A-t-on le droit de toucher aux monuments ? Voilà un vaste débat dans lequel les organisateurs de Milan-San Remo, l’une des cinq classiques à mériter ce titre de monument, ont pris parti. Las des scenarii trop convenus pour un cyclisme contemporain qui ne supporte plus les redondances, ils ont étudié les possibilités qui s’offraient à eux de corriger le parcours de la classicissima. L’hypothèse d’une arrivée avancée au bas de la descente du Poggio a été balayée. Celle en revanche de la greffe d’une difficulté, la Pompeiana, entre la Cipressa et le Poggio, devait être concrétisée pour la 105ème édition. Elle aurait engendré l’ajout d’un troisième capo passé la barre des 250 kilomètres de course, au-delà de laquelle seuls les champions susceptibles de convoiter le mythe peuvent encore s’exprimer.
Mais les monuments ont du caractère et Milan-San Remo s’est chargé de le rappeler. La classique s’était déjà soulevée contre son déplacement un dimanche l’an passé en se drapant dans un blizzard qui marquera longtemps son histoire. Cette fois encore ce sont les conditions climatiques qu’elle a sollicitées pour malmener la chaussée de la Pompeiana durant l’hiver et la rendre tout simplement impraticable. Amputée de la Manie et privée de la Pompeiana, la Primavera va donc renouer dimanche avec son parcours traditionnel, celui tout du moins qui était le sien jusqu’en 2007. Un tracé moins rude que les précédents mais, attention, l’épreuve reste la plus longue du calendrier avec 294 kilomètres entre la Piazza Castello de Milan et le Lungomare Italo Calvino de San Remo. Allégée, certes, mais encore faudra-t-il aller jusqu’au bout et savoir gérer la nouvelle phase de course qui intervient au-delà des 250 bornes de course !
C’est là que s’étend la zone des capi, ces monticules qui s’élèvent tout le long de la Riviera, au nombre de cinq dans les 60 derniers kilomètres. L’enchaînement Mele-Capo-Berta donne le ton avant les deux sommets stratégiques que sont la Cipressa (5,6 km à 4,1 %) à 22 kilomètres de l’arrivée et bien plus encore le Poggio (3,7 km à 3,7 %), dernier obstacle à 6,1 kilomètres du but dont la descente technique précède le déboulé dans les rues de San Remo.
Regrettant ce retour aux sources, bien des coureurs se sont détournés de Milan-San Remo, créditant encore plus les chances des sprinteurs, qui auront peut-être là une dernière fois l’occasion de s’expliquer pour la gagne, l’intégration sur le tracé de la Pompeiana ne devant être que partie remise… C’est donc un déferlement de finisseurs auquel nous aurons droit en présence de Mark Cavendish et Alessandro Petacchi (Omega Pharma-Quick Step), John Degenkolb (Giant-Shimano), André Greipel (Lotto-Belisol), Arnaud Démare (FDJ.fr), Davide Appollonio (Ag2r La Mondiale), Daniele Bennati (Tinkoff-Saxo), Edvald Boasson-Hagen (Team Sky), Gerald Ciolek (MTN-Qhubeka), Sonny Colbrelli (Bardiani-CSF), Bryan Coquard (Team Europcar), Heinrich Haussler (IAM Cycling), Thor Hushovd (BMC Racing Team), Alexander Kristoff (Team Katusha), Simone Ponzi (Neri Sottoli-Yellow Fluo), Filippo Pozzato (Lampre-Merida) et bien sûr Peter Sagan (Cannondale), capable de se mêler autant aux sprinteurs qu’aux attaquants du Poggio.
Car il serait une erreur de minimiser le rôle des champions venus proposer une alternative à un sprint massif. Lorsque la route tournera à droite et ira chercher les pentes du Poggio, si sévères à ce stade de la course, les attentions se porteront sur Fabian Cancellara (Trek Factory Racing), Sylvain Chavanel (IAM Cycling), Simon Gerrans (Orica-GreenEdge), Philippe Gilbert (BMC Racing Team), Roman Kreuziger (Tinkoff-Saxo), Michal Kwiatkowski (Omega Pharma-Quick Step), Moreno Moser (Cannondale), Vincenzo Nibali (Astana), Tom-Jelte Slagter (Garmin-Sharp), Geraint Thomas (Team Sky) et Diego Ulissi (Lampre-Merida). A la bascule, il restera alors 6 kilomètres pour entrer dans la légende.
Les 6 capi de Milan-San Remo :
• km 143,5 : Passo del Turchino
• km 241,8 : Capo Mele
• km 246,9 : Capo Cervo
• km 254,7 : Capo Berta
• km 272 : Cipressa
• km 287,9 : Poggio
Les 10 derniers vainqueurs :
2013 : Gerald Ciolek (ALL, MTN-Qhubeka)
2012 : Simon Gerrans (AUS, Orica-GrennEdge)
2011 : Matthew Goss (AUS, HTC-Highroad)
2010 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2009 : Mark Cavendish (GBR, Team Columbia-HTC)
2008 : Fabian Cancellara (SUI, Team CSC)
2007 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)
2006 : Filippo Pozzato (ITA, Quick Step-Innergetic)
2005 : Alessandro Petacchi (ITA, Team Milram)
2004 : Oscar Freire (ESP, Rabobank)