« Le Championnat de France de l’omnium n’était pas un réel objectif pour moi. Deux jours auparavant, alors que j’étais engagé dans la course au titre aux Championnats d’Europe Espoirs à Saint-Pétersbourg, une chute malencontreuse pendant l’épreuve du scratch a mis fin à tout espoir de médaille. C’est donc un peu fatigué mais avec une grosse envie que je me suis présenté au vélodrome de Bordeaux-Lac. Pour le reste, je savais que le titre allait se jouer entre les sociétaires de l’équipe de France. En effet, le week-end choisi coïncidait avec la fin de saison sur route durant laquelle nombre de coureurs disputent les dernières courses de septembre à fond, et ce dans l’espoir d’assurer un contrat professionnel pour l’avenir.
A l’issue de la première journée de compétition, le classement continuait d’être serré. Je restais confiant et je comptais bien sur mon expérience au niveau international pour faire la différence. Le deuxième jour, à un tour et demi de la fin de l’épreuve du scratch, j’ai profité d’un moment d’inattention de Bryan Coquard, mon rival direct, pour accélérer et aller chercher les points de la troisième place. Dès lors, le titre était pratiquement acquis. Un titre que j’attendais depuis quelques temps en répétant les podiums mais sans pouvoir réellement concrétiser. En revanche, après ce titre, je n’ai pas eu de retombée directe. Nous sommes conscients que la piste n’est pas toujours appréciée à sa juste valeur. Un titre de champion de France de l’omnium reste un titre, mais sans plus.
Je dois reconnaître que la piste passe parfois au second plan car pendant la saison de route je suis sous contrat avec le club de Pavilly-Barentin. Il m’arrive même de me fixer des objectifs routiers comme les Championnats de France 2010. Et bien sûr, si l’on a du fond et du rythme de compétition acquis sur route, on n’a pas besoin d’une si grande spécialisation lors du passage à l’omnium.
Etant sociétaire de l’équipe de France, je disposais des deux vélos que la fédération m’attribue à l’année : un pour la poursuite et un autre pour la course aux points. Je profitais également du mécanicien du Comité de Normandie car c’est au dernier moment que je prends ma décision concernant les braquets qui vont être montés. Cela dépend des sensations du jour, de la température qu’il fait à l’intérieur du vélodrome et de la qualité de rendement du bois de la piste. J’ai utilisé un 52×15 pour toutes les épreuves hormis le 250 mètres lancé (50×14). C’est plus petit que lors des rendez-vous internationaux mais il faut remarquer que la différence de niveau se ressent surtout au niveau tactique. En Coupe du Monde, la moindre erreur se paie comptant. Aux Championnats de France, ça reste rattrapable.
Mon arrivée en équipe de France Elite s’est faite au début de la saison 2009. C’est Jacky Mourioux qui m’a donné ma chance en m’essayant sur toutes les manches de la Coupe du Monde. Jacky voulait que je prenne de l’expérience et il avait raison car aux Mondiaux en Pologne, ce fut difficile. Notamment au cours de l’américaine, qui s’est terminée avec une moyenne supérieure à 55 km/h. Je découvrais le niveau mondial ! Aujourd’hui, c’est Hervé Dagorne qui gère l’ensemble de l’équipe de France des courses de fond. Je discute beaucoup avec Hervé quant à la programmation de ma saison.
Même si les manches de la Coupe du Monde sont parfois considérées comme une préparation pour les Mondiaux, cette saison et la prochaine, il va falloir les disputer sans réserve. Il nous faudra marquer un maximum de points pour se qualifier aux Jeux Olympiques de Londres 2012. Mais avant cela, je prépare les Championnats d’Europe Elites qui auront lieu début novembre. Actuellement, l’agenda de ma semaine est partagé entre Rouen, mon lieu de résidence, Paris, où se déroulent les stages de l’équipe de France sur la piste de l’INSEP, et Rennes, ville dans laquelle je poursuis mes études. Mon statut de sportif de haut niveau m’a permis d’intégrer l’école de podologie en étant dispensé de l’examen d’entrée. »
Propos recueillis par Franco Canella.