L’équipe de France olympique peut-elle finir sur une dernière moisson de médailles grâce au VTT, ce week-end ? Introduite aux Jeux en 1996, la discipline a toujours fait l’affaire des Français, jamais rentrés bredouilles d’une Olympiade. Le bronze de Miguel Martinez à Atlanta converti en or à Sydney, les deux titres de Julien Absalon, vainqueur à Pékin devant Jean-Christophe Péraud, ont apporté cinq médailles à la France dont trois d’or, ce qui en fait la nation reine du VTT dans l’Histoire des Jeux Olympiques. Demain et après-demain, on en attendra d’autres chez les filles puis chez les garçons, où Julie et Julien, Bresset et Absalon, sont cités parmi les favoris à une médaille olympique, si ce n’est au titre suprême. Parmi les meilleurs au monde, ils devront l’un comme l’autre se jouer d’un circuit entièrement artificiel dont la nature a longtemps fait débat.
Parce que la ville de Londres ne regorge pas de sites VTT à la mesure de l’événement, c’est dans l’Essex, à une soixantaine de kilomètres à l’est de la capitale britannique, que les organisateurs sont allés imaginer un tracé susceptible de recevoir les compétitions de VTT. Retenu pour l’excellente visibilité qu’il offrira aux 20000 spectateurs attendus, le circuit de Hadleigh Farm a été bâti dans les prairies et bois qui s’inscrivent dans le paysage bucolique du Hadleigh Castle Country Park. 500 tonnes de roche, 3500 tonnes de pierres écrasées et 15000 tonnes de graviers ont été acheminées ici pour rendre le tracé de 4,7 kilomètres (172 mètres de dénivelé) des plus atypiques, complètement différent de ceux habituellement rencontrés par les pilotes. Tout a été aménagé par l’homme sur ce coteau ouvert pour faire du parcours des JO une épreuve à la fois rapide, physique et technique, par-delà des sentiers rocailleux, des descentes périlleuses et des obstacles prodigieux.
Si les puristes n’ont pu cacher leurs regrets quant à la dénaturation d’une discipline appelée à se courir sur terrain artificiel quand son esprit est justement d’évoluer en milieu naturel, les Préolympiques organisées ici l’été dernier ont rassuré les sceptiques. Victorieux ici-même il y a un an, Catharine Pendrel et Julien Absalon ont pris leurs marques. Ce week-end, ils tenteront l’un comme l’autre de rééditer leurs performances sur un site olympique qui témoignera de la démesure de l’événement. 1000 bénévoles et 88 postes de commissaire doublés assureront le bon déroulement de l’épreuve. La course bénéficiera d’un dispositif télé inédit. Seuls 2 mètres sur les 4700 du circuit ne seront pas couverts par l’une des 44 caméras, dont l’une balaiera le site sur le treuil le plus long jamais déployé !
A ces prouesses, les pilotes tâcheront de répondre par d’autres records. Julien Absalon convoite ni plus ni moins son troisième titre consécutif après ceux d’Athènes et de Pékin, ce qui le hisserait dans la légende du sport français. En cette année olympique, le Lorrain s’est maintenu parmi les meilleurs au monde, vainqueur de deux Coupes du Monde à Houffalize et La Bresse, perturbé par une chute à Val d’Isère il y a deux semaines mais rassuré par une victoire à Boom le week-end dernier. Cette année, le double champion olympique a su battre, à un moment ou l’autre, ceux auxquels il s’opposera dimanche. Ça n’empêche que le triplé est loin d’être chose faite, et c’est aussi à ce prix que se gagne une place dans l’Histoire. Plus favori que lui, si l’on tient compte de ses résultats cette saison, le Suisse Nino Schurter sera l’homme à vaincre. Cette saison, il s’est adjugé quatre des sept manches de la Coupe du Monde, remportant du même coup le classement général. Est-il monté en régime ou s’est-il dispersé sur des objectifs annexes ? Dimanche, on saura, tout comme on saura ce qu’il convient d’attendre du Tchèque Jaroslav Kulhavy, dont le maillot arc-en-ciel ne reflète plus vraiment le statut de champion du monde qu’il avait acquis l’an passé. Gare en outre à Burry Stander, Florian Vogel, Ralph Näf, José-Antonio Hermida et Marco-Aurelio Fontana sur un parcours roulant qui pourrait tarder à décanter la course.
Avant cela, ce sont les filles qui entreront en course demain. Avec là aussi des chances de médaille voire de titre olympique pour une Française, Julie Bresset, championne du monde Espoirs en titre et parmi les meilleures mondiales. L’absence de Maja Wloszczowska, blessée, pourrait laisser des opportunités. Mais la liste des favorites est longue. Outre Catharine Pendrel, vainqueur de la Coupe du Monde et laureate des Préolympiques, elle comprend la Norvégienne Gunn-Rita Dahle, la Canadienne Emily Batty, l’Allemande Sabine Spitz, la Tchèque Katerina Nash, la Britannique Annie Last, l’Américaine Georgia Gould, la Russe Irina Kalentieva, la Suissesse Esther Süss et l’Autrichienne Elisabeth Osl. Pour soutenir Julien Absalon et Julie Bresset dans leurs tentatives, l’équipe de France s’appuiera sur Jean-Christophe Péraud et Stéphane Tempier chez les garçons, Pauline Ferrand-Prévot chez les dames.
Le programme du VTT aux Jeux Olympiques 2012 à Londres :
• samedi 11 août (13h30) : VTT Dames
• dimanche 12 août (14h30) : VTT Messieurs
Les 4 derniers champions olympiques Messieurs :
2008 (Pékin) : Julien Absalon (France)
2004 (Athènes) : Julien Absalon (France)
2000 (Sydney) : Miguel Martinez (France)
1996 (Atlanta) : Bart Brentjens (Pays-Bas)
Les 4 dernières championnes olympiques Dames :
2008 (Pékin) : Sabine Spitz (Allemagne)
2004 (Athènes) : Gunn-Rita Dahle (Norvège)
2000 (Sydney) : Paola Pezzo (Italie)
1996 (Atlanta) : Paola Pezzo (Italie)
La liste des engagées :
Candice Neethling (Afrique du Sud) |
La liste des engagés :
Philip Buys (Afrique du Sud) |