…
Ce matin, Francisco-José Ventoso (Movistar Team), vainqueur jeudi dernier à Fiuggi Terme, blâme ouvertement Mark Cavendish. L’Espagnol dénonce le comportement répréhensible de son adversaire qui, à ses dires, aurait profité de la portière d’un véhicule suiveur pour se maintenir au sein d’un ultime gruppetto où l’attendaient trois de ses coéquipiers. Ventoso n’hésite pas à montrer du doigt le coureur fautif, estimant qu’il ne devrait déjà plus être en course et contestant les trop grandes largesses dont a bénéficié Cavendish de la part du jury des commissaires. L’intéressé, lui, refuse de commenter de telles accusations. La polémique s’installe mais elle ne pourra qu’alimenter les conversations car Mark Cavendish est bel et bien toujours en course. Officiellement, les commissaires n’ont relevé aucun comportement anormal.
Les trois meilleurs sprinteurs du Giro confrontés dans la dernière ligne droite.
L’explication, les sprinteurs devront l’apporter sur le terrain, à la régulière, en tâchant d’oublier le temps d’un sprint leurs mots, leurs désaccords ou leurs actes passés. Mais avant cela, il y a 159 kilomètres à parcourir, le plus souvent en bordure directe de la mer adriatique. L’étape inspire trois attaquants. Dès le 1er kilomètre, le Japonais Fumiyuki Beppu (RadioShack), le Français Pierre Cazaux (Euskaltel-Euskadi) et le Franco-Ukrainien Yuriy Krivtsov (Ag2r La Mondiale) se font la belle. Le peloton n’est pas prêt à engager la bataille si tôt, alors il laisse partir le trio pour une longue cavale en bord de mer. Les trois coureurs posséderont jusqu’à six minutes d’avance mais jamais de quoi rêver tenir bon car derrière eux les équipes de sprinteurs sont vigilantes et surveillent étroitement les écarts communiqués.
Au moment où l’on quitte le littoral pour s’engager dans les terres en direction de Teramo, un long faux-plat roulant de 25 kilomètres commence alors. Là, les équipes de sprinteurs mettent les bouchées doubles. Fumiyuki Beppu, Pierre Cazaux et Yuriy Krivtsov sont repris sans lutte à 11 kilomètres de l’arrivée. Le peloton file donc groupé en direction de la ligne d’arrivée. Les sprinteurs prennent leurs positions dans l’attente du rush, que tente un temps de contester David Millar (Garmin-Cervélo). Pour la troisième fois depuis le départ du Giro, le Britannique démarre dans le final d’une étape, cette fois à 2700 mètres de la ligne d’arrivée. Lancé à la manière d’un pur rouleur qu’il est, les avant-bras posés sur le cintre à la recherche d’aérodynamisme, Millar insiste jusque sous la flamme rouge, où un autre Britannique doit alors entrer en scène…
La dernière ligne droite est longue, large et légèrement montante. Rien à voir toutefois avec le sprint qui avait opposé Petacchi et Ventoso à l’arrivée à Fiuggi. Ce sont d’ailleurs ces mêmes-là que l’on retrouve aux avant-postes, flanqués cette fois de Mark Cavendish, bien calé dans le sillage d’Alessandro Petacchi (Lampre-ISD) lorsque celui-ci choisit de lancer le sprint sur la gauche de la route. Ventoso ayant choisi de faire bande à part, il est surpris par l’attaque de ses deux rivaux. Le sprint est d’une belle limpidité. Au démarrage de Petacchi répond aussitôt Cavendish. Puis le Britannique sort de la roue de l’Italien, le remonte au centre de la chaussée et s’impose sans contestation possible devant ses plus coriaces adversaires. Le voilà à son tour vainqueur d’étape sur le Giro, un premier objectif en poche.
Demain mercredi, la onzième étape se disputera entre Tortoreto Lido et Castelfidardo (142 km).
