Il a beau répéter à qui veut l’entendre qu’il ne jure que par le contre-la-montre dans le but de devenir champion olympique cet été à Rio, Tom Dumoulin (Giant-Alpecin) commence à susciter bien des craintes alors que le Giro est sur le point d’en terminer avec sa première semaine. Après tout, c’est en étant tapi dans l’ombre, en dénigrant presque ses propres chances que le Néerlandais avait failli créer la surprise sur la dernière Vuelta en arrivant en rouge aux portes de Madrid. Sans lui prédire un pareil destin avant d’atteindre Turin, il semblait acquis que le rouleur de Giant-Alpecin allait au moins finir la semaine avec le maillot rose sur le dos. Et ce, même si le Giro, au cours de sa remontée progressive de la Botte arrive aujourd’hui en Toscane, réputée, comme chacun sait, pour ses routes de calcaire que le Tour d’Italie se plaît à visiter occasionnellement.
C’est vers les Strade Bianche que penchait donc aujourd’hui la course rose avec l’Alpe di Poti comme juge de paix à 25 kilomètres de l’arrivée jugée à Arezzo. La montée de 8,6 kilomètres à 6,5 % est en grande partie non asphaltée et donne au Giro ce grain de folie, ce supplément d’excentricité qui fait tout son charme. Le parallèle avec l’épreuve de début mars est poussé jusqu’au bout. Comme à Sienne, la route commence à s’élever sous la flamme rouge, quand les coureurs franchissent les portes de la vieille ville d’Arezzo. L’arrivée est ainsi jugée au bout d’une montée d’un kilomètre à 5,5 %, par delà des ruelles étroites et partiellement pavées. Et si le passé de Tom Dumoulin sur les Strade Bianche plaide en sa faveur, 12ème de l’épreuve en 2012 et 17ème en 2010, il ne goûtera que très peu aux routes blanches proposées aujourd’hui.
Le Néerlandais ne fait pas illusion bien longtemps sur cette ascension qui allait dynamiter le peloton après la remontée paisible de la vallée du Tibre. Il s’en est fallu d’une attaque, œuvre d’Alejandro Valverde (Movistar Team) pour voir Tom Dumoulin reculer dangereusement. L’inquiétude n’est pas immédiate, le rouleur néerlandais ayant pour coutume de gérer son effort dans les montées, mais cette fois, le Maillot Rose ne reviendra pas. Incapable d’accrocher les roues des coureurs devant lui dans l’Alpe di Poti, Tom Dumoulin cède mètre après mètre. Le vainqueur du contre-la-montre d’Apeldoorn affiche un visage bien différent de celui qui était le sien jeudi quand il avait surpris les favoris en glanant quelques secondes vers Roccaraso. Ces secondes paraissent aujourd’hui bien anecdotiques puisqu’il franchit la ligne 1’10 » après l’ensemble des favoris.
Tom Dumoulin perd son maillot rose. Gianluca Brambilla s’en empare.
Si le groupe qui s’est dégagé dans l’Alpe di Poti était constitué de onze hommes, seuls deux d’entre eux ont assumé leurs responsabilités en faisant en sorte de creuser l’écart le plus conséquent qui soit avec Tom Dumoulin : Alejandro Valverde et Vincenzo Nibali (Astana). L’Espagnol joue un rôle prépondérant en secouant le groupe en multipliant les attaques, mais surtout en faisant rouler ses coéquipiers, Andrey Amador et José-Joaquin Rojas, appui placé utilement dans l’échappée matinale. Seul Tom Dumoulin aura perdu du temps sur les routes blanches, bien que la montée finale permette à Valverde, Kruijswijk, Landa, Chaves et Zakarin de prendre trois petites secondes sur Majka, Nibali, Uran, Amador, Firsanov et Pozzovivo. Des écarts insignifiants ou presque. Ou en tout cas incomparables à ceux qui seront enregistrés demain dans le Chianti.
