Une étape courte, montagneuse et haute en altitude. C’est semble-t-il l’avenir des Grands Tours tant ces profils particuliers, en troisième semaine, permettent une course intense dès le départ. Et ce sont surtout les étapes qui donnent le plus de chances de voir les favoris partir à l’assaut de loin. En faisant usage de la stratégie consistant à envoyer des équipiers en éclaireurs dans l’échappée. C’est exactement ce qu’ont tenté les adversaires de Tom Dumoulin (Team Sunweb), dont le maillot rose ne tient qu’à trente et une secondes au pied du Passo Pordoi. Les Movistar ont fait partir dès les premiers kilomètres les fidèles Andrey Amador et Winner Anacona pour servir de rampe de lancement à leur leader. Mais l’élan donné à Nairo Quintana (Movistar Team) ne l’a pas emmené bien loin, son coup tactique ayant été d’une inefficacité redoutable.
Les coéquipiers du Colombien étaient accompagnés de Natnaël Berhane (Dimension Data), Manuele Boaro (Bahrain-Merida), Dario Cataldo (Astana), Philip Deignan, Mikel Landa et Diego Rosa (Team Sky), Joe Dombrowski, Pierre Rolland et Davide Villella (Cannondale-Drapac), Alexander Foliforov (Gazprom-Rusvelo), Omar Fraile (Dimension Data), Jan Hirt (CCC Sprandi), Mads Pedresen et Jesper Stuyven (Trek-Segafredo), Ruben Plaza (Orica-Scott), Joey Rosskopf et Tejay Van Garderen (BMC Racing Team) ainsi que de Kanstantsin Siutsou (Bahrain-Merida), partis dans un logn périple montagnard.
Bien que deux cols à plus de 2 000 mètres d’altitude se présentaient aux coureurs en début d’étape, il faudra attendre le troisième pour que la course s’enflamme légèrement. Movistar prend la tête au pied du Passo Gardena, moment où Laurens Ten Dam, dernier équipier du maillot rose, lâche prise. On pense alors que Tom Dumoulin, esseulé, est en danger et à la merci de ses adversaires. C’est également la vision de Quintana et Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida). Ils passent successivement à l’attaque dans les deux derniers kilomètres de l’ascension et retrouvent Anacona et Amador. La grande offensive paraît plus en place que jamais. Mais c’était sans compter sur un impressionnant maillot rose. A l’image de Miguel Indurain dans les cols du Tour de France il y a plus de vingt ans, le Néerlandais monte à son rythme de rouleur et reprend ses principaux rivaux sur le sommet. Tout est à refaire.
Et il faudra attendre la dernière ascension pour que les candidats au podium lèvent à nouveau leurs fesses de la selle. Pontives et ses pentes de plus en plus raides à mesure que le sommet est en vu. Quintana réessaie sans succès. De même pour Nibali. Dumoulin y va même de son accélération mais finalement ce sont les autres membres du top 10 encore présents qui vont reprendre du temps aux trois leaders. Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) et Pinot (FDJ) sont les premiers à partir, suivis de Zakarin (Katusha-Alpecin), Mollema (Trek-Segafredo) et Kruijswijk (Team LottoNL-Jumbo). Derrière, c’est l’image de ce Giro. Dumoulin, maillot rose sur le dos, regarde Nibali et Quintana en leur demandant de rouler. Comme s’ils n’étaient plus que des prétendants au podium. Ces derniers refusent et tous trois roulent à la manière de pistard, s’observent.
La situation est cocasse et plusieurs coureurs rentrent de l’arrière, Dumoulin menant le groupe au pas. Ce qui leur fera perdre près d’une minute sur Thibaut Pinot et Domenico Pozzovivo, qui viennent cependant mourir à quelques secondes de la victoire.
Car devant, l’échappée s’est disloquée au fur et à mesure des cols. Pour que les seuls Landa et Van Garderen arrivent à se présenter au pied de Pontives avec une avance avoisinant la minute. De valeur égale, les deux hommes devront se départager au sprint. Et Landa, battu par Nibali mardi, va rééditer sa mauvaise performance. Comme il y a deux jours, l’Espagnol emmène le sprint, se fait déborder dans le dernier virage et prend la seconde place.
Tejay Van Garderen remporte quant à lui sa première victoire d’étape sur un Grand Tour. Lui qui y a souvent visé le classement général pourrait bien trouver un nouveau rôle dans le peloton, celui de chasseur d’étapes. Terrain sur lequel Mikel Landa doit encore faire quelques réglages pour parvenir à ses fins dans le final.
Demain nouvelle arrivée au sommet pour la 19ème étape entre San Candido et Piancavallo (191 km). – Adrien Godard
Classement 18ème étape :
1. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) les 137 km en 3h54’04 » (35,1 km/h)
2. Mikel Landa (ESP, Team Sky) m.t.
3. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 8 sec.
4. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
5. Jan Hirt (RTC, CCC Sprandi) à 11 sec.
6. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 24 sec.
7. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 34 sec.
8. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
9. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) à 1’06 »
10. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
Classement général :
1. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) en 80h00’48 »
2. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) à 31 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 1’12 »
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 1’36 »
5. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 1’58 »
6. Domenico Pozzovivo (ITA, AG2r La Mondiale) à 2’07 »
7. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) à 3’17 »
8. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 5’48 »
9. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 7’06 »
10. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) à 7’34 »