Son fabuleux printemps 2012 n’était finalement qu’une parenthèse enchantée. Jamais plus Tom Boonen ne se montrera aussi dominateur sur les Flandriennes. Depuis lors, le Belge n’a d’ailleurs remporté qu’une seule classique, Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 2014. Il faut dire qu’à deux occasions, la chance lui a tourné le dos. En 2013 d’abord où une chute à VTT pendant l’hiver lui fait frôler l’amputation après que sa blessure au coude se soit infectée. Diminué, Tom Boonen est loin de son niveau de l’année précédente et quitte le Tour des Flandres dès les premiers kilomètres sur chute. Le voici contraint de déclarer forfait pour Roubaix pour la première fois. Même chose deux ans plus tard où une chute en queue de peloton à Paris-Nice le force à renoncer à l’ensemble de la campagne.
Pourtant, même s’il se montre en retrait sur le reste des classiques en 2014 et 2016, Tom Boonen retrouve subitement l’énergie pour jouer les premiers rôles sur Paris-Roubaix. Plus que jamais, le champion anversois fait de l’Enfer du Nord « sa » course. Le Flamand a manqué son Tour des Flandres en 2014 ? A Roubaix, il accélère dans le secteur de Beuvry-la-Forêt à Orchies à 65 kilomètres de l’arrivée, décidé à faire exploser la course. La tentative est pleine audace, mais elle échoue à 20 kilomètres de l’arrivée avant d’entrer dans le secteur de Camphin-en-Pévèle. A défaut de s’imposer à titre individuel, Tom Boonen s’impose collectivement avec la victoire de Niki Terpstra.
Depuis son dernier sacre en 2012, Tom Boonen n’est en fait arrivé qu’une seule fois pour la gagne sur le vélodrome. Cette fois, inutile de remonter très loin dans nos archives, c’était l’an dernier ! Pourtant là encore, le pire était annoncé pour le Campinois, victime d’une fracture de l’os temporal à l’automne 2015, et dont la carrière ne tenait qu’à un fil. Tant pis si ses résultats de début de saison sont en demi-teinte, Tornado Tom est toujours là à Roubaix. Et, constante sur sa fin de carrière, le Belge n’hésite pas à lancer les hostilités de loin, comme il l’a encore montré dimanche dernier dans le mur de Grammont.
La Trouée d’Arenberg n’est pas encore passée, que Boonen force son destin. Une chute crée un embouteillage dans le secteur de Maing et ralentit les deux grands favoris que sont Fabian Cancellera et Peter Sagan. Boonen en profite comme une poignée d’outsiders. Le coup de l’Anversois a cette fois réussi. Il entre avec Mathew Hayman, Ian Stannard, Sep Vanmarcke et Edvald Boasson-Hagen sur le vélodrome. La belle histoire semble en marche. Un cinquième titre lui tend les bras. C’était sans compter sur Mathew Hayman qui vit son heure de gloire à 38 ans. « J’aurais aimé voir Boonen gagner, c’est le roi de Paris-Roubaix », confiera même l’Australien à sa descente de vélo.
Il reste au Belge une dernière occasion de vaincre l’Enfer pour la cinquième fois. Car demain soir, Tom Boonen sera retraité. Et la Reine des Classiques sera privée de son roi.