Une semaine exactement après les premiers coups de pédales donnés dans les rues irlandaises de Belfast, Cadel Evans (BMC Racing Team) ne s’attendait certainement pas à posséder un tel avantage sur ses adversaires alors même que la montagne ne s’est pas encore profilée. Avant le premier hommage qui sera rendu ce week-end à Marco Pantani sur les pentes du massif des Apennins pour lesquelles le Romagnol avait une certaine affection, l’Australien de 37 ans compte 57 secondes d’avance sur Rigoberto Uran (Omega Pharma-Quick Step), 1’04 » sur Rafal Majka (Tinkoff-Saxo), 1’45 » sur Ivan Basso (Cannondale), 1’47 » sur Nairo Quintana (Movistar Team), 1’50 » sur Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) et 2’07 » sur Michele Scarponi (Astana). Un sérieux avantage qu’il appartiendra à la montagne de remanier à sa guise.
Après le coup de pouce du destin dont a bénéficié Cadel Evans hier au pied du Mont Cassin, quand tous ses adversaires se sont retrouvés empêtrés dans une glissade générale, on panse les plaies ce matin avant de fomenter les stratégies qui viseront à reprendre à l’Australien le temps malheureusement concédé. On recense aussi les coureurs qui ne repartiront pas, au premier rang desquels Joaquim Rodriguez (Team Katusha), qui a ajouté une côte brisée aux deux déjà fracturées sur l’Amstel Gold Race il y a un mois. Plusieurs coureurs manquent à l’appel ce matin à Frosinone, au moment où le peloton à demi momifié reprend sa remontée de la botte, le long de la chaîne des Apennins qu’il ira gentiment titiller sur 211 kilomètres avant de s’y engager pleinement ces deux prochains jours.
Si les sprinteurs ont la faveur des pronostics, ce peut être aussi la chance d’une échappée. Celle qui se forme en haut du Valico di Aricnazzo (km 28), la première difficulté à franchir la barre des 1000 mètres dans ce Giro, présente de beaux atouts. Elle est composée de Winner Anacona (Lampre-Merida), dossard 101 épinglé au bas du maillot, Nicola Boem (Bardiani-CSF), Robinson Chalapud (Colombia), Nathan Haas (Garmin-Sharp) et Bjorn Thurau (Team Europcar). On a là cinq jeunes coureurs, 25 ans chacun, à l’exception de Robinson Chalapud, 30 ans, mais dans sa quatrième saison pro seulement. Cinq coureurs peu avares d’efforts mais qui présentent en commun un palmarès pratiquement vierge de toute victoire. Et donc une expérience plus fébrile lorsqu’il s’agira de contenir le peloton vers Foligno.
Les échappés résistent, offrant un final emprunt d’une grosse incertitude.
C’est précisément la mission que vont devoir relever ensemble Winner Anacona, Nicola Boem, Robinson Chalapud, Nathan Haas et Bjorn Thurau. Leur avance montée à neuf minutes culmine toujours à 4’15 » au sommet de la dernière bosse à 40 kilomètres du but. Au bas de la descente, tandis qu’il reste une trentaine de kilomètres à accomplir, tous les espoirs restent permis pour les cinq de tête, bien qu’à leur poursuite le peloton s’acharne désormais à boucher le trou. Mais les secondes sont dures à aller chercher, offrant un final d’une belle intensité, emprunt d’une grosse incertitude. Il faudra la coalition de plusieurs équipes de sprinteurs, lesquelles mettent chacune quelques hommes dans la poursuite, pour que le peloton allongé en file indienne à l’attaque de la dernière heure commence à refaire son retard.
