De la tradition irlandaise à Belfast au carrefour des cultures italiennes, germaniques et slaves à Trieste, le Tour d’Italie a mis à l’honneur la culture européenne dans son ensemble. Pourtant ce Giro ne fut pas celui des représentants du Vieux Continent. Pour la première fois de l’histoire, jamais un coureur européen ne s’est emparé du maillot rose pour une seule journée. Pour se consoler, on se dira que Nairo Quintana comme Rigoberto Uran ont fait leurs gammes en Espagne pour le premier, en Grande-Bretagne pour le second. Mais un tel constat montre un peu plus que la mondialisation du cyclisme entamée au début des années 90 s’est encore accentuée cette année. Ce Grand Tour, resté l’apanage des coureurs transalpins jusqu’en 1950, est devenu pour la troisième fois la propriété d’un coureur non européen.
C’est surtout la première fois qu’un coureur sud-américain inscrit son nom au palmarès d’un Grand Tour. Fini le temps où les Colombiens se contentaient de faire le show dès que la route s’élevait. Désormais, ils savent gagner, et pas seulement sur une journée en montagne. Le Maillot Rose est monté en puissance au fil des trois semaines de course pour finir en trombe tandis qu’Uran a étonné tout son monde en remportant le contre-la-montre de Barolo. Un paradoxe pour des Colombiens qui il y a encore quinze ans avaient la sale réputation d’être de mauvais rouleurs. Aujourd’hui, c’est la fête dans ce petit pays d’Amérique du Sud qui a une nouvelle occasion de célébrer ses héros. La fête promet d’être grandiose au retour de Nairo Quintana et de Rigoberto Uran au pays.
Si au final, ce Giro a été celui des Sud-Américains, n’oublions pas qu’il fut dans sa première partie, celui des Australiens ! Avant Barolo, le pays-continent avait déjà passé douze jours en rose (journées de repos comprises), remporté deux étapes avec Michael Matthews (Orica-GreenEdge), révélation du début du Giro, et Michael Rogers (Tinkoff-Saxo) qui s’en est allé chercher une étape mythique au Monte Zoncolan hier, et le contre-la-montre par équipes inaugural avec Orica-GreenEdge. Tant pis si Cadel Evans (BMC Racing Team) s’est (encore) écroulé en dernière semaine pour finalement boucler ce Tour d’Italie en 8ème position, les Australiens sortent encore grandis de ce Grand Tour. Cette saison, déjà marquée par la victoire de Simon Gerrans à Liège, confirme que l’Australie est désormais plus qu’une simple nation émergente du cyclisme.
Nacer Bouhanni en rouge, mais Luka Mezgec remporte la dernière étape
Alors certes, les coureurs européens ne se sont pas montrés à leur avantage, et notamment les Italiens qui à domicile se voient sauvés par le podium inespéré de Fabio Aru. En revanche, comment décrire celui réalisé par les équipes françaises ? Trois formations tricolores étaient au départ et elles ont chacune à leur manière joué un rôle important au fil des trois semaines de course. Le Team Europcar fait son retour sur le Tour d’Italie par la grande porte avec la 4ème place de Pierre Rolland. L’Orléanais va chercher son meilleur classement sur un Grand Tour mais a en plus été l’un des acteurs du Giro, complètement décomplexé. Collectivement, la prestation d’Ag2r La Mondiale est tout aussi impressionnante, dans la droite lignée d’un début de saison exceptionnel du collectif de Vincent Lavenu qui remporte le classement par équipes.
Le Tour d’Italie des Français se conclut en beauté avec la dernière chance qu’avait Nacer Bouhanni (FDJ.fr) de remporter une étape. Le Vosgien, triple vainqueur d’étape à Bari, Foligno et Salsomaggiore Terme ne fera pas la passe de quatre aujourd’hui à Trieste. Mais il est encore animé d’une ultime volonté : conserver ce maillot rouge qu’il porte depuis plusieurs jours. L’objectif est largement réalisable, encore faut-il surveiller Giacomo Nizzolo (Trek Factory Racing). Pour mettre toutes les chances de son côté, le Maillot Rouge va chercher des points au dernier sprint intermédiaire et limitera les risques pris dans l’emballage final remporté par Luka Mezgec (Giant-Shimano) en ne prenant que la 4ème place.
