C’est une formule qui a tout pour plaire. Une pièce en trois actes qui distribue tour à tour le premier rôle aux sprinteurs, aux rouleurs et aux grimpeurs, mettant ainsi sur le devant de la scène chacun des acteurs traditionnels d’une course sur route. Chacun ? Pas exactement. On n’oublie trop souvent ceux qui, pas assez rapides au sprint, pas suffisamment véloces contre la montre, pas assez aériens dans les cols, n’ont d’autre terrain d’expression que l’attaque. Portée de loin très souvent, interceptée aux portes de la ville-étape trop régulièrement.
Au Critérium International, les baroudeurs purs et durs n’ont finalement que l’étape matinale dessinée sur 92,5 kilomètres autour de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud) à se mettre sous la dent, marchant ici sur les plates-bandes des sprinteurs. Or jamais, depuis que le triptyque de la route a déserté les Ardennes pour migrer au sud de la Corse, l’étape qui leur est dévolue par tradition n’a échappé aux sprinteurs. Il faut remonter à 2008 et le coup de Laurens Ten Dam, qui avait conservé 10 secondes sur le peloton après 190 kilomètres d’échappée, pour trouver trace d’un baroud victorieux.
Lorsqu’ils se portent à l’avant de la course juste après le départ de Porto-Vecchio, d’où la 100ème édition du Tour de France avait levé l’ancre il y a deux ans, Benjamin King (Cannondale-Garmin) et Clément Saint-Martin (Marseille 13-KTM) n’ont pas l’intention d’amuser la galerie. L’étape est courte, et l’avance que leur concède le peloton, 4’30 », nécessitera une grosse réaction à la poursuite du duo de tête. Or les équipes françaises qui se relaient dans ce but peinent à boucher le trou. A mesure qu’ils rentrent sur Porto-Vecchio, Benjamin King et Clément Saint-Martin se voient confisquer la victoire aux sprinteurs engagés. L’écart ne retombe pas suffisamment vite : 2’20 » aux 20 kilomètres, 1’45 » aux 10 kilomètres, encore 1’35 » aux 5 kilomètres, et finalement 39 secondes sur la ligne d’arrivée.
Cette matinée corse va donner à Ben King comme Clément Saint-Martin l’opportunité d’ouvrir leur palmarès. Et dans les rues de Porto-Vecchio, dans le long faux-plat qui mène à l’arrivée, c’est l’Américain de 26 ans, fort de cinq saisons au WorldTour, qui s’avère le plus fort. Le coureur originaire de Richmond, où se tiendront les prochains Championnats du Monde, prend possession du maillot jaune avant le bref exerice chronométré dans lequel il pourrait tirer son épingle du jeu fort des 39 secondes d’avance sur le peloton réglé pour l’honneur par Romain Feillu (Bretagne-Séché Environnement), auxquelles s’ajoutent des secondes de bonification que Thibaut Pinot (FDJ) en personne s’en est allé chercher dès ce matin. Une petite seconde en cours de route : de quoi lui permettre de partir parmi les tout derniers tout à l’heure.
Cet après-midi, place au chronomètre dans les rues de Porto-Vecchio (7 km).
Classement 1ère étape :
1. Benjamin King (USA, Cannondale-Garmin) les 92,5 km en 2h06’43 » (43,8 km/h)
2. Clément Saint-Martin (FRA, Marseille 13-KTM) à 5 sec.
3. Romain Feillu (FRA, Bretagne-Séché Environnement) à 39 sec.
4. Tom Veelers (PBS, Giant-Alpecin) m.t.
5. Clément Venturini (FRA, Cofidis) m.t.
6. Benjamin Giraud (FRA, Marseille 13-KTM) m.t.
7. Marco Canola (ITA, Unitedhealthcare) m.t.
8. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) m.t.
9. Jay McCarthy (AUS, Tinkoff-Saxo) m.t.
10. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
Classement général :
1. Benjamin King (USA, Cannondale-Garmin) en 2h06’34 »
2. Clément Saint-Martin (FRA, Marseille 13-KTM) à 8 sec.
3. Romain Feillu (FRA, Bretagne-Séché Environnement) à 46 sec.
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 47 sec.
5. Tom Veelers (PBS, Giant-Alpecin) à 48 sec.
6. Clément Venturini (FRA, Cofidis) m.t.
7. Benjamin Giraud (FRA, Marseille 13-KTM) m.t.
8. Marco Canola (ITA, Unitedhealthcare) m.t.
9. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) m.t.
10. Jay McCarthy (AUS, Tinkoff-Saxo) m.t.