Un lundi au soleil, voilà ce que les coureurs du Tour d’Italie ont enfin pu savourer hier alors que la course marquait sa deuxième pause, la vraie première journée de repos en fait si l’on tient compte du long transfert matinal organisé entre l’Irlande et le sud de l’Italie il y a huit jours. Une journée idéale pour refaire du jus alors que s’est achevée une première semaine rendue difficile par la pluie et la nervosité inhérente au départ d’un Grand Tour. Une journée idéale également pour analyser la situation alors même que le gros de ce Giro reste à venir. Pour l’heure elle reste ultra favorable à Cadel Evans (BMC Racing Team), qui compte une à deux minutes d’avance sur ses adversaires, à la tête desquels on retrouve Rigoberto Uran (Omega Pharma-Quick Step), Rafal Majka (Tinkoff-Saxo) et Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale).
On pourrait débattre longtemps sur l’avantage essentiellement obtenu par l’Australien jeudi dernier alors que le peloton presque tout entier s’était affalé au pied du Mont Cassin. Mais quel que soit le jugement que l’on puisse porter sur la manière dont les choses se sont déroulées, il apparaît une évidence : Cadel Evans était là, devant, à frotter pour garder sa place aux avant-postes, bref, à se comporter en vainqueur potentiel du Giro. Il est en cela épatant de voir comme l’Australien est aux aguets, concentré depuis le départ de Belfast, et de fait épagné par les faits de course. Il sera encore là ce soir, à se battre devant lorsque des micro-cassures cisailleront sans conséquence le peloton dans le final. Toujours vigilant à l’abord du sprint, ce qui lui permettra d’éviter de justesse une chute qui surviendra dans le dernier virage serré. La route est encore longue mais Cadel Evans prouve de jour en jour qu’il n’est pas en rose par hasard.
Mais revenons sur la route du Tour d’Italie, celle de la dixième étape, qui marque une reprise en douceur entre Modène et Salsomaggiore Terme (173 km). La plaine du Pô offre au peloton une étape transitoire entre la journée de repos parmesane et une étape pour baroudeurs demain à la veille du contre-la-montre individuel qui devrait encore faire pencher le chronomètre en faveur de Cadel Evans. Sous le soleil qui illumine ce début de deuxième semaine, rares sont ceux à vouloir se lancer dans une échappée alors que l’on promet cette étape, la plus plate de cette 97ème édition, à un pur sprinteur. On ne trouvera que deux volontaires pour occuper le devant de la scène aujourd’hui, en l’occurrence les Italiens Marco Bandiera (Androni Giocattoli) et Andrea Fedi (Neri Sottoli-Yellow Fluo), à l’attaque dès le 5ème kilomètre.
Sébastien Chavanel tire le peloton dans les 1500 derniers mètres, Nacer Bouhanni conclut.
Les BMC n’ont pas besoin de courir après tous les lièvres. Encore moins après ces deux-là englués dans les profondeurs du classement général à plus d’une heure de Cadel Evans. Stratégiquement, ils lèvent le pied, laissent monter l’écart à huit minutes et demie, puis entretiennent un rythme régulier dans l’attente d’être relayés. Ce sont les équipes de sprinteurs, qui ont davantage à gagner aujourd’hui que l’équipe BMC n’a à perdre à laisser les deux Italiens se jouer la victoire, qui se dévoueront pour réduire progressivement la différence et favoriser une arrivée groupée. C’est que les occasions vont commencer à s’amenuiser pour les finisseurs, que l’on ne retrouvera ensuite (au mieux) que vendredi à Rivarolo Canavese, mercredi prochain à Vittorio Veneto, et en conclusion à Trieste le dimanche 1er juin.
