Ils s’étaient pris pour des stars de cinéma l’an dernier lorsqu’ils avaient été présentés à Hollywood, cette année, les Cannondale changent d’art, mais pas de statut. Ceux qui ont assisté à la présentation de la formation italienne hier en Californie n’ont pas vu des cyclistes débouler sur la scène du Canyon Club (presque un comble) du West Lake Village, mais bien un groupe de rock, « the Green Machine ». Et même si celui qui a poussé la chansonnette s’appelle Moreno Moser (avec un vrai groupe pour le coup), n’allez pas croire qu’il s’agit là du leader de la bande. Non, celui-là se nomme bien Peter Sagan. On ne la lui fait pas. Le Slovaque est bel et bien celui qui dicte le tempo à ses sbires, un chef d’orchestre à lui seul du haut de ses 24 ans qu’il fêtera dans le courant du mois.
Car s’il y a bien d’autres artistes de talent dans le groupe sportif italien, il n’y a qu’un seul génie. Un seul homme qui offre une parfaite maîtrise de son art tout en restant imprévisible. Un seul garçon qui ne cesse de renforcer ses points forts tout en ajoutant de nouvelles cordes à son arc. Le Slovaque a déjà un palmarès fantastique pour son âge et a prouvé l’an dernier qu’il était plus qu’un homme de classique, plus qu’un sprinteur à la classe folle, plus qu’un puncheur formidable, et qu’il était tout cela à la fois. En débloquant enfin son compteur (et de quelle manière!) sur les classiques WorldTour l’an dernier en remportant en solo Gand-Wevelgem et le GP de Montréal, Sagan a prouvé qu’il avait mûri.
Bien sûr, comme tout instrumentiste de talent, le jeune prodige a commis quelques fausses notes, et notamment sur ce Milan-San Remo dantesque. « J’ai commis une erreur et je termine 2ème, cela ne se reproduira pas », affirme avec une volonté clairement affichée de briller sur les classiques celui qui a remporté son deuxième maillot vert sur le Tour. Une nouvelle date sera d’ailleurs au programme de la tournée printanière de Sagan : le 13 avril, à Roubaix. 2014 sera également une année délicate en coulisse : chacun sait que le contrat du jeune homme se termine à la fin de l’année et plusieurs managers sont déjà sur le coup pour engager cette poule aux œufs d’ordre. Mais Roberto Amadio n’abandonnera pas si facilement le diamant qu’il s’est attelé à polir depuis plus de quatre ans. À moins qu’il ne mène la même politique avec sa nouvelle pépite Matej Mohoric, premier coureur à devenir champion du monde Espoir dans la foulée d’un titre mondial chez les Juniors.
Mais on l’a dit, le Slovaque n’a pas le monopole du talent dans ce groupe. Quand bien même ses performances scéniques sont moins flamboyantes que par le passé, Ivan Basso compte bien tenir encore le haut de l’affiche. Après une année 2013 à oublier, le Lombard aborde 2014 avec une motivation de cadet, en espérant que ce ne soit pas sa tournée d’adieu. « Oui, je veux gagner mon troisième Tour d’Italie, je ne suis pas vieux », souligne dans un sursaut d’orgueil l’ancienne gloire. Sur le Giro, Basso devra partager la scène avec un sprinteur, Elia Viviani. Celui qui avait été à deux doigts de battre Mark Cavendish pour le port du premier maillot rose l’an dernier. Et dire qu’un frenchie côtoiera la saison prochaine cette pléiade de stars. Jean-Marc Marino a bien de la chance de faire partie de groupe !