A 10 kilomètres de la ligne, l’avance des cinq de tête est retombée sous la minute et l’échappée est à présent dans le viseur du peloton sur les interminables lignes droites qui conduisent à Foligno. L’attaque portée alors par Nathan Haas, qui se verrait bien prolonger la réussite australienne sur ce Giro, précipite la fin de l’échappée. Ses compagnons d’armes n’ont pas été piégés, et dès lors on ne s’entend plus devant, chacun y allant de sa petite attaque sans parvenir à lâcher les autres. Bientôt, toute ambition s’est évanouie. On regarde désormais plus derrière soi que devant. Et l’on constate à chaque regard dans le rétroviseur comme le peloton revient fort. Le regroupement général intervient à 3 kilomètres de l’arrivée. Les sprinteurs auront le dernier mot.
Orpheline de Marcel Kittel, l’équipe Giant-Shimano se recentre autour de Luka Mezgec, que Bert De Backer va emmener seul dans le dernier kilomètre, et dont Nacer Bouhanni (FDJ.fr) prend la roue, entamant l’ultime borne idéalement placé en 3ème position. Quand De Backer s’écarte enfin et que Mezgec lance son sprint, remonté sur son côté gauche par Giacomo Nizzolo (Trek Factory Racing), Nacer Bouhanni n’a plus d’autre choix que de chercher une ouverture le long des balustrades sur la droite de la route. Il la trouve à 170 mètres du but, s’infiltre dans un espace restreint, passe Mezgec et vient sauter Nizzolo. Trois jours après son succès à Bari, Nacer Bouhanni confirme son changement de statut et reprend possession du maillot rouge. Le rose, lui, appartient pour vingt-quatre heures encore à Michael Matthews (Orica-GreenEdge).
Demain samedi, la montagne fera son apparition entre Foligno et Montecopiolo (179 km).
Classement 7ème étape :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) les 211 km en 5h16’05 » (40,1 km/h)
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
3. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano) m.t.
4. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
6. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) m.t.
7. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
8. Boy Van Poppel (PBS, Trek Factory Racing) m.t.
9. Ivan Rovny (RUS, Tinkoff-Saxo) m.t.
10. Elia Viviani (ITA, Cannondale) m.t.
Classement général :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 39h34’19 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 21 sec.
3. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 1’18 »
4. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’25 »
5. Steve Morabito (SUI, BMC Racing Team) m.t.
6. Matteo Rabottini (ITA, Neri Sottoli-Yellow Fluo) m.t.
7. Ivan Santaromita (ITA, Orica-GreenEdge) à 1’47 »
8. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’51 »
9. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) à 1’52 »
10. Ivan Basso (ITA, Cannondale) à 2’06 »
Classement par points :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 166 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 150 pt
3. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 139 pt
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 121 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 92 pt
6. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 90 pt
7. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) 53 pt
8. Davide Appollonio (ITA, Ag2r La Mondial) 52 pt
9. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano) 52 pt
10. Francesco Chicchi (ITA, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 46 pt
Classement de la montagne :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 14 pt
2. Maarten Tjallingii (PBS, Belkin) 12 pt
3. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 9 pt
4. Miguel-Angel Rubiano (COL, Colombia) 9 pt
5. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 9 pt
6. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 8 pt
7. Bjorn Thurau (ALL, Team Europcar) 6 pt
8. Matteo Rabottini (ITA, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 4 pt
9. Jonathan Monsalve (VEN, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 4 pt
10. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 3 pt
Classement des jeunes :
1. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) en 29h34’19 »
2. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’25 »
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’51 »
4. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) à 1’52 »
5. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 2’08 »
6. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 2’11 »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 2’22 »
8. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Shimano) à 2’47 »
9. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 3’14 »
10. Diego Rosa (ITA, Androni Giocattoli) à 3’45 »
Classement par équipes :
1. BMC Racing Team (USA) en 87h57’38 »
2. Tinkoff-Saxo (DAN) à 1’01 »
3. Ag2r La Mondiale (FRA) à 1’35 »
4. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 2’06 »
5. Lampre-Merida (ITA) à 2’27 »
6. Orica-GreenEdge (AUS) à 2’34 »
7. Astana (KAZ) à 3’08 »
8. Movistar Team (ESP) à 3’42 »
9. Team Europcar (FRA) à 5’04 »
10. Colombia (COL) à 6’14 »