Marco Bandiera et Andrea Fedi ne résisteront pas au train qui se met en route derrière eux. A 10 kilomètres de l’arrivée, l’heure est venue pour les deux Italiens de se serrer la main et de rentrer dans le rang. Après pas loin de 160 kilomètres passés devant. Le peloton se présente alors au bas d’une courte bosse non cataloguée mais que le Team Sky essaie de mettre à profit pour éliminer, gros tempo de circonstance, quelques sprinteurs embarrassants au premier rang desquels Nacer Bouhanni (FDJ.fr). Mais le Vosgien, qui défend le maillot rouge du classement par points – dont il a lâché quelques points à Elia Viviani (Cannondale) au sprint intermédiaire – s’accroche aux alentours de la 30ème position, épaulé par un Sébastien Chavanel magique qui ne cesse de se surpasser pour mener à la gagne son sprinteur. Le peloton manque de se rompre plusieurs fois mais il se maintient groupé. Avec tous les sprinteurs à bord.
Pourtant on ne trouve plus d’équipe suffisamment organisée pour préparer le sprint. Sébastien Chavanel, qui a remonté Nacer Bouhanni aux premiers rangs à l’approche des 2 derniers kilomètres, se décide alors à prendre la direction des opérations. A 1500 mètres, le voilà qui tire tout le peloton dans sa roue – une chute écartera quelques coureurs dans le dernier virage. Quand il se relève, le sprint est lancé par Luka Mezgec (Giant-Shimano), contré par Giacomo Nizzolo (Trek Factory Racing), conclut par Nacer Bouhanni. Vainqueur à Bari, vainqueur à Foligno, le Français empoche son troisième sprint victorieux sur le Giro ! Cadel Evans, qui a évité la chute, vient chercher la 9ème place. Seule ombre au tableau pour l’Australien, la perte d’un équipier en la personne de Yannick Eijssen, victime d’une mauvaise chute à 20 kilomètres de l’arrivée.
Demain mercredi, la onzième étape se disputera entre Collecchio et Savone (249 km).
Classement 10ème étape :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) les 173 km en 4h01’13 » (43,0 km/h)
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
3. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
4. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
5. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
6. Vladimir Gusev (RUS, Team Katusha) m.t.
7. Albert Timmer (PBS, Giant-Shimano) m.t.
8. Ben Swift (GBR, Team Sky) m.t.
9. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.
10. Mauro Finetto (ITA, Neri Sottoli-Yellow Fluo) m.t.
Classement général :
1. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) en 42h50’47 »
2. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 57 sec.
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 1’10 »
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’20 »
5. Steve Morabito (SUI, BMC Racing Team) à 1’31 »
6. Fabio Aru (ITA, Astana) à 1’39 »
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 1’43 »
8. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 1’44 »
9. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 1’45 »
10. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 1’49 »
Classement par points :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 220 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 196 pt
3. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 156 pt
4. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 151 pt
5. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 124 pt
6. Ben Swift (GBR, Team Sky) 112 pt
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 76 pt
8. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 66 pt
9. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) 53 pt
10. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano) 52 pt
Classement de la montagne :
1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 47 pt
2. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Meria) 39 pt
3. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) 26 pt
4. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) 20 pt
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 15 pt
6. Pieter Weening (PBS, Orica-GreenEdge) 15 pt
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) 14 pt
8. Michael Matthews (AUS, Orica-GreenEdge) 14 pt
9. Perrig Quémeneur (FRA, Team Europcar) 14 pt
10. Maarten Tjallingii (PBS, Belkin) 12 pt
Classement des jeunes :
1. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) en 42h51’57 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 29 sec.
3. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 33 sec.
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 34 sec.
5. Nairo-Alexander Quintana (COL, Movistar Team) à 35 sec.
6. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 10’33 »
7. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Shimano) à 12’59 »
8. Pawel Poljanski (POL, Tinkoff-Saxo) à 16’31 »
9. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 22’05 »
10. Mikel Landa (ESP, Astana) à 24’32 »
Classement par équipes :
1. Omega Pharma-Quick Step (BEL) en 127h49’39 »
2. Ag2r La Mondiale (FRA) à 56 sec.
3. BMC Racing Team (USA) à 1’11 »
4. Lampre-Merida (ITA) à 10’56 »
5. Tinkoff-Saxo (DAN) à 12’08 »
6. Astana (KAZ) à 14’05 »
7. Team Europcar (FRA) à 16’40 »
8. Movistar Team (ESP) à 21’24 »
9. Colombia (COL) à 23’22 »
10. Androni Giocattoli (ITA) à 33’02 »