Christophe, vous êtes journaliste à O2 Bikers, gardez-vous un souvenir de votre premier Roc d’Azur ?
Si mes souvenirs sont bons, c’était en 1992. C’était à Ramatuelle. J’étais descendu en curieux. Notre magazine O2 Bikers venait de se créer. C’était pour moi une première expérience et un événement qui était déjà quelque part incontournable. Je ne me souviens plus du nombre de participants à l’époque, mais j’ai des souvenirs très précis.
Lesquels ?
Je me souviens d’une grande soirée Limbo Bike avec Bernard Bon qui était le spécialiste français, européen et mondial de la discipline. Il fallait passer sous une barre de plus en plus basse, c’était le champion. Il était incroyable. C’était du grand spectacle. On l’a revu aux 25 ans des Championnats du Monde à Villard-de-Lans. Il a fait une démonstration. Malgré son âge respectable, il descend encore très très bas ! Il est venu avec le vélo qu’il utilisait à l’époque. Un vélo complètement customisé pour la discipline. Il avait fraisé certaines pièces pour faire en sorte que le vélo frotte par terre et continue d’avancer. Il était en dessous des 80 centimètres.
Y a-t-il quelque chose qui vous ait marqué dans la couverture de l’évènement en tant que journaliste ?
Déjà à l’époque il y avait du trial, et c’était très sympa. J’avais découvert cela là-bas. En tant que média, je me souviens qu’on était logés magnifiquement par l’organisation. Nous étions dans des chambres d’hôtes absolument fabuleuses. On avait eu l’occasion d’être transportés sur le parcours, pour prendre des photos notamment. On avait fait cela en Jeep de l’armée américaine. C’était sympa, mais pas du tout confortable, surtout dans les sentiers chaotiques de l’arrière-pays. J’avais bien souffert sur les banquettes arrière sans siège, en me tapant la tête contre les barres en acier dans chaque virage. C’étaient les débuts d’une médiatisation pour le Roc d’Azur qui était assez confidentiel à l’époque.
Depuis cette date, vous êtes fidèle à l’évènement ?
J’y suis retourné par la suite, mais pas l’année suivante. Depuis 1994, je suis là chaque année. J’ai fait toutes les éditions sauf une il y a deux ans. J’ai eu un petit ras-le-bol. Puis je suis revenu et ça m’a donné envie de repartir pour vingt ans.
Avez-vous une anecdote particulière vécue au cours de vos nombreuses participations ?
Oui, il y en a quelques-unes. Je me souviens notamment d’un compétiteur belge ayant triché lamentablement à deux reprises sur le Roc en se positionnant sur le Chemin des Douaniers dans les 30 premiers pour arriver tout frais sur la base nature sans une goutte de transpiration et sans l’ombre d’une poussière sur le vélo. Ce n’est pas dans les bons souvenirs que je garde. Outre cela, il y a de grands moments, quand les Absalon et autres Ravanel, s’arrêtaient à la plage et allaient nager, puis reprenaient le vélo pour terminer l’épreuve. Cela fait partie du patrimoine d’une épreuve comme le Roc d’Azur.
Un champion vous a-t-il particulièrement marqué ?
Cela va peut-être surprendre, mais j’ai été marqué durant les premières années par Eva Orvosova (NDLR : lauréate du Roc en 1991 et 1992), une Slovaque à l’époque où la Tchécoslovaquie n’avait pas été scindée. Elle faisait partie des cinq ou six meilleurs bikeuses au monde. Elle avait un sourire craquant. Elle parlait un peu français, elle était très gentille et disponible. C’était un plaisir de pouvoir l’interviewer. Malheureusement, elle a rapidement arrêté sa carrière. On ne l’a plus vue par la suite. Mais elle figure bien au palmarès du Roc d’Azur. J’ai aussi une petite pointe de déception : ne jamais avoir pu interviewer Julien Absalon comme vainqueur du Roc. Je trouve que c’est ce qu’il manque à son palmarès.
Y avez-vous participé, sur le VTT ?
Je viens en tant que média, mais souvent en tant que participant. J’ai fait de nombreuses fois le Roc Pro (NDLR : ouvert aux exposants et journalistes), mais j’ai aussi participé au Roc Tandem. C’est vraiment un grand moment de pouvoir le faire en tandem. Soit avec un membre de l’équipe, soit avec quelqu’un de l’extérieur. Par contre, je n’ai jamais participé au Roc proprement dit. C’est quelque chose que je devrais faire dans les années à venir.
Comment imaginez-vous la 30ème édition ?
J’espère surtout qu’elle sera festive, de différentes manières. Pas trop nostalgique car il faut aller de l’avant. On est passé par différents sites avant d’atterrir à Fréjus. Ça a permis au Roc d’Azur de se développer de manière magnifique. J’espère aussi que l’organisation profitera du 30ème anniversaire pour encore plus ouvrir à l’international cette épreuve. Car même si c’est la plus grande manifestation de VTT au monde, elle est trop peu connue ailleurs qu’en France.
Imaginez-vous un Roc d’Azur qui ressemble à la Sea Otter Classic aux États-Unis avec d’autres disciplines que le VTT invitées ?
C’est envisageable bien sûr. Ce genre d’idées doit germer dans la tête des organisateurs pour le 30ème anniversaire et pour plus tard. Mais le Roc est un événement purement VTT. Par le passé, on a déjà essayé d’amener la route et cela n’a pas été une grande réussite. Du moins, le monde de la route n’était pas prêt à venir sur le Roc d’Azur. Peut-être que ce sera plus facile avec ASO. Je demande à voir. Je ne suis pas certain que ce soit une nécessité non plus. Le VTT a tellement de variantes et de disciplines que l’on peut déjà mettre l’accent sur des disciplines un peu délaissées. Je pense notamment au trial qui mériterait une plus grande visibilité sur le Roc d’Azur.
Le Roc s’est installé dans les Alpes au mois de juin, avant de se rendre dans les Andes cet automne, pourriez-vous imaginer en tant que Belge, un Roc en Belgique ?
Je pense qu’il y a déjà beaucoup d’organisateurs qui ont pensé à cela et qui ont voulu par le passé, organiser des Roc ailleurs que sur le Roc d’Azur. Je pense que c’est un peu peine perdue. Il faut laisser le Roc là où il est. Je suis plutôt conservateur dans ce domaine-là. Il y a une magie qui existe au Roc d’Azur, de par la saison, l’emplacement, la plage, etc. Tout cela fait que c’est une grande réussite et ce n’est pas nécessairement transposable ailleurs.