Le soleil. La France tout entière baigne enfin dans le soleil ! Alors que le printemps semble pressé de chasser un hiver maussade marqué par d’interminables jours de pluie, les coureurs savourent enfin, avec la bien nommée Course au Soleil, les vêtements courts… et secs. Fini, du moins pour un temps, les courses passées sous la flotte. Un exercice autant physique que psychologique. « Quand on est moins bien, la pluie rajoute de la difficulté. C’est d’autant plus dur – et plus gênant – de rester dans les roues, admet Jean-Lou Paiani (Roubaix Lille Métropole). Maintenant, quand on est bien et que la course se décante, ça fait moins d’adversaires et ça devient aussi plus simple. » « Psychologiquement, il faut arriver à franchir le cap, renchérit Axel Domont (Ag2r La Mondiale). Mais après c’est pareil pour tout le monde. »
S’il est impossible d’échapper à la pluie en saison, quelle que soit finalement la période du calendrier, beaucoup de coureurs renoncent à s’aventurer dehors par mauvais temps en phase de préparation. « L’hiver, quand on reprend l’entraînement, il faut faire attention car on est fragiles, on fait beaucoup d’heures, soutient Jérôme Cousin (Team Europcar). Il faut planifier les sorties en fonction de la météo. Je programme ma semaine par rapport à cela pour que l’entraînement soit bénéfique et pour éviter d’attraper du mal. Maintenant, si les jours de pluie et de froid s’enchaînent, il faut quand même sortir le vélo. »
Avec les contraintes que cela implique. « Vestimentairement, il est essentiel de choisir les bons équipements et de trouver le juste milieu pour n’avoir ni trop chaud ni chopper froid, précise Axel Domont. L’objectif c’est d’avoir froid le plus tard possible, même si personne n’y coupe au bout du compte. » Imperméables, vestes, jambières, huiles et pommades chauffantes sont autant de moyens essentiels pour lutter contre le phénomène. « Quand on est pro on cherche à tout optimiser, poursuit Jean-Lou Paiani. Alors s’il pleut on met de l’huile sur les jambes, on porte des verres plus clairs pour voir mieux, on prend aussi des boyaux plus larges, on dégonfle un peu. »
« On gonfle un peu moins en effet, acquiesse le mécanicien belge de l’équipe Lotto-Belisol Jean-Pierre Christiaens. On tourne autour de 7,8 bars à l’arrière, 7,4/7,5 bars à l’avant. Ça dépend aussi du poids du coureur. Et on graisse davantage le matériel. » Les adaptations de matériel portent essentiellement sur les roues. « Lorsqu’il s’agit de descendre des cols, je préfère avoir des jantes en alu, qui freinent mieux sous la pluie », estime Axel Domont. Et Jean-Pierre Christiaens, à qui il arrive de monter des boyaux de section plus large à la demande uniquement du coureur, d’apporter une précision : « le frein à disque est le meilleur des systèmes actuels pour freiner efficacement en toutes circonstances. Maintenant c’est un grand problème pour nous au niveau du changement de roue. Avec Campagnolo, nous disposons néanmoins d’un patin spécial carbone pour la pluie et le cyclo-cross. Et ça freine bien. »
Bref, « prendre la pluie, ce n’est jamais agréable, tranche Jérôme Cousin. Mais le vélo est un sport d’extérieur : il faut accepter la pluie comme le vent, le froid. » Et le soleil qui irradie les routes cette semaine. A ce titre l’anticyclone semble s’être installé pour un temps au-dessus du peloton.