Pour passer d’une côte à l’autre en Italie, de la mer tyrrhénienne à la mer adriatique, il faut inéluctablement franchir la colonne dorsale de la péninsule, la chaîne des Apennins. C’est là que, chaque année, les organisateurs de Tirreno-Adriatico se montrent les rois pour dénicher des montées impossibles, très brèves mais toujours spectaculaires, au cours desquelles la course des deux mers prend l’apparence, le temps d’une courte ascension, des plus belles batailles montagnardes. Il doit en être ainsi aujourd’hui alors que la course s’engage dans les terres escarpées en direction de la côte adriatique. Et à la difficulté supposée par la nature du terrain s’ajoute la distance puisque, à une semaine de Milan-San Remo, la course la plus longue de la saison, ce sont 240 kilomètres qui sont proposés entre Narni et Chieti, où la course se finira en côte.
Il en est fini des ambitions des sprinteurs dans cette édition 2011 de Tirreno-Adriatico. Un autre genre de coureurs est attendu au terme de cette longue étape, que choisissent d’animer de bon matin Mikaël Chérel (Ag2r La Mondiale), Sebastian Lang (Omega Pharma-Lotto) et Gorazd Stangelj (Astana). Une minute de silence a été observée au départ en hommage aux victimes de la catastrophe qui a ébranlé le Japon hier. Fumiyuki Beppu, le coureur nippon de la RadioShack, a pris le départ en tête et il a donc fallu attendre quelques kilomètres avant que chacun se remette de ses émotions matinales. La première attaque, portée par les trois coureurs précités, est lancée au 24ème kilomètres, à plus de 200 bornes du but donc. Cette perspective va permettre au peloton de voir large et de se faire discret.
Sur l’ardoise de l’ardoisier, les chiffres s’affolent. Ils grimpent à 14’35 » au plus fort et demeurent encore favorables aux trois attaquants dans le final. Mais Mikaël Chérel, Sebastian Lang et Gorazd Stangelj ont fourni beaucoup d’efforts pour en arriver là et ils piochent dans la succession de petites côtes annonçant l’arrivée à Chieti. Des trois, Mikaël Chérel est le dernier à insister mais il est repris par le peloton à 11 kilomètres de l’arrivée, après 205 kilomètres passés devant. Restés à couvert durant cette longue journée, les favoris vont alors se rattraper dans les 10 derniers kilomètres. Un florilège d’attaques et d’accélérations anime l’avant-garde du peloton, duquel s’extraient Fabian Cancellara (Team Leopard-Trek), Dimitri Muravyev (RadioShack) et Giovanni Visconti (Farnese Vini-Neri Sottoli) à proximité de Chieti. Mais le trio va coincer dès les premières rampes de la côte d’arrivée pour s’incliner à 1500 mètres du terme de l’étape.
C’est l’heure de la grande explication entre les favoris de Tirreno-Adriatico. Et favori rime ici avec Michele Scarponi (Lampre-ISD). Vainqueur de l’épreuve il y a deux ans, battu pour quelques dixièmes de seconde l’année dernière, le voici à nouveau à l’attaque dans la course qui lui convient le mieux. Derrière lui, menaçant, un quatuor royal se constitue autour de Damiano Cunego (Lampre-ISD), Ivan Basso (Liquigas-Cannondale), Cadel Evans (BMC Racing Team) et Danilo Di Luca (Team Katusha). Mais Michele Scarponi fait preuve d’une gestion impeccable et, quand le quatuor semble sur le point de boucher le trou, il conserve quelques mètres d’avance pour résister jusqu’au sommet. A Chieti, Michele Scarponi bat les favoris de ce Tirreno, auxquels il faut ajouter Robert Gesink (Rabobank), en retrait mais 6ème tout de même, et nouveau leader.
Demain dimanche, la cinquième étape se disputera entre Chieti et Castelraimondo (240 km).
Classement 4ème étape :
1. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) les 240 km en 6h10’59 »
2. Damiano Cunego (ITA, Lampre-ISD) m.t.
3. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) m.t.
4. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 2 sec.
5. Danilo Di Luca (RUS, Team Katusha) à 6 sec.
6. Robert Gesink (PBS, Rabobank) à 12 sec.
7. Rinaldo Nocentini (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
8. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) m.t.
9. Thomas Lövkvist (SUE, Team Sky) à 17 sec.
10. Philippe Gilbert (BEL, Omega-Pharma-Lotto) m.t.
Classement général :
1. Robert Gesink (PBS, Rabobank) en 16h05’10 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 10 sec.
3. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 12 sec.
4. Michele Scarponi (ITA, Lampre-ISD) à 15 sec.
5. Damiano Cunego (ITA, Lampre-ISD) à 19 sec.
6. Sebastian Langeveld (PBS, Rabobank) m.t.
7. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 22 sec.
8. Damiano Caruso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 34 sec.