Le Tour d’Italie n’est pas terminé, et ce n’est pas parce qu’il en finissait aujourd’hui avec la séquence des arrivées en altitude, que le sort en est jeté. Avant une dernière étape de montagne demain qui réservera peut-être encore des surprises, compte tenu qu’elle interviendra en fin de Giro et au terme d’une troisième semaine ultra montagneuse, et un contre-la-montre individuel dimanche qui représente la bête noire des grimpeurs, il fallait donc se hisser aujourd’hui jusqu’à Piancavallo. L’ascension de 15,4 kilomètres à 7,3 % devait à elle seule faire bouger les lignes au classement général alors que les premières difficultés, placées en première partie de journée, semblaient bien loin du but pour que les adversaires de Tom Dumoulin (Team Sunweb) ne s’engagent dans une action de grande envergure.
Et pourtant, la sonnette d’alarme a retenti quand, en direction de Sella Chianzutan (11,7 km à 5,6 %), soit à quelques 120 kilomètres de l’arrivée, le Maillot Rose a été distancé. Nul ne pouvait dire ce qui lui était arrivé, victime d’une erreur de placement ou bien tout simplement mal en point, mais ses principaux adversaires se jetaient aussitôt dans une course d’une grande intensité. Autour de lui, Tom Dumoulin pouvait heureusement compter sur une formation soudée qui finissait par le ramener dans le rang au cours de la longue transition reliant le haut de Sella Chianzutan au pied de Piancavallo. A 90 kilomètres du but, l’épisode était clos mais il annonçait une formidable bataille dans la dernière escalade.