Avec sa victoire sur la Flèche Wallonne mercredi, Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors) a enfin remporté la classique qui lui tendait le plus les bras depuis trois ans. Intraitable dans le Mur de Huy, il a réussi à vaincre l’imbattable Alejandro Valverde dans son jardin. Va-t-il réussir à enchaîner avec un triomphe sur Liège-Bastogne-Liège et ainsi devenir le premier français à réaliser le doublé Flèche-Liège la même année ? « Je ne suis pas le grand favori, avancait le jeune homme à L’équipe. Tout ne va pas se résumer au duel entre Valverde et moi comme à la Flèche Wallonne. » Pourtant, les deux spécialistes des Ardennaises ont montré leur supériorité à leurs adversaires et feront figure d’épouvantails dimanche. Dès lors, le piège tactique, à l’image de celui tendu par Valgren (Astana) sur l’Amstel Gold Race la semaine dernière, sera à éviter. « Il faudra bien maîtriser la course, gérer ses efforts, les faire au bon moment, reprend Alaphilippe. On a une équipe très forte et on va essayer de garder le plus d’unités possibles jusqu’au final. »
L’objectif de la Quick-Step sera-t-il de cadenasser une course qui n’arrive plus, depuis quelques années, à nous enchanter comme d’antan ? La possibilité est grande de voir le train bleu des Belges, associé à celui plus clair de la Movistar, en tête durant la plupart des 258,5 kilomètres de la Doyenne. Onze ascensions viendront durcir les jambes des coureurs avant la rampe finale dans Ans, qui conduira les plus résistants vers la ligne d’arrivée. Et l’une des trois dernières côtes, celle de La Redoute (2 km à 8,9 %), La Roche aux Faucons (1,3 km à 11 %) ou de Saint-Nicolas (1,2 km à 8,6 %) serait bien inspirer de retrouver un rôle décisif autre que celui d’écrémer un peloton toujours trop gros à l’amorce du dernier kilomètre. Mais vu la forme affichée par les monstres ardennais que sont Valverde et Alaphilippe, les autres prétendants auraient tout intérêt à les exploiter pour dynamiter l’épreuve, à l’image de l’offensive lointaine de la Flèche.
Et pour cela, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) ne devrait pas nous décevoir. Habitué à ces offensives et à attaquer là où personne ne l’attend, le vainqueur de Milan-San Remo fait parti des outsiders, à l’image de Michal Kwiatkowski (Team Sky), Michael Valgren, Tim Wellens et Tiejs Benoot (Lotto-Soudal), Dan Martin (UAE Team Emirates) ou encore Dylan Teuns (BMC Racing Team). Ces derniers auront d’ailleurs sûrement à cœur de se rattraper après avoir manqué la cible sur la Flèche. Finalement, seul Michael Matthews (Team Sunweb), impressionnant de vélocité dans le Mur de Huy, pourrait espérer vaincre le duo de favoris au sprint. Côté français, Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) et Lilian Calmejane (Direct Energie) attendent beaucoup du dernier monument du printemps. De quoi faire espérer un peu plus une victoire française sous les vingt degrés qui attendent les coureurs demain. Avec un avantage certain pour Alaphilippe, qui ne devrait pas en être loin à Ans. Le dernier succès tricolore est l’œuvre de Bernard Hinault, un jour de neige en 1980. – Adrien Godard
Les dix derniers vainqueurs :
2017 : Alejandro Valverde
2016 : Wout Poels
2015 : Alejandro Valverde
2014 : Simon Gerrans
2013 : Dan Martin
2012 : Maxim Iglinskiy
2011 : Philippe Gilbert
2010 : Alexandre Vinokourov
2009 : Andy Schleck
2008 : Alejandro Valverde