Le Clenbutérol, c’est quoi ?
Le Clenbutérol est une substance d’usage vétérinaire. Prescrit à l’origine pour les affections respiratoires chez le cheval de course, il a été utilisé par certains éleveurs de bovins, son action permettant une diminution importante des graisses et une augmentation rapide de la masse musculaire. « Pour un éleveur, il est plus rapide de donner du Clenbutérol à des bovins pour qu’il grossisse et qu’il grandisse, affirmait hier soir le médecin du sport et spécialiste du dopage Jean-Pierre De Mondenard sur France 2. On peut trouver des traces de ce produit dans la viande, même si c’est très contrôlé en Europe. Cela peut alors entraîner un dépôt sur un steak et donc des quantités infimes telles que celles retrouvées dans les urines d’Alberto Contador. »
A quoi sert le Clenbutérol détourné par les sportifs ?
Détourné par le milieu sportif, le Clenbutérol est utilisé pour deux effets principaux : sa propriété à brûler les graisses et son effet anabolisant, qui permet aux muscles de grossir sans effort. Prescrit dans certains pays pour combattre l’asthme, il peut s’acheter sur Internet en comprimés, en sirop ou sous forme injectable. Le Clenbutérol se décompose dans l’organisme humain à hauteur de 50 % toutes les 36 heures. Mais ses effets sont durables dans le temps. « Le Clenbutérol est un vasodilatateur qui améliore les facultés respiratoires mais également un anabolisant qui favorise l’accroissement de la masse musculaire », confirme le professeur Michel Audran sur RMC. « Mais prendre du Clenbutérol dans le but d’un effet anabolisant ne marche pas en une seule prise, précise Jean-Pierre De Mondenard. Il faut en prendre pendant plusieurs jours. »
Peut-on utiliser du Clenbutérol sans crainte d’être contrôlé positif ?
La réponse est sans équivoque : non. Figurant sur la liste des produits interdits par l’Agence Mondiale Antidopage, le Clenbutérol est dépistable depuis les Jeux Olympiques 1992 à Barcelone. De nombreux cas de dopage ont été révélés depuis. Le règlement antidopage n’indique pas de seuil minimal à son sujet. « Le Clenbutérol est une substance connue dans le monde du sport depuis le début des années 90 mais il s’agit d’un produit parfaitement détectable dans les urines, affirme Jean-Pierre De Mondenard. Ca me paraîtrait suicidaire qu’un garçon de l’envergure de Contador prenne du Clenbutérol quelques jours avant la fin du Tour en étant sûr d’être contrôlé positif. » Michel Audran renchérit : « on ne prend plus ce produit à ce niveau-là, parce que c’est détectable et qu’on ne peut pas le masquer comme d’autres produits. »
La thèse d’une contamination alimentaire est-elle crédible ?
« La thèse de la contamination accidentelle par la viande est possible, assure Jean-Pierre De Mondenard sur France 2. Ca a déjà été mis en évidence par le passé et confirmé par des analyses. » On rapporte en effet plusieurs cas, sportifs ou non, dans lesquels la consommation de viande contaminée par des doses importantes de Clenbutérol a entraîné des intoxications alimentaires. « Quand je vois 50 picogrammes par millilitre (soit dix zéros après la virgule), c’est rien, analyse Michel Audran sur RMC. C’est 500 à 1000 fois moins que les doses trouvées d’ordinaire en cas de dopage. Pour moi ça ne peut pas être intentionnel, c’est un cas de contamination. » Pour faire la part des choses, il revient aux instances sportives de déterminer l’origine scientifique des résultats anormaux.
S’il ne s’agit pas de viande contaminée, d’où peut venir le Clenbutérol retrouvé dans les urines d’Alberto Contador ?
S’il semble improbable, au vu de la quantité de produit retrouvée et de la période concernée, qu’Alberto Contador ait fait usage de Clenbutérol sur le Tour de France, L’Equipe avance ce matin une autre hypothèse. Sur la base d’informations complémentaires, le journal explique que des traces de résidus plastiques semblables à ceux retrouvés après une transfusion sanguine auraient également été relevées dans le sang prélevé sur le champion. En d’autres termes, Alberto Contador aurait pu avoir fait usage de dopage sanguin en s’injectant du sang prélevé depuis plusieurs mois, à une période où il aurait pu faire une cure de Clenbutérol. Reste que la méthode de détection qui permettrait de faire ces raccourcis est encore soumise à validation.