La SKY, pour un dernier grand chelem ?
C’est la nouvelle de cet automne dans le monde du cyclisme, après 10 ans de partenariat dans le vélo, Sky a décidé de cesser le sponsoring de son équipe cycliste et par là-même le vélo. Le 10 décembre, la nouvelle est tombée, le groupe audiovisuel Britannique, racheté par Comcast, a décidé d’arrêter son investissement qui, au total s’élevait à 15/16 millions d’euros chaque année. Décision logique : la marque a laissé une forte empreinte dans un sport populaire, quoi de plus normal. Ensuite, nouveau propriétaire, nouvelle stratégie, on arrive, on change tout ce qui était fait avant, bien ? pas bien ? c’est un fait avec lequel le vélo, et dave Brailsford en premier, va devoir composer.
Il est à intégrer que la Team Sky était la vitrine du partenariat du groupe de médias. Saluons tout le travail de terrain qui a été fait, du soutien aux équipes Britanniques de piste en prévision des JO 2012, au travail de terrain où nous revient à la mémoire, toutes animations pour les enfants autour des villages départ du Tour 2014, à Leeds comme sur les 2 autres étapes Anglaises.
Geraint Thomas | © ASO
Incontestablement, le Royaume Uni est devenu une terre de vélo, des Jeux de Londres, au Tour du Yorkshire et sans aucun doute aux prochains Championnats du monde sur route, il est à noter que tous les événements de vélo rencontrent un large succés populaire. Si on ajoute à celà, la participation de nos voisins d’outre-Manche à tous les événements continentaux qui les auront longtemps fait rêver : de Paris-Roubaix à la Haute Route, en passant par l’Etape du Tour où les Britanniques sont la première nation chaque année. Très intéressant de noter que tous ces cyclos sont des new comers, des cyclistes qui ne connaissent ni Tom Simpson, ni Barry Hoban, mais pédalent, jambes pas forcément rasées d’ailleurs, force est de constater qu’ils, elles ont amené aux pelotons leur humour, et surtout leur sens de l’adaptation à toutes les conditions météo ou autres et ça c’est léducation au sport dont la France est lointaine.
Alors le team Sky là-dedans ? Espérons d’abord qu’il trouvera un successeur. Peut-être pas à 35 millions d’euros par an, si l’on tient compte d’un investissement minimum sur 3 années, ça chiffre quand même. Par comparaison, un sponsor maillot, Emirates sur celui du PSG, paie 25 millions d’euros par année, pour une fois, le vélo dépasse le foot, côté finances. Autre incertitude, la nationalité de ce sponsor ? S’il est Britannique, bon courage. Il va falloir prévoir du budget, des couleurs, des coureurs aussi qui devront marquer la rupture avec Sky. S’il est d’une autre nationalité, ce qui est fort possible, plus facile de faire la transition, mais le cyclisme Britannique risque de moins profiter, voire de souffrir, et les organisateurs Continentaux aussi un peu forcément. Dans ce sens, la publication des résultats de Rapha, marque de textile qui a profité à plein du boom du vélo en Grande Bretagne, moins 20 millions de livres sur 2018, montre déja une certaine désaffection pour ce qui était un âge d’or.
La team SKY | © ASO
Côté sport, on peut imaginer une grande saison pour la Sky. Les coureurs, au moins jusqu’à juillet, vont avoir en tête de se montrer encore plus sous un meilleur jour, ça autorise à tout le moins un plan B, là où le plan A, bien sûr, est l’annonce rapide d’un repreneur. Sur les classiques de printemps et même au-delà, on ne se fait pas de soucis, avec un talent comme Michal Kwiatkowski et le total de 322 victoires devrait vite augmenter. Sur les grands Tours, également. Juillet sera stratégique, Chris Froome courra pour la passe de 5, et, sauf incident, on voit mal ce qui pourrait l’empêcher d’y arriver. Les capteurs de puissance en moins? d’une part, ce n’est pas fait, depuis quand va-t-on en reculant vers des plus technologiques? oreillette toujours là et pourtant!, disques: ils arrivent en rang dispersé mais ils seront tous là bientôt, etc…La concurrence? oui, certes mais on a le net sentiment que la Sky a toujours un coup d’avance, côté petits détails qui font la différence, que ce soit en portant des attaques là où on ne les attend pas (bordure à Montpellier), côté optimisation du matériel (combinaisons Castelli pour le clm, certes limites, mais tout le monde a adopté le process depuis) comme côté savoir parfaitement tirer parti des terrains de jeu proposés où, c’est vrai pour le Tour, les routes larges, les cols roulants, les enjeux font que ça se joue dans les 3 derniers kilomètres des cols, après que le train Sky ait bien laminé les forces en présence. Et ne parlons pas des contre-la-montre où il n’est que d enoter les progrès qu’a accomplis Mikel Landa quand il est passé chez les noirs et bleus.
Si pour le Tour, Chris Froome n’aura pas à porter le poids de l’affaire du salbutamol et laisser la vedette et le jaune à Geraint Thomas pour faire moins voyant, on peut très bien imaginer ce dernier viser le rose, celui du Giro où, jusqu’à 2018, la Sky a brillé par son manque de réussite, souvenons-nous de Bradley Wiggins. On dit ce Giro moins favorable aux grimpeurs Français, pour expliquer leur non-présence, quel dommage mais les sponsors imposent, c’est qu’il est favorable aux rouleurs sans doute ou en tout cas pas fait contre les rouleurs, mai est le bon mois pour ferrer définitivement le sponsor des années futures d’une part et sécuriser les coureurs, alors va pour Sky-Castelli sponsor de Sky ET du Giro en rose en cette fin de printemps 2019.
