Arnaud Démare

Loin de moi l’idée de jeter la pierre au picard pour cette saison en demi-teinte. La déception n’est ici qu’issue des standards de haute volée qu’il avait fixés en 2020. Effectivement, en comparaison, l’année 2021 d’Arnaud Démare pâlit. En manque de réussite sur Paris-Nice, lâché à Milan – San-Remo et en délicatesse sur les flandriennes, l’ex champion de France a pris son temps pour retrouver la voie du succès. Ce fut chose faite à l’occasion de la Roue Tourangelle, profitant d’une concurrence plus réduite. Déchaîné sur le Tour de la Communauté de Valence puis les Boucles de la Mayenne, où il a remporté la moitié des étapes, le français a engrangé avant de s’arrêter net au départ de la Grande Boucle. Malchanceux et enfermé, son train n’a jamais réussi à l’emmener à destination de la victoire, ratant systématiquement la correspondance pour la tête du peloton à la flamme rouge. Le froid et la pluie alpestres eurent finalement raison de lui à Tignes, arrivé hors délais. Et rebelotte sur la Vuelta, où le coureur de la Groupama-FDJ est toujours tombé sur plus fort que lui, se cassant les dents sur la puissance retrouvée de Fabio Jakobsen et la force développée par Jasper Philipsen. Ironie de l’histoire, c’est à la pédale qu’Arnaud Démare est parvenu à se sortir de cette mauvaise passe, s’échappant en costaud du peloton des favoris à Paris-Tours pour rejoindre le duo de tête sous la flamme rouge et s’adjuger autoritairement la victoire. Une bien belle note pour passer l’hiver avec confiance !

nullArnaud Démare vainqueur à Valence

 

Miguel Angel Lopez

La raison de ses contre-performances est davantage critiquable en revanche… Notamment son abandon sur un coup de tête lors de la 20e étape de la Vuelta où, piégé, il s’était vu descendre du podium. Troisième du classement général jusque-là et vainqueur d’une étape, il avait pourtant enfin réussi à rebondir après un Tour de France transparent, quitté avant l’heure à Mourenx. Et non seulement cette décision irréfléchie témoigne d’un manque de maturité de sa part, mais elle marque aussi un manque de respect considérable pour sa formation Movistar, pour laquelle il ne courra d’ailleurs plus jamais, puisqu’il sera de retour chez Astana dès l’an prochain. Ainsi, cette saison est à l’image du colombien : faite de coups d’éclats dans une marre d’anecdotes, haute en sentiments et riche en désillusions. Seuls ses quatre succès parviennent à nuancer cette impression générale.

Miguel Ángel López  Movistar vueltaMiguel Ángel López sur la Vuelta | © La Vuelta 

 

Jakob Fuglsang

Le danois souffre quant à lui du poids des années, mal inéluctable de la vie et coup fatal dans le déroulement d’une carrière sportive. Vainqueur du Tour de Lombardie et du Tour d’Andalousie l’an passé, il s’inscrivait ainsi dans la lignée d’une exceptionnelle saison 2019, dont son sacre sur la Doyenne a constitué le paroxysme. Mais en 2021, le danois atteint l’hiver bredouille, sans la moindre étape, ni classique de second rang à se mettre sous la dent. Une première depuis 2016, début de son apogée. Pour ainsi dire, il n’y a bien qu’au Tour de Suisse où il est parvenu à peser sur la course, finalement classé troisième du classement général. Pour le reste, le coureur d’Astana Premier-Tech a même eu du mal à se hisser dans le top 10 de la feuille des résultats, à l’instar de Liège-Bastogne-Liège, où il n’a pas été en mesure d’accompagner les favoris. Anonyme sur la Grande Boucle, Jakob Fuglsang a finalement terminé sa famélique année sur le bitume, abandonnant le Tour du Bénélux dès son premier jour. Comme un symbole…

Jakob Fuglsang a connu une saison compliquéeJakob Fuglsang a connu une saison compliquée | © AstanaPremTech

 

Geraint Thomas

Il est loin le « G » qui survolait le Tour ou emmenait Christopher Froome vers les sommets. Initialement fait co-leader du Team INEOS aux côtés de Richard Carapaz, le gallois n’est jamais parvenu à honorer son statut, affichant sa méforme dès la deuxième étape, où il fut le seul favori à perdre du temps. Le reste de la course ne fut qu’accumulation des débours, l’enfonçant dans les méandres du classement général, incapable de fournir la moindre aide à son partenaire équatorien. Heureusement, son triomphe sur le Tour de Romandie et sa victoire d’étape au Dauphiné sauvent son bilan personnel, lui permettant même de renouer avec le succès pour la première fois depuis 2018. Mais il faut reconnaître que ces bouquets n’ont pas le même éclat qu’à sa grande époque, dépourvu d’adversité de renom en Romandie et acquis sur le plat à Saint-Vallier. A 35 ans, Geraint Thomas accuse également le coup, dépassé par la jeune génération, leur fougue et leur force.

nullGerraint Thomas victorieux sur le Dauphiné

 

Jai Hindley

On l’avait quitté l’an dernier dauphin surprise de Tao Geoghegan Hart au classement général du Giro, en dompteur du Stelvio, propulsé immense espoir du cyclisme australien à 23 ans. On l’a retrouvé cette année transparent, absent des débats sur Paris-Nice, malade au Giro et forfait pour la Vuelta. En fait, le coureur du Team DSM a traversé cette saison hors de forme, cherchant sans cesse à relever cette fameuse courbe, au comportement parfois mystérieux. Dans son bilan il se contentera ainsi d’une septième place au classement général du Tour de Pologne, espérant profiter de l’hiver pour se ressourcer et repartir du bon pied l’année prochaine.

Jai Hindley n'a jamais réussi à jouer les premiers rôles cette annéeJai Hindley n’a jamais réussi à jouer les premiers rôles cette année | © Team DSM

Par Jean-Guillaume Langrognet