Ils avaient le sourire aux lèvres, hier, les rescapés de la Grande Boucle. Il faut dire que la journée de repos tombait à pic après une deuxième semaine qui n’aura pas été de tout repos, loin de là. Nerveusement, la première semaine avait été extrêmement compliquée. La traversée des Pyrénées a elle aussi laissé des traces, physiques, celles-là. Alors, la journée de repos d’hier aura été des plus salvatrices. Les corps encore meurtris par les chutes du début de Tour ont pu définitivement récupérer avant d’entamer la dernière semaine, celle de tous les dangers. Il faut dire qu’il faudra affronter les Alpes jusqu’à vendredi avant un contre-la-montre des plus exigeants, samedi. Mais en attendant les deux ascensions du Col du Galibier en fin de semaine ainsi que l’Alpe d’Huez, il faudra d’abord affronter deux étapes que tous espèrent de transition.
Car aujourd’hui, ce n’est pas la plus dure des quatre étapes à venir mais les 162,5 kilomètres proposés aux coureurs entre Saint-Paul-Trois-Châteaux et Gap pourraient rapidement devenir ceux de tous les dangers, la faute à une météo capricieuse. Car avant de menacer les sommets en fin de semaine, les flocons ne sont que de fines gouttes de pluie qui tombent à un débit impressionnant au départ dans un premier temps puis à l’arrivée. Et ces conditions météorologiques pourraient rapidement devenir un facteur déterminant compte tenu de la présence du Col de Manse, un col de deuxième catégorie dans les 20 derniers kilomètres de course. Si son ascension n’inquiète pas vraiment, c’est plus sa descente qui pose question, cette même descente où Joseba Beloki était tombé, un jour de grande chaleur, cette fois-là.
En effet, sa partie finale est technique et la pluie qui s’abat sur Gap et ses environs pourrait faire des dégâts. Méfiance, donc. Si cette étape pourrait finalement convenir à un garçon comme Philippe Gilbert, les coureurs savent bien que l’échappée du jour risque fort bien d’aller au bout. Aussi, il faudrait des pages entières pour lister les différentes tentatives d’échappée en début de course. Vous l’aurez compris, en tête de peloton, cela attaque sans cesse, aucun répit n’est proposé. Après 60 kilomètres de course, aucun coup n’est encore parti. Mais voilà qu’un groupe se dégage, un instant, un bref instant et pas une seule seconde de plus tant sa composition est dangereuse pour certaines équipes présentes dans le peloton. Dans ce groupe, quelques garçons ayant perdus un temps précieux dans les Pyrénées à l’instar de Nicolas Roche (Ag2r La Mondiale), d’Arnold Jeannesson (FDJ) et de Jérôme Coppel (Saur-Sojasun). Mais le classement de ces deux derniers dérange les candidats au maillot blanc.
Sur les pentes du Col de Manse, Contador passe à l’offensive, seuls Evans et Sanchez sont en mesure de le suivre.
Voilà que les Sky de Rigoberto Uran roulent en tête de peloton pour revenir. Nicolas Roche, Jérôme Coppel et Arnold Jeannesson se relèvent. Le bon coup peut enfin partir. A 59 kilomètres de l’arrivée, 10 hommes flairent la bonne échappée et prennent la poudre d’escampette. On retrouve là Tony Martin (HTC-Highroad), Thor Hushovd et Ryder Hesjedal (Garmin-Cervélo), Alan Perez (Euskaltel-Euskadi), Andriy Grivko (Astana), Dris Devenyns (Quick Step), Marco Marcato (Vacansoleil-DCM), Edvald Boasson Hagen (Team Sky), Jérémy Roy (FDJ) et Mikhail Ignatiev (Kathusha). Le bon coup est parti et comme prévu, ils vont très rapidement prendre du champ avec l’accord de l’équipe Europcar, bien évidemment.
L’écart va atteindre les 6’15 » en faveur des hommes de tête à 45 kilomètres de l’arrivée, ces coureurs là savent qu’ils vont pouvoir se jouer la victoire d’étape. Les orages intermittents et l’apparente fraicheur ravissent Thor Hushovd et Edvald Boasson-Hagen, devant. Il faut dire que ces deux là ne sont pas Norvégiens pour rien et savent rouler dans de telles conditions. Ils sont surveillés. Ils sont craints. Ignatiev le sait et c’est lui qui attaque au pied du Col de Manse. Derrière, l’équipe BMC Racing Team de Cadel Evans prend les choses en main, l’Australien sait que ces conditions peuvent en piéger plus d’un et reste vigilant. Une vigilance qui va payer car alors que Ryder Hesjedal dépose Ignatiev devant et que Thor Hushovd et Edvald Boasson-Hagen reviennent sur la tête de course, Alberto Contador décide d’attaquer, histoire de jauger ses adversaires et de reprendre un peu de temps, pourquoi pas.
