Pour trouver trace d’une première semaine de Giro où les leaders se sont livrés avec autant d’intensité, il faut remonter bien loin dans les livres d’archive. Toute la semaine dernière, où plutôt dès que la route s’est élevée, Fabio Aru (Astana), Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) et Richie Porte (Team Sky) ont voulu entamer un bras de fer que l’on attend d’ordinaire en dernière semaine. Les neuf premiers jours de course ont été riches en événements entre les chutes et les attaques incessantes, beaucoup moins en enseignements. Car au final, Fabio Aru, Alberto Contador et Richie Porte, ceux qui se sont avancés comme les trois prétendants les plus sérieux au maillot rose, se tiennent en 20 secondes à peine. Les différences devraient être tout autres quand le Giro s’achèvera le dimanche 31 mai prochain dans les rues de Milan.
Faut-il s’attendre à ce que ce combat continue au cours de cette deuxième semaine qui débute aujourd’hui par une longue procession entre Civitanova Marche et Forli ? En théorie, avec un week-end terrible, personne ne devrait s’aventurer sur les étapes de la semaine pour grappiller quelques secondes au risque de perdre de précieuses minutes à Valdobbiadene ou à Madonna di Campiglio. De là à dire que les écarts resteront inchangés avant samedi, il n’y a qu’un pas qui ne doit pas être franchi. Les étapes de plaine peuvent parfois regorger de mauvaises surprises. Alberto Contador a bien montré que les favoris n’étaient pas à l’abri d’un mauvais coup du sort sur des étapes où ils ne devraient pas être sollicités. C’est au tour de Richie Porte de connaître aujourd’hui une désillusion d’un autre genre.
La course rose déjà palpitante s’est décidée à ajouter un peu de piment à son déroulé. Les 200 kilomètres sans le moindre obstacle, ni topographique ni météorologique, auraient dû être aisément apprivoisés par les finisseurs qui n’ont jusqu’ici eu que peu d’occasions de se manifester. Cette 10ème étape devait être l’une des rares réelles occasions pour eux d’ajouter un bouquet à leur collection. L’hypothèse de voir débouler au sprint un peloton groupé sur les ruelles pavées de Forli était unanimement acceptée. Tout le monde s’accorde à dire que l’échappée 100 % italienne constituée autour de Nicola Boem (Bardiani-CSF), Matteo Busato (Southeast), Oscar Gatto (Androni Sidermec), Alessandro Malaguti (Nippo-Vini Fantini), Alan Marangoni (Cannondale-Garmin) devait être cantonnée à un rôle de figurant.
L’échappée tient tête à un peloton dans lequel ne figure plus Richie Porte.
Au lendemain d’une journée de repos où les sprinteurs et leurs équipiers ont pu refaire le plein d’énergie, les 5 minutes d’avance dont les hommes de tête bénéficient au maximum paraissent bien insuffisantes pour leur laisser croire à la victoire d’étape. Avec moins de 3 minutes d’avance à 50 kilomètres de la ligne, l’éventualité d’un sprint massif se précise. C’était peut-être sous-estimer un peu trop vite la valeur des cinq fuyards. Il s’avère finalement que l’échappée a parfaitement su gérer ses forces. Alessandro Malaguti, originaire de Forli, et Alan Marangoni, natif d’Emilie-Romagne, sont d’autant plus motivés à bien figurer sur leurs routes. Les efforts des équipiers d’André Greipel (Lotto-Soudal) qui se mettent à la barre dans les quinze derniers kilomètres restent vains. Contre toute attente, l’échappée fait mieux que résister.
La perte d’Oscar Gatto sur ennui mécanique ne vient pas remettre en cause leurs chances de rallier les premiers la ligne d’arrivée. Alan Marangoni est le premier à tenter de mettre les voiles à 1400 mètres de la ligne, au moment d’aborder le passage pavé qui fait toute la singularité de cette arrivée à Forli. Ses compagnons d’échappée n’ont pas dit leur dernier mot, et encore moins Nicola Boem, le plus véloce des quatre rescapés. Le jeune coureur de 25 ans, vainqueur d’une étape du Tour du Danemark l’an dernier, prend quelques mètres d’avance dans le dernier virage, rejoint Marangoni et déboule le premier sur la ligne d’arrivée. Il perpétue ainsi la tradition d’une équipe Bardiani-CSF habituée à vaincre sur le Giro. 18 secondes trop tard, un peloton orphelin de Richie Porte franchit à son tour le portique d’arrivée.
