Qui aurait pu imaginer il y a encore trois ans qu’Andy Schleck mettrait un terme à sa carrière aujourd’hui ? Lorsqu’il monte pour la troisième fois consécutivement sur la deuxième marche du podium du Tour de France dressé sur les Champs-Elysées, devant l’Arc de Triomphe en 2011, le Luxembourgeois a 26 ans et semble encore avoir l’avenir devant lui. Il est alors proche du sommet de sa carrière. La chute n’en sera que plus brutale. Un peu plus de trois ans après ce 24 juillet 2011, Andy Schleck est au fond du trou après plusieurs années d’errance, faites de graves blessures à répétition, de déboires et de manques de résultats sportifs. Ce 9 octobre, le vainqueur sur tapis vert du Tour de France 2010 arrête les frais et prononce la fin de sa carrière à contrecoeur, la voix chevrotante, et submergé par l’émotion.
« Le cyclisme, c’est terminé pour moi. Du moins le cyclisme professionnel, annonce-t-il avec beaucoup de difficulté après une longue pause comme pour trouver le courage nécessaire pour prononcer ces mots. Je pensais que mon état pouvait s’améliorer. Je pouvais rouler trois ou quatre heures à allure modérée, mais dès que je forçais, la douleur revenait. Mes ligaments ont guéri, mais je n’ai pratiquement plus de cartilage au niveau du genou. » Cette blessure, Andy Schleck l’a contractée en Angleterre, lors de la dernière étape britannique du Tour de France. Victime d’une chute entre Cambridge et Londres, il se relève, termine l’étape, se présente même au Touquet sur home-trainer le lendemain, mais ne prendra pas le départ de la 4ème étape. C’est la dernière apparition d’Andy Schleck en tant que coureur.
L’annonce d’une conférence de presse en début de semaine ne laissait présager rien de bon. Des signes précurseurs pouvaient déjà laisser entendre une telle issue comme l’annonce de la prolongation de son frère Fränk, mais pas de la sienne. Comme celles aussi des rumeurs qui l’envoyaient chez Europcar ou chez Cult Energy sans pour autant aboutir. Non, après trois années de galères, Andy Schleck dit stop et n’est donc plus coureur professionnel. De lui on a souvent raillé l’inconstance et la fragilité mentale. Mais depuis son podium au Tour 2011, le Luxembourgeois était également poursuivi par la malchance. Une rafale de vent l’a emporté sur le Critérium du Dauphiné en 2012 le laissant avec un bassin en vrac. Il mettra plus d’un an à terminer une course, mais jamais il ne retrouvera le niveau qui était le sien auparavant.
Si les trois dernières années ont été celles des galères, les sept premières ont été celles des succès. Passé pro en 2005, il se révèle véritablement au grand public deux ans plus tard en prenant la 2ème place du Giro 2007 et en terminant 4ème du Tour de Lombardie. La suite, jusqu’en 2011, sera du même acabit avec en plus de ses places d’honneur sur la Grande Boucle et de ses trois maillots blancs consécutifs entre 2008 et 2010, une victoire à Liège-Bastogne-Liège en 2009. « Je suis fier de ce que j’ai réussi durant ma carrière, affirme Andy Schleck. Peu de personnes peuvent se targuer d’avoir un palmarès comme le mien. Kim (Andersen, à ses côtés pendant la conférence de presse NDLR) a vu ce dont j’étais capable. La stratégie que j’ai appliquée pour gagner au Galibier en 2011 venait de moi. Tout le monde dans l’équipe pensait que c’était impossible car il y avait trop de vent de face. Même chose quand je gagne Liège. Tout le monde m’a dit que j’attaquais trop tôt. Mais je jugeais que c’était le bon moment. » Les exploits sont ce qui distingue un coureur d’un champion. Incontestablement, Andy Schleck faisait partie de la seconde catégorie.