A 17 kilomètres de l’arrivée, l’Espagnol prend la corde sur une route détrempée et seul Thomas Voeckler arrive à le suivre avant que l’ensemble des favoris ne revienne dans leurs roues. Là, Cancellara (Leopard-Trek) ramène les frères Schleck (leopard-Trek). Andy Schleck sent le chaos proche et attaque à son tour. Mais c’est Alberto Contador qui a le dernier mot. Dans sa tentative, il est cette fois-ci suivi de Cadel Evans et de Samuel Sanchez (Euskaltel-Euskadi). Devant, deux norvégiens se battent en duel, arbitrés par un Ryder Hesjedal qui a déjà choisi son camps, celui de son coéquipier Thor Hushovd. Alors que Contador, Evans et Sanchez réalisent une superbe descente, Thomas Voeckler joue les funambules pour limiter les dégâts pendant qu’Andy Schleck craque, trop fébrile, bien trop raide sur ses freins. Devant, Hesjedal attaque, Hushovd dans la roue de Boasson-Hagen, la bataille est magnifique. Mais Thor Hushovd va lancer son sprint à point nommé. Champion du Monde, le Norvégien va chercher là sa deuxième victoire d’étape sur le Tour de France. Thor, Dieu du tonnerre dans la mythologie germanique frappe un grand coup. Un coup de tonnerre qui a raison d’Andy Schleck. Le Luxembourgeois perd 1’09 » sur Cadel Evans, là où Thomas Voeckler n’accuse qu’un retard de 21″ à l’arrivée.
La grande bataille a d’ores et déjà commencé et demain, il faudra de nouveau être vigilant sur la route de Pinerolo, en Italie, par-delà 179 kilomètres et l’ascension vers Sestrières.
Classement 16ème étape :
1. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) les 162,5 kilomètres en 3h31’38 »
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) m.t.
3. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Cervélo) à 2 sec.
4. Tony Martin (ALL, HTC-Highroad) à 28 sec.
5. Mikhail Ignatyev (RUS, Katusha) à 52 sec.
6. Alan Perez Lezaun (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 1’25 »
7. Jérémy Roy (FRA, FDJ) m.t.
8. Marco Marcato (ITA, Vacansoleil-DCM) à 1’55 »
9. Dries Devenyns (BEL, Quick Step) m.t.
10. Andriy Grivko (UKR, Astana) à 1’58 »
Classement général :
1. Thomas Voeckler (FRA, Team Europcar) en 69h00’56 »
2. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 1’45 »
3. Frank Schleck (LUX, Leopard-Trek) à 1’49 »
4. Andy Schleck (LUX, Leopard-Trek) à 3’03 »
5. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 3’26 »
6. Alberto Contador (ESP, Saxo Bank-SunGard) à 3’42 »
7. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) à 3’49 »
8. Damiano Cunego (ITA, Lampre-ISD) à 4’01 »
9. Tom Danielson (USA, Garmin-Cervélo) à 6’04 »
10. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 7’55 »
Classement par points :
1. Mark Cavendish (GBR, HTC-Highroad) 319 pt
2. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) 285 pt
3. Philippe Gilbert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 250 pt
4. Thor Hushovd (NOR, Garmin-Cervélo) 235 pt
5. André Greipel (ALL, Omega Phrama-Lotto) 170 pt
6. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 165 pt
7. Tyler Farrar (USA, Garmin-Cervélo) 141 pt
8. Edvald Boasson Hagen (NOR, Team Sky) 136 pt
9. Mickaël Delage (FRA, FDJ) 122 pt
10. Jérémy Roy (FRA, FDJ) 107 pt
Classement de la montagne :
1. Jelle Vanendert (BEL, Omega Pharma-Lotto) 74 pt
2. Samuel Sanchez (ESP, Euskaltel-Euskadi) 72 pt
3. Jérémy Roy (FRA, FDJ) 45 pt
4. Andy Schleck (LUX, Leopard-Trek) 28 pt
5. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) 26 pt
6. Frank Schleck (LUX, Leopard-Trek) 24 pt
7. Johnny Hoogerland (PBS, Vacansoleil-DCM) 22 pt
8. Sylvain Chavanel (FRA, Quick Step) 20 pt
9. Sandy Casar (FRA, FDJ) 19 pt
10. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) 18 pt
Classement des jeunes :
1. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) en 65h32’29 »
2. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 1’07 »
3. Pierre Rolland (FRA, Team Europcar) à 1’58 »
4. Arnold Jeannesson (FRA, FDJ) à 2’10 »
5. Rob Ruijgh (PBS, Vacansoleil-DCM) à 5’01 »
6. Jérôme Coppel (FRA, Saur-Sojasun) à 5’08 »
7. Cyril Gautier (FRA, Team Europcar) à 22’06 »
8. Andrey Zeits (KAZ, Astana) à 25’38 »
9. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 28’05 »
10. Robert Gesink (PBS, Rabobank) à 31’54 »
Classement par équipes :
1. Team Garmin-Cervélo (USA) en 206h31’24 »
2. Team Leopard-Trek (LUX) à 7’01 »
3. Team Europcar (FRA) à 8’14 »
4. Ag2r La Mondiale (FRA) à 10’04 »
5. Katusha (RUS) à 13’05 »
6. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 18’16 »
7. RadioShack (USA) à 28’19 »
8. Team Sky (GBR) à 29’03 »
9. Cofidis (FRA) à 29’51 »
10. Saxo Bank-SunGard (DAN) à 37’11 »