Tom Dumoulin ayant perdu du temps et son maillot rose, les favoris s’étant neutralisés, cette étape toscane ne ravira finalement qu’un seul homme : Gianluca Brambilla (Etixx-Quick Step). Il fallait se méfier comme de la peste du petit Lombard dans cette échappée matinale complétée par Blel Kadri et Matteo Montaguti (Ag2r La Mondiale), Nikias Arndt (Giant-Alpecin), Giacomo Berlato (Nippo-Vini Fantini), Sean De Bie (Lotto-Soudal), Alessandro De Marchi (BMC Racing Team), Moreno Moser (Cannondale), José-Joaquin Rojas (Movistar Team), et Alexey Tsatevitch (Team Katusha), Matteo Trentin (Etixx-Quick Step) et Jaco Venter (Dimension Data). Car le coureur âgé de 28 ans dont la seule ambition sur le Tour d’Italie était de lever les bras pour la première fois sur un Grand Tour avait coché cette 8ème étape pour le faire.
Et pour cause, il s’en était fallu de peu pour que Gianluca Brambilla ne remporte en mars dernier… les Strade Bianche ! Encore en tête sous la flamme rouge à Sienne et pris en chasse par un trio royal (Cancellara-Sagan-Stybar), l’Italien avait cédé avec les honneurs dans le dernier kilomètre. Cette fois, Brambilla ne laissera pas les cadors revenir sur lui. Répondant à l’offensive de Matteo Montaguti qui a mis le feu aux poudres dans les premières rampes de l’Alpe di Poti, le coureur d’Etixx-Quick Step place son démarrage à l’entrée de la partie non asphaltée. Non seulement la victoire d’étape lui tend les bras, mais le maillot rose, avec la défaillance de Tom Dumoulin, l’attend à Arezzo ! Gianluca Brambilla sera donc le dernier à s’élancer de la rampe de lancement demain à Radda in Chianti pour 40,5 kilomètres contre la montre.
Classement 8ème étape :
1. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) les 186 km en 4h14’05 » (43,9 km/h)
2. Matteo Montaguti (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’06 »
3. Moreno Moser (ITA, Cannondale) à 1’27 »
4. Jaco Venter (AFS, Team Dimension Data) à 1’28 »
5. Alessandro De Marchi (ITA, BMC Racing Team) à 1’33 »
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 1’41 »
7. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
8. Mikel Landa (ESP, Team Sky) m.t.
9. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) m.t.
10. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) m.t.
Classement général :
1. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) en 33h39’14 »
2. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 23 sec.
3. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 33 sec.
4. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 36 sec.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 45 sec.
6. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 48 sec.
7. Rigoberto Uran (COL, Cannondale) à 49 sec.
8. Rafal Majka (POL, Tinkoff) à 54 sec.
9. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Mikel Landa (ESP, Team Sky) à 1’03 »
Classement par points :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 119 pt
2. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) 106 pt
3. Arnaud Démare (FRA, FDJ) 91 pt
4. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 80 pt
5. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) 78 pt
6. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 66 pt
7. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 58 pt
8. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 56 pt
9. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 50 pt
10. Giacomo Berlato (ITA, Nippo-Vini Fantini) 47 pt
Classement de la montagne :
1. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) 21 pt
2. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini) 20 pt
3. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) 16 pt
4. Alessandro Bisolti (ITA, Nippo-Vini Fantini) 16 pt
5. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) 15 pt
6. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) 8 pt
7. Matteo Montaguti (ITA, Ag2r La Mondiale) 8 pt
8. Jay McCarthy (AUS, Tinkoff) 8 pt
9. Alexandr Kolobnev (RUS, Gazprom-RusVelo) 8 pt
10. Sean De Bie (BEL, Lotto-Soudal) 7 pt
Classement des jeunes :
1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 33h40’35 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale) à 1’28 »
3. Carlos Verona (ESP, Etixx-Quick Step) à 2’03 »
4. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) à 7’08 »
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 8’37 »
6. Merhawi Kudus (ERY, Dimension Data) à 9’42 »
7. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 15’26 »
8. Nathan Brown (USA, Cannondale) à 22’30 »
9. Damien Howson (AUS, Orica-GreenEdge) à 22’37 »
10. Joe Dombrowski (USA, Cannondale) à 23’46 »
Classement par équipes :
1. Etixx-Quick Step (BEL) en 101h01’10 »
2. Astana (KAZ) à 13 sec.
3. Cannondale (USA) à 14 sec.
4. Movistar Team (ESP) à 1’47 »
5. Team Katusha (RUS) à 2’49 »
6. Team Sky (GBR) à 4’06 »
7. Ag2r La Mondiale (FRA) à 5’45 »
8. Dimension Data (AFS) à 4’51 »
9. Tinkoff (RUS) à 7’53 »
10. Giant-Alpecin (ALL) à 13’58 »