Laurent, en nommant votre épreuve l’Alps Epic, votre volonté est-elle d’importer le concept de la course Epic en France ?
Effectivement. L’objet premier de cette course est de faire la promotion de l’itinéraire permanent de la Grande Traversée des Hautes-Alpes sur une cible internationale. Pour répondre à cet objectif, ce qui nous semblait le plus logique, c’était de proposer une course au format marathon avec un niveau de service et une durée adaptés à un public étranger. C’est en ce sens que nous nous sommes rapprochés du format Epic. Les équipes seront constituées de deux coureurs. Le parcours s’étalera sur une semaine avec un prologue urbain à Briançon et cinq étapes pour se conclure à Gap. Mais chaque année, le parcours sera tracé sur une section différente de la Grande Traversée des Hautes-Alpes qui représente environ 350 kilomètres entre La Grave et Laragne.
La ressource s’annonce donc inépuisable.
Nous avons de la matière pour faire des itinéraires intéressants et différents d’une année sur l’autre bien que certaines portions reviendront peut-être. Le parcours se fera sur le territoire des Hautes-Alpes puisque le projet est porté par le département. Notre volonté est aussi d’avoir une épreuve qui mêle les intérêts sportifs et les paysages, même si nous n’oublions pas qu’il s’agit avant tout d’une course et que tout le monde n’aura pas forcément le temps de les admirer.
Les inscriptions seront limitées à 200 en plus de cinquante invités. Pourquoi ?
Nous voulons offrir les services que peut avoir un coureur pro à tous les participants. C’est à dire un mécano, un service de lavage de vélos, un coach, un masseur afin de faciliter la vie des participants pendant la semaine de compétition. Notre idée n’est pas de rentrer dans une organisation impersonnelle. Nous voulons garder un nombre de personnes relativement réduit de façon à conserver le côté convivial vis-à-vis des coureurs. Cela fait partie à notre sens des exigences de qualité. Nous voulons prendre nos marques pour la première édition et montrer que l’organisation assure. Une fois que ce sera fait, nous aimerions inciter les autres courses du même format à l’international à faire un challenge sur les courses de type Epic.
Quels seront les moments forts de cette première édition ?
Sur ce parcours, nous avons la chance d’être en grande partie sur du single track. L’aspect technique va donc être la grande particularité de cette première édition. En plus du prologue dans Briançon où nous mettrons à l’honneur le patrimoine Vauban, chaque étape aura sa spécificité et son intérêt. Le premier jour sera celui des classiques sous les glaciers de la Meije. La deuxième étape traversera les alpages et les monotraces du Queyras. Nous serons autour du lac de Serre-Ponçon le troisième jour. L’ambiance village sera au rendez-vous au Champsaur sur la 4ème étape. Enfin, la fête est prévue dans le centre-ville de Gap pour la dernière étape.
Ce format de course reste peu habituel en France. Comment comptez-vous convaincre les participants ?
Nous souhaitons avoir un tiers de Français, un tiers d’Européens et un tiers de personnes venues du reste du monde. Effectivement, nous ne sommes pas trop habitués à ce format de course. Cela manquait au calendrier. Je suis convaincu que cela peut fonctionner. Les inscriptions viennent d’être lancées (retrouvez-les sur Vélo 101). Nous avons pas mal de demandes. Mais il faut rapporter les choses dans leur contexte. En France, les seules épreuves possédant un niveau de service équivalent au nôtre se trouvent sur la route avec la Haute Route, ou en enduro avec la Trans-Provence. En VTT, il existe certes les Chemins du Soleil, mais la durée est un peu plus courte. Les étrangers, eux, y sont habitués. Nous avons conscience que le budget de 1250 à 1800 euros selon les formules est élevé pour des Français.
Par quel biais pouvez-vous favoriser la démocratisation de ce type d’épreuves ?
Nous avons mis en place des sélections sportives. Nous avons conclu des partenariats avec l’Ultra Raid de la Meije et la Transmaurienne pour que les vainqueurs au scratch aient leur place sur l’Alps Epic. Nous allons mettre en place des partenariats avec d’autres épreuves afin de donner la possibilité à de bons coureurs français de découvrir notre épreuve grâce à leurs résultats. L’objectif est de développer cela dans les années futures. Nous comptons également proposer à l’avenir un format course, hors hébergement. Cela permettra aux locaux ou à ceux qui ont des possibilités d’hébergement de découvrir la course. Des formats plus courts de deux ou trois jours sont aussi à l’étude. Certains participants de la MB Race qui se déroulera le 2 juillet, la veille du prologue de notre épreuve, m’ont déjà demandé s’il était possible de faire toute la deuxième partie du parcours.
Le calendrier ne vous laissait d’autre choix que de s’élancer le même week-end que la MB Race ?
C’est dommage, mais nous ne pouvions pas faire autrement. Nous considérons aussi que nous ne sommes pas tout à fait sur le même format. Le calendrier est compliqué. Nous sommes tributaires des conditions en montagne. Il était impossible de placer l’épreuve plus tôt. Nous pouvions difficilement la placer plus tard, car nous serions rentrés en concurrence avec des événements proches, comme la Swiss Epic. Nous devons également prendre en compte la disponibilité des hébergements et le département nous a conseillé cette première semaine de juillet.
Comment hébergerez-vous les participants ?
Nous aurons deux formats d’hébergement. Le Pack Bleu, pour le bleu des Hautes-Alpes que nous espérons avoir, sera un format en campement. Celui-ci est organisé, nous fournirons et nous monterons nous même les tentes. Les repas seront pris dans les restaurants partenaires, proches de la zone de campement. Le Pack Noir est un hébergement en chambre avec ce qui se fait de mieux sur chacune des étapes. Ce que nous voulons, c’est un hébergement alliant le confort, la convivialité et les services dans les environs de la ligne d’arrivée. Le nombre d’étoiles ne rentrera pas forcément en ligne de compte. Une belle chambre d’hôte de dix lits dans un endroit sympathique pourra être retenue contre un hôtel trois étoiles dans une zone industrielle.
Comptez-vous attirer des têtes d’affiche internationales ?
Tout à fait, cela fait partie des objectifs. Nous jouons la prudence pour notre première année en ne voulant pas être inscrits au calendrier UCI. En revanche, nous prévoyons d’en faire la demande pour 2017 pour attirer l’élite mondiale. En cette première année, Steffen Thum, double vainqueur de la Coupe du Monde XCM et Rémi Laffont, vainqueur de la Transmaurienne, nous servent de locomotive. Nous espérons que nous aurons d’autres têtes d’affiche rapidement.
Propos recueillis le 8 janvier 2016.