Victime d’un ennui mécanique à 5 kilomètres de Forli, l’Australien est le grand perdant de cette étape qu’il aurait dû passer sans encombre. Accusant déjà un débours de 20 secondes sur Alberto Contador à la suite du chrono par équipes d’ouverture, il en cède plus du double ce soir. Plus que les 47 secondes déboursées par le Tasmanien, c’est l’impression visuelle qu’il a laissée qui peut paraître inquiétante. Alors que ses coéquipiers mettent tout en œuvre pour le ramener sur l’arrière du peloton, Richie Porte, avachi sur sa machine, peine à garder les roues des coureurs devant lui. Une méforme passagère sans doute à mettre sur le compte de la reprise après une journée de repos, mais l’Australien devra afficher un autre visage samedi sur les 59,4 kilomètres du contre-la-montre individuel de Valdobbiadene.
Demain, le peloton poursuit sa route entre Forli et Imola (153 km).
Classement 10ème étape :
1. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) en 4h26’16 »
2. Matteo Busato (ITA, Southeast) m.t.
3. Alessandro Malaguti (ITA, Nippo-Vini Fantini) à 2 sec.
4. Alan Marangoni (ITA, Cannondale-Garmin) à 4 sec.
5. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) à 18 sec.
6. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) m.t.
7. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.
8. Luka Mezgec (SLO, Giant-Alpecin) m.t.
9. Nicola Ruffoni (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
10. Davide Appollonio (ITA, Androni Sidermec) m.t.
Classement général :
1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 42h58’09 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 3 sec.
3. Mikel Landa (ESP, Astana) à 46 sec.
4. Richie Porte (AUS, Team Sky) à 1’09 »
5. Dario Cataldo (ITA, Astana) à 1’16 »
6. Roman Kreuziger (TCH, Tinkoff-Saxo) à 1’46 »
7. Rigoberto Uran (COL, Etixx-Quick Step) à 2’10 »
8. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) à 2’12 »
9. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 2’20 »
10. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 2’24 »
Classement par points :
1. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) 98 pt
2. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 85 pt
3. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 78 pt
4. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 61 pt
5. Marco Bandiera (ITA, Androni-Sidermec) 60 pt
6. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 50 pt
7. Matteo Busto (ITA, Southeast) 47 pt
8. Alessandro Malaguti (ITA, Nippo-Vini Fantini) 47 pt
9. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 41 pt
10.Marco Frapporti (ITA, Androni-Sidermec) 40 pt
Classement de la montagne :
1. Simon Geschke (ALL, Giant-Alpecin) 50 pt
2. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 39 pt
3. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 37 pt
4. Carlos Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 33 pt
5. Paolo Tiralongo (ITA, Astana) 23 pt
6. Mikel Landa (ESP, Astana) 19 pt
7. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) 15 pt
8. Pavel Kochetkov (RUS, Team Katusha) 15 pt
9. Tom-Jelte Slagter (PBS, Cannondale-Garmin) 15 pt
10. Fabio Aru (ITA, Astana) 15 pt
Classement des jeunes :
1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 42h58’12 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) à 2’58 »
3. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 20’25 »
4. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 21’34 »
5. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) à 22’54 »
6. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) à 31’18 »
7. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) à 40’54 »
8. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 46’03 »
9. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 48’24 »
10. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 48’52 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 128h15’41 »
2. BMC Racing Team (USA) à 6’12 »
3. Team Sky (GBR) à 6’22 »
4. Movistar Team (ESP) à 7’11 »
5. Cannondale-Garmin (USA) à 23’28 »
6. Tinkoff-Saxo (RUS) à 25’07 »
7. Lotto-Soudal (BEL) à 41’00 »
8. Team Katusha (RUS) à 53’49 »
9. Lampre-Merida (ITA) à 56’48 »
10. FDJ (FRA) à 57’13 »