Mises en lumière au Giro mais proposées en entame de saison depuis déjà plusieurs années, les Strade Bianche n’ont pas tardé à se faire une place au calendrier. Désormais, les meilleurs chasseurs de classiques s’y donnent rendez-vous une semaine après le week-end d’ouverture en Belgique. En Toscane, la nature du terrain diffère. Aux pavés succèdent des routes blanches (strade bianche en italien) héritées du passé. Des chemins caillouteux ayant échappé au goudronnage massif et présents en nombre entre Gaiole in Chianti et Sienne. Sur 190 kilomètres de course, on emprunte huit secteurs, le plus long atteignant 13,5 kilomètres, pour un total de 57,2 kilomètres de routes poudreuses. C’est là que, l’an passé, Philippe Gilbert (BMC Racing Team) avait entamé son cycle de classiques victorieuses. Il ne rééditera pas son exploit.
Avant le premier secteur, qui intervient au 35ème kilomètre, douze coureurs prennent les devants. Jarlinson Pantano et Juan Suarez (Colombia-Coldeportes), Valerio Agnoli (Liquigas-Cannondale), Gabriele Bosisio (Utensilnord Named), Borut Bozic (Astana), Marco Coledan (Colnago-CSF Bardiani), Claudio Corioni (Acqua & Sapone), Massimo Graziato (Lampre-ISD), Ben Hermans (RadioShack-Nissan), Kevin Hulsmans (Farnese Vini), Marco Pinotti (BMC Racing Team) et Ramon Sinkeldam (Project 1t4i) composent la première échappée, celle après laquelle le peloton courra une partie de la course sans jamais trop s’en faire cependant. Les douze membres du groupe de tête ne réussissent pas à creuser l’écart. Ils ne prennent pas au-delà de deux minutes, ce qui permet au peloton de rentrer sur eux dans le cinquième secteur, long de 11 kilomètres, à une grosse cinquantaine de kilomètres de l’arrivée. Les gros bras entrent en scène.
D’abord, c’est Daniele Bennati (RadioShack-Nissan) qui se croit capable d’un exploit. Le sprinteur italien, adepte des courses du Nord, démarre loin du but alors que le peloton se résume à une vingtaine d’hommes, parmi lesquels encore tous les favoris. Sous le soleil toscan qui avive le nuage de poussière formé au passage des concurrents, Daniele Bennati grignote du temps mais finit par buter dans l’avant-dernier tronçon cabossé. A 16 kilomètres du but, l’Italien est ravalé par le mini-peloton. C’en est devenu trop pour Philippe Gilbert, distancé dans la campagne italienne, mais dont l’équipe BMC peut encore compter sur Alessandro Ballan et Greg Van Avermaet. Après une accélération de l’Italien, c’est le Belge qui démarre à 13 kilomètres de l’arrivée, tentant de tirer profit des dernières routes blanches. Or ces routes ne sont pas planes et, à la faveur d’une grosse bosse, il est contré par Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan).
Assis, le champion de Suisse revient en un éclair pour doubler et déborder Greg Van Avermaet. Un virage plus loin, il n’y a déjà plus personne dans le sillage de Fabian Cancellara, qui s’attaque seul aux 12 derniers kilomètres, les avant-bras posés sur le cintre à la manière du pur rouleur qu’il est. Et en la matière, même s’il n’est plus champion du monde, Fabian Cancellara reste diablement efficace. En une dizaine de bornes il a déjà écarté d’une minute ses poursuivants éparpillés. A Sienne, où il s’était déjà imposé il y a quatre ans, l’Helvète ajoute un succès de prestige à son palmarès. Il prouve surtout, à deux semaines de Milan-San Remo, qu’il a retrouvé son meilleur niveau. Ce n’est pas le cas de Philippe Gilbert, dont les coéquipiers doivent s’incliner pour le podium, que leur confisquent Maxim Iglinskiy (Astana) et Oscar Gatto (Farnese Vini).
Classement :
1. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) les 190 km en 4h44’59 » (40,0 km/h)
2. Maxim Iglinskiy (KAZ, Astana) à 42 sec.
3. Oscar Gatto (ITA, Farnese Vini) m.t.
4. Alessandro Ballan (ITA, BMC Racing Team) à 46 sec.
5. Greg Van Avermaet (BEL, BMC Racing Team) à 48 sec.
6. Roman Kreuziger (KAZ, Astana) à 1’03 »
7. Francesco Reda (ITA, Acqua & Sapone) m.t.
8. Francesco Ginanni (ITA, Acqua & Sapone) m.t.
9. Elia Favilli (ITA, Farnese Vini) m.t.
10. Johan Van Summeren (BEL, Garmin-Barracuda) m.t.