S’il y avait un « hall of fame » des personnalités qui ont fait le cyclisme, nul doute que Bernard Bourreau tiendrait une place de choix. Equipier apprécié de tous chez Peugeot, où il côtoya Bernard Thévenet, mais aussi Gilbert Duclos-Lassalle, Jean-René Bernaudeau, Hennie Kuiper et Pascal Simon du temps de sa carrière pro entre 1973 et 1984, c’est aux commandes des équipes de France que le Charentais a bâti sa belle réputation. Trente-deux années au service des générations successives de champions tricolores qu’il vient de choisir de conclure afin de se consacrer à sa famille.
Une page importante se tourne donc pour Bernard Bourreau, « un homme fidèle à son engagement, à son sport et à la fédération qu’il a servis avec professionnalisme et loyauté », souligne la Fédération Française de Cyclisme. Nommé sélectionneur de l’équipe de France Juniors en 1988, le cadre technique s’est rapidement doté d’importantes qualités managériales. Et d’une philosophie qu’il n’aura eu de cesse de distiller tout au long de sa carrière : celle d’un individu au service du collectif. Les jeunes passés sous ses ordres ont été élevés dans le respect du drapeau tricolore. Et d’une équipe de France qu’il a menée à la gagne par trois fois en dix ans aux Championnats du Monde.
Au titre mondial obtenu par Arnaud Gérard à Zolder en 2002, le premier de l’équipe de France chez les Juniors, s’en sont ajoutés deux chez les Espoirs, groupe dont il a pris la direction en 2005. Sous la houlette de Bernard Bourreau, les Bleuets auront triomphé à Mendrisio en 2009 (Romain Sicard) puis à Copenhague en 2011 (Arnaud Démare). Deux titres mondiaux chez les Espoirs auxquels se seront ajoutées les médailles d’argent de Romain Feillu (2006), Adrien Petit (2011) et Bryan Coquard (2012), et de bronze de Jérôme Coppel (2006, 2007) dans le contre-la-montre. Des émotions intenses vécues avec réserve par un sélectionneur passionné, qui a également mené à la victoire Romain Sicard (2009) et Warren Barguil (2012) au Tour de l’Avenir.
Incarnation d’un fort esprit collectif, c’est presque tout naturellement que Bernard Bourreau avait été appelé à suppléer un Laurent Jalabert démissionnaire en 2013 à la tête de l’équipe de France professionnelle. Pour un cycle olympique qui aura vu ses protégés ravir le bronze du Mondial chronométré (Jérôme Coppel encore) à Richmond en 2015. Et l’argent du Championnat d’Europe de Plumelec avec Julian Alaphilippe (au pied du podium aux Jeux un mois plus tôt) en septembre dernier.
La dernière médaille de Bernard Bourreau. Car après tant d’années de bons et loyaux services à la cause cycliste, le Charentais de 65 ans a décidé de mettre fin à son action. Bon vent monsieur Bourreau !