Classement 10ème étape :
1. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) les 159 km en 4h00’49 »
2. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) m.t.
3. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
4. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) m.t.
5. Davide Appollonio (ITA, Team Sky) m.t.
6. Francesco Chicchi (ITA, Quick Step) m.t.
7. Klaas Lodewyck (BEL, Omega Pharma-Lotto) m.t.
8. Sacha Modolo (ITA, Colnago-CSF Inox) m.t.
9. Alexander Kristoff (NOR, BMC Racing Team) m.t.
10. Oscar Gatto (ITA, Farnese Vini-Neri Sottoli) m.t.
Classement général :
1. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) en 37h04’40 »
2. Kanstantsin Siutsou (BLR, HTC-Highroad) à 59 sec.
3. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) à 1’19 »
4. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 1’21 »
5. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 1’28 »
6. David Arroyo (ESP, Movistar Team) à 1’37 »
7. Roman Kreuziger (TCH, Astana) à 1’41 »
8. José Serpa (COL, Androni Giocattoli) à 1’47 »
9. Dario Cataldo (ITA, Quick Step) à 2’21 »
10. Matteo Carrara (ITA, Vacansoleil-DCM) m.t.
Classement par points :
1. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) 80 pt
2. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) 65 pt
3. Francisco-José Ventoso (ESP, Movistar Team) 56 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Androni Giocattoli) 56 pt
5. Christophe Le Mével (FRA, Garmin-Cervélo) 53 pt
6. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) 45 pt
7. Davide Appollonio (ITA, Team Sky) 44 pt
8. Oscar Gatto (ITA, Farnese Vini-Neri Sottoli) 43 pt
9. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) 42 pt
10. Stefano Garzelli (ITA, Acqua & Sapone) 37 pt
Classement de la montagne :
1. Filippo Savini (ITA, Colnago-CSF Inox) 16 pt
2. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) 15 pt
3. Bart De Clercq (BEL, Omega Pharma-Lotto) 11 pt
4. Martin Kohler (SUI, BMC Racing Team) 10 pt
5. Federico Canuti (ITA, Colnago-CSF Inox) 9 pt
6. José Rujano (VEN, Androni Giocattoli) 9 pt
7. Mathias Frank (SUI, BMC Racing Team) 9 pt
8. Gianluca Brambilla (ITA, Colnago-CSF Inox) 8 pt
9. Roman Kreuziger (TCH, Astana) 8 pt
10. Stefano Garzelli (ITA, Acqua & Sapone) 8 pt
Classement des jeunes :
1. Roman Kreuziger (TCH, Astana) en 37h06’21 »
2. Francesco Masciarelli (ITA, Astana) à 1’08 »
3. Steven Kruisjwik (PBS, Rabobank) à 1’15 »
4. Robert Kiserloski (CRO, Astana) à 1’34 »
5. Jan Bakelandts (BEL, Omega Pharma-Lotto) à 4’10 »
6. Kevin Seeldraeyers (BEL, Quick Step) à 4’22 »
7. Peter Stetina (USA, Garmin-Cervélo) à 15’04 »
8. Stefano Pirazzi (ITA, Colnago-CSF Inox) à 16’05 »
9. José Cayetano Sarmiento (COL, Acqua & Sapone) à 17’06 »
10. Marcel Wyss (SUI, Geox-TMC) à 19’56 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 110h37’47 »
2. Androni Giocattoli (ITA) à 18 sec.
3. Movistar Team (ESP) à 3’38 »
4. Geox-TMC (ESP) à 7’56 »
5. Ag2r La Mondiale (FRA) à 11’06 »
6. Team Katusha (RUS) à 11’53 »
7. Lampre-ISD (ITA) à 12’28 »
8. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 12’51 »
9. Saxo Bank-SunGard (DAN) à 17’13 »
10. Acqua & Sapone (ITA) à 18’14 »