Depuis le début du Tour de France, les premiers attaquants du jour ont eu la chance de pouvoir passer la journée à l’avant. Mais au final, aucun n’a pu aller au bout et décrocher le bouquet réservé au vainqueur. La faute aux équipes de sprinteurs, bien plus puissantes que les quelques courageux qui bravent du vent toute la journée. Alors, après quoi courent ces baroudeurs, prêts à s’épuiser quelques minutes devant le peloton pour ne récolter finalement qu’une éphémère gloire médiatique ? « Sinon, on reste tous groupés dans le peloton et on va ensemble à l’arrivée, nous raconte Yohann Gène (Direct Energie) après la course. On essaie et on ne peut pas savoir à l’avance. » Maxime Bouet (Fortuneo-Oscaro), un de ses compagnons du jour, est du même avis. « On essaie toujours, on se dit à chaque fois qu’on peut gagner donc on met tout ce qu’on a. »
Certaines fois, avec un peu de réussite et la prise en compte de plusieurs paramètres, cela peut porter ses fruits. Gène avait senti qu’un coup était possible en direction de Nuits-St-Georges. « Avec le risque de bordure, je pensais qu’un petit groupe pouvait arriver de l’arrière. Je n’ai donc pas trop fait d’efforts pour pouvoir aller faire le sprint derrière. Mais je savais que ça allait être compliqué à quatre. » Dans sa tête, au moment de son attaque, le doute s’était pourtant installé. « Je regardais autour de moi au départ et je voyais bien qu’il n’y avait pas grand monde qui voulait y aller. Je me suis dis tant pis, on ne sera pas nombreux. J’ai voulu tenter quand même. »
Si les coureurs se décident à mettre le nez à la fenêtre dans ces longues journées, c’est aussi parce que la course en question s’appelle le Tour de France. « Je voyais tous les gens m’appeler par mon nom et m’encourager, reprend Maxime Bouet devant le bus de son équipe. Tout le monde a le sourire et c’est ce qui est beau. C’est une course à part. Une échappée sur le Tour, ça vaut une victoire d’étape sur le Giro ou la Vuelta au niveau médiatique. C’est un truc de dingue. C’est pour moi le plus bel événement au monde. » Suffisant, donc, pour que celui qui habite désormais Marseille ait envie de retenter sa chance dimanche vers Chambéry, dans sa région natale. « J’espère aller dans l’échappée, j’aurai encore à cœur de bien faire. »
La volonté, comme à chaque fois, de se montrer et d’y croire. Comme pour nous rappeler que le cyclisme n’est pas devenu un sport où tout se calcule, et que la victoire il faut aussi la provoquer. Depuis le 1er juillet, la réussite a fui les baroudeurs. Mais les terrains escarpés qui attendent le peloton ce week-end pourraient bien donner des idées aux attaquants à l’aise en montagne. Pour tenter, une fois de plus, et pourquoi pas gagner… C’est tout le mal qu’on leur souhaite. – Adrien Godard