Pour septembre et pour conclure, la Vuelta pourrait très bien raisonner Hispanique, voire même Colombien et là, plutôt que récompenser Michal Kwiatkowski pour l’ensemble de son oeuvre au service de ses leaders sur les 8 grands Tours gagnés, on pense Colombie et Egan Bernal dont la valeur n’attend pas la deuxième place obtenue au classement du maillot blanc du Tour 2018, mais bien au-delà. Depuis quelques années, il faut bien noter que dave Brailsford s’ingénie avec pas mal de moyens de persuasion sonnants et trébuchants à recruter les jeunes de talent que le Tour de l’Avenir expose: de Tao Geoghegan Hart à Ivan Sosa en passant pas Pavel Sivakov et donc Egan Bernal en porte drapeau.
Alors 2019, l’année du coup du chapeau Sky, disons hat trick, les 3 buts de la même équipe et successivement s’il vous plaît.
Le VTT va-t-il continuer de se réinventer ?
On présente le Vélo Tout Terrain VTT ou MTB mountain Bike dans sa vision Anglo-Saxonne, comme un sport jeune, une vision nouvelle du vélo, par opposition, traditionnel parce que centenaire. Certes oui, le vtt est né à la fin des années 70′ quelque part entre Californie, Marin County, Mont Tamalpais et les Rocheuses du Colorado où des génies éclairés comme Gary Fisher, Tom Ritchey, Mike Synyard, Charles Kelly ou encore Joe Breeze ont bricolé, amélioré, poli ce qui était des vélos de route pour en faire des cyclo-cross, sortir des routes et prendre les sentiers et plus tard ce qui allait devenir un vélo Tous terrains ! Depuis lors de l’or a coulé sous les ponts et le VTT est devenu olympique, à Atlanta en 1996 pour le cross-country, et un des plus anciens événements VTT au monde, le Roc d’Azur a été créé en 1984 (7 participants) et va fêtre cette année son 35 ème anniversaire, chapeau l’ancien !
Une discipline jeune, pas tant que ça en fait, mais qui continue de se chercher, ça oui. Dual slalom, four cross, all mountain, trial, cross-country, down hill, enduro, short track, eliminator, e-enduro, e-cross-country, …on en oublie mais voici le florilège des types de pratiques qui ont traversé toutes années en tout terrain. Si l’on y ajoute une Union Cycliste Internationale et des Fédérations nationales qui ont pris le train en marche, les premiers Championnats du monde officiels UCI datent de Durango Colorado en 1990, on note sans surprise que les pratiques anticipent bien souvent les avalisassions, ou disons-le, les autorités sont à la ramasse et peinent à suivre l’évolution des pratiques comme c’est bien souvent le cas sur les sports dits jeunes.
Coupe du monde VTT| © Scott Sports
Certes on a une coupe du monde cross-country et descente qui vaille que vaille, a trouvé sa vérité avec 5/6 rendez-vous sur différents continents, de beaux circuits assez souvent voisins des spots de biathlon ou ski de fond comme Nove Mesto en république Tchèque, et une couverture télé bien assise avec Redbull tv qui assure un direct sur chaque rendez-vous et l’avènement de l’internet et des réseaux sociaux qui ont fait le reste. Pour le reste, on regrette que certains rendez-vous « incontournables » comme Houffalize dans les années 90′ par exemple, n’aient pas été fixés une fois pour toutes, après tout le cyclisme s’est fait comme ça : des rendez-vous qui sont devenus mythiques par leur répétition et les histoires qui s’y sont déroulées qui ont fait l’histoire des événements et du vélo !
En ce qui concerne les Championnats du monde ou d’Europe, on a peine à suivre quelques fois. Des événements où les deux disciplines de base cross-country et descente sont dissociés pour permettre aux pays « plats » d’avoir aussi du vtt, décryptons en disant pour obtenir de voix sur d’autres sujets comme élection, ou réélection…Et ces dernières années, des championnats du monde comme le cross-country Eliminator sont fixés en Chine pour 4 années, tout ça parce qu’un promoteur a passé un accord avec l’UCI pour obtenir le label où comment enterrer à moyen terme une discipline. Autre novation, l’électrique, nouvelle donne, moteur, alors débat sur quelle fédération doit piloter la discipline émergente le VTT AE comme assistance électrique. Auto, non quand même, moto ? là il y a débat et match à la légitimité. Les fédérations, l’UCI ont pris les devants et le VTT AE est intégré dans les événements suivis par le vélo. Résultat ? un championnat du monde de VTT AE va voir le jour à Mont Saint Anne du 21 août au 1er septembre 2019. Côté Enduro, c’est encore plus compliqué, vous avez les Enduro world séries, EWS, maintenant déclinés en électrique, E EWS, sur 4 manches Européennes, vous suivez facile ; alors on complique la tâche, voici venir les E Enduro World Races sur 3 manches qui vont toutes se dérouler en Europe. Tiens donc l’UCI n’est pas encore de la partie.
Coupe du monde VTT | © Lourdes VTT
On l’a dit, le VTT est encore une discipline qui se cherche. Elle se retrouve tous les 4 ans, aux Jeux Olympiques sur le Cross-Country où, en France, le vtt a sa fenêtre d’exposition. Pour l’instant, il faut bien le dire ça ne va guère au-delà, dommage, mais le VTT est, comme tous les autres sports, au cœur de la bataille pour obtenir un droit à l’antenne qui donne droit à l’exposition donc aux sponsors « hors captifs » qui recherchent une forte exposition avec des moyens au-delà des marques du milieu VTT. A chacun des interlocuteurs d’être conscient que tout va très vite et qu’il vaut mieux accrocher les bons wagons en vélo, mais aussi en tout terrain.