C’est donc le Slovène qui referme le chapitre de cette édition 2014 à Trieste, non loin de la frontière qui sépare l’Italie de son pays. La boucle est somme toute bouclée sur ce circuit truffé de pièges, notamment avec cette bosse placée au coeur du circuit que quelques audacieux comme Lars Bak (Lotto-Belisol) et Svein Tuft (Orica-GreenEdge) tenteront de mettre à profit pour piéger les sprinteurs. Mais il était écrit que ce Giro se terminerait par un sprint et c’est un peloton massif qui se déboule dans la cité portuaire. Le moment est venu pour tout le monde de faire la fête après un Giro haletant. Celle-ci sera à peine gâchée par la pluie qui s’abat juste après que les derniers concurrents aient passé la ligne. Après avoir mis à rude épreuve les organismes des concurrents, le ciel devait au moins cela aux 156 rescapés.
Classement 21ème étape :
1. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano)
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
3. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) m.t.
4. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) m.t.
5. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) m.t.
6. Leonardo Duque (COL, Colombia) m.t.
7. Luca Paolini (ITA, Team Katusha) m.t.
8. Tosh Van Der Sande (BEL, Lotto-Belisol) m.t.
9. Borut Bozic (SLO, Astana) m.t.
10. Iljo Keisse (BEL, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
Classement général final :
1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 88h14’32 »
2. Rigoberto Uran (COL, Omega Pharma-Quick Step) à 2’58 »
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 4’04 »
4. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 5’46 »
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 6’32 »
6. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 7’04 »
7. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 11’00 »
8. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 11’51 »
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) à 13’35 »
10. Robert Kiserlovski (CRO, Trek Factory Racing) à 15’49 »
Classement par points :
1. Nacer Bouhanni (FRA, FDJ.fr) 291 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 265 pt
3. Roberto Ferrari (ITA, Lampre-Merida) 186 pt
4. Elia Viviani (ITA, Cannondale) 174 pt
5. Ben Swift (GBR, Team Sky) 135 pt
6. Luka Mezgec (SLO, Giant-Shimano) 128 pt
7. Enrico Battaglin (ITA, Bardiani-CSF) 108 pt
8. Tyler Farrar (USA, Garmin-Sharp) 103 pt
9. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 96 pt
10. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 94 pt
Classement de la montagne :
1. Julian Arredondo (COL, Trek Factory Racing) 173 pt
2. Dario Cataldo (ITA, Team Sky) 132 pt
3. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) 88 pt
4. Tim Wellens (BEL, Lotto-Belisol) 79 pt
5. Robinson Chalapud (COL, Colombia) 73 pt
6. Jonathan Monsalve (VEN, Neri Sottoli-Yellow Fluo) 68 pt
7. Fabio Aru (ITA, Astana) 57 pt
8. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) 46 pt
9. Jarlinson Pantano (COL, Colombia) 43 pt
10. Franco Pellizotti (ITA, Androni Giocattoli) 42 pt
Classement des jeunes :
1. Nairo Quintana (COL, Colombia) en 88h14’32 »
2. Fabio Aru (ITA, Astana) à 4’04 »
3. Rafal Majka (POL, Tinkoff-Saxo) à 7’04 »
4. Wilco Kelderman (PBS, Belkin) à 11’00 »
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 56’24 »
6. Georg Preidler (AUT, Giant-Shimano) à 1h05’03 »
7. Mikel Landa (ESP, Astana) à 1h23’06 »
8. Marc Goos (PBS, Belkin) à 1h30’43 »
9. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 1h45’31 »
10. Pawel Poljanski (POL, Tinkoff-Saxo) à 2h04’29 »
Classement par équipes :
1. Ag2r La Mondiale (FRA) en 264h30’55 »
2. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 19’32 »
3. Tinkoff-Saxo (DAN) à 27’12 »
4. BMC Racing Team (USA) à 1h08’24 »
5. Movistar Team (ESP) à 1h13’52 »
6. Astana (KAZ) à 1h26’51 »
7. Team Sky (GBR) à 1h28’05 »
8. Lampre-Merida (ITA) à 1h47’02 »
9. Team Europcar (FRA) à 2h04’31 »
10. Trek Factory Racing (USA) à 2h14’58 »