Pour les entreprises de loterie, le cyclisme est à l’évidence pain bénit, elles qui sont trois dans le monde à investir dans les rangs du WorldTour. En France par le biais de la FDJ, en Belgique par celui de Lotto-Soudal et aux Pays-Bas via le Team LottoNL-Jumbo. Ou autant de candidates à la cagnotte du vendredi 13 mai, qui n’avait vraiment rien de la loterie tant le sprint attendu à l’arrivée de la septième étape du Giro à Foligno devait couronner un homme puissant. C’est la réussite, plus que la chance, qui devait s’exposer aux yeux de tous cet après-midi alors que le peloton en terminait avec une étape de 211 kilomètres destinée à relier les Abruzzes (Sulmona) à l’Ombrie (Foligno, où Nacer Bouhanni avait conquis la deuxième de ses trois victoires d’étapes dans le Tour d’Italie il y a deux ans). Et en matière de réussite, les bons numéros vont pour l’heure à l’équipe Lotto-Soudal, qui ne s’arrête plus de gagner.
Tout portait à croire que cette étape de transition avant un week-end captivant – 6400 mètres de strade bianche avant de plonger sur Arezzo demain, les 40,5 kilomètres chronométrés dans le Chianti dimanche – allait sourire une fois encore aux sprinteurs, qui seront ensuite mis sur la touche jusqu’à jeudi prochain et l’étape toute plane se concluant à Bibione. Cela n’empêchait pas quelques audacieux de tenter leur chance à la faveur d’un début d’étape vallonné. Le plus entreprenant demeurait Stefan Küng (BMC Racing Team), membre d’un premier trio, avec Patrick Grestch (Ag2r La Mondiale) et Jay McCarthy (Tinkoff), jusqu’à ce que les ambitions de Damiano Cunego (Nippo-Vini Fantini), leader appliqué du classement de la montagne, ne viennent mettre un terme à l’initiative matinale. Les trois de tête avaient juste eu le temps de franchir la première difficulté en tête avant que ne surgisse Cunego, aligné en haut par Tim Wellens (Lotto-Soudal), qui s’en allait le déposséder du maillot bleu, puis le reste d’un peloton réduit à une cinquantaine d’hommes.
Le regroupement général qui s’en était suivi n’était pas du goût de Stefan Küng. Et l’on revoyait le Suisse de 22 ans tenter sa chance, cette fois avec Giulio Ciccone (Bardiani-CSF), Stefan Denifl (IAM Cycling), Axel Domont (Ag2r La Mondiale), Ilia Koshevoy (Lampre-Merida) et Daniel Martinez (Wilier Triestina-Southeast). Auteur d’une performance très prometteuse au classement intermédiaire du chrono d’Apeldoorn, il y aura une semaine demain, Stefan Küng avait vu ses chances de rivaliser avec Tom Dumoulin (Giant-Alpecin) s’évanouir en allant s’écraser dans les barrières à la sortie d’un virage pris trop vite. Et quand bien même le peloton tracté par les équipes de sprinteurs ne faisait pas miroiter une potentielle victoire d’étape aux six de tête, Küng insistait dans les 30 derniers kilomètres pour ne finalement se rendre au paquet qui le talonnait depuis tout ce temps qu’à 8 bornes du but.
Arnaud Démare, à quand le tour ?
Il n’y avait donc plus personne pour s’opposer à une nouvelle explication musclée entre les meilleurs sprinteurs du peloton. Et quand il s’était fait sortir il y a deux jours à l’approche de Bénévent, Marcel Kittel (Etixx-Quick Step) avait tenu bon cette fois. Certes, l’Allemand avait été mis en difficulté à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée, dans la montée de Valico della Somma (6,7 km à 4,9 %), mais il avait été capable de rentrer après la descente pour conserver une chance de disputer un sprint, le tout premier de sa carrière, sur le sol italien. Or la malchance, pour le coup, allait encore s’en prendre à Marcel Kittel, qui était écarté du peloton à 5 kilomètres de l’arrivée sur un ennui mécanique. Dès lors tous les regards se tournaient instinctivement vers l’autre bête noire, André Greipel (Lotto-Soudal), qu’on avait vu s’imposer avec une belle férocité mercredi sur les dalles de Bénévent.
Tous les regards ou presque, car côté français on n’avait d’yeux que pour Arnaud Démare (FDJ), que Mickaël Delage, sous la flamme rouge, replaçait à la perfection dans la roue de Greipel, dont les équipiers avaient pris la direction des opérations à l’approche du final technique. C’était la position parfaite dans ces rues tortueuses qui allaient bientôt déboucher sur une dernière ligne droite légèrement descendante, vent dans le dos. Mais faute d’un train suffisamment élevé, un bref moment de flottement permettait à une vague de sprinteurs revenus de l’arrière de déferler aux avant-postes. Une fois de plus, la route se refermait devant les roues d’Arnaud Démare… et d’André Greipel. Mais quand le Français ne trouvait pas d’issue, l’Allemand allait se frayer un chemin sûr le long des barrières pour avoir ensuite tout le loisir de mener son sprint comme il l’entendait. Et d’aller ajouter un nouveau succès d’étape à sa collection. Le troisième de suite s’agissant de l’équipe Lotto-Soudal !
Il faudra donc attendre encore pour savoir si le tour d’Arnaud Démare viendra enfin dans cette édition du Tour d’Italie qui ne laisse plus tellement d’occasions aux sprinteurs. Quatre des sept étapes de plaine sont à présent derrière nous, les trois restantes interviendront à Bibione jeudi prochain, puis en troisième et dernière semaine à Cassano d’Adda le 25 mai et… Turin le 29 mai. Place d’ici là aux favoris du Giro, qui auront vécu aujourd’hui une journée sans accroc. Exception faite du grimpeur colombien Esteban Chaves (Orica-GreenEdge), pris une fois encore dans une petite cassure observée sur la ligne d’arrivée. Ce qui lui coûte 9 secondes et le propulse momentanément hors du Top 10 (11ème à 53 secondes de Tom Dumoulin) au profit de Rigoberto Uran (Cannondale). Demain samedi, la huitième étape se disputera par-delà des routes difficiles et des strade bianche entre Foligno et Arezzo (186 km).
Classement 7ème étape :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) les 211 km en 5h01’08 » (42,0 km/h)
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) m.t.
3. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) m.t.
4. Caleb Ewan (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
5. Enrico Battaglin (ITA, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
6. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) m.t.
7. Alexander Porsev (RUS, Team Katusha) m.t.
8. Alexey Tsatevitch (RUS, Team Katusha) m.t.
9. Nicola Ruffoni (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
10. Elia Viviani (ITA, Team Sky) m.t.
Classement général :
1. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) en 29h23’23 »
2. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) à 26 sec.
3. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 28 sec.
4. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) à 35 sec.
5. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 38 sec.
6. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 41 sec.
7. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) m.t.
8. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 47 sec.
9. Kanstantsin Siutsou (BLR, Dimension Data) à 49 sec.
10. Rigoberto Uran (COL, Cannondale) à 51 sec.
Classement par points :
1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 119 pt
2. Marcel Kittel (ALL, Etixx-Quick Step) 106 pt
3. Arnaud Démare (FRA, FDJ) 91 pt
4. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 80 pt
5. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) 78 pt
6. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 66 pt
7. Tom Dumoulin (PBS, Giant-Alpecin) 58 pt
8. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 56 pt
9. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 50 pt
10. Giacomo Berlato (ITA, Nippo-Vini Fantini) 44 pt
Classement de la montagne :
1. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) 21 pt
2. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini) 20 pt
3. Alessandro Bisolti (ITA, Nippo-Vini Fantini) 16 pt
4. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) 15 pt
5. Jakob Fuglsang (DAN, Astana) 8 pt
6. Jay McCarthy (AUS, Tinkoff) 8 pt
7. Alexandr Kolobnev (RUS, Gazprom-RusVelo) 8 pt
8. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) 7 pt
9. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) 6 pt
10. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) 6 pt
Classement des jeunes :
1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 29h23’58 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale) à 1’25 »
3. Carlos Verona (ESP, Etixx-Quick Step) à 1’52 »
4. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 3’23 »
5. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) à 4’35 »
6. Merhawi Kudus (ERY, Dimension Data) à 4’36 »
7. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 12’53 »
8. Ian Boswell (USA, Team Sky) à 13’12 »
9. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) à 14’37 »
10. Nathan Brown (USA, Cannondale) à 14’57 »
Classement par équipes :
1. Astana (KAZ) en 88h12’17 »
2. Etixx-Quick Step (BEL) à 1’23 »
3. Team Sky (GBR) m.t.
4. Cannondale (USA) à 1’36 »
5. Team Katusha (RUS) à 2’36 »
6. Movistar Team (ESP) à 2’43 »
7. Dimension Data (AFS) à 4’43 »
8. Bardiani-CSF (ITA) à 4’51 »
9. Tinkoff (RUS) à 4’57 »
10. Ag2r La Mondiale (FRA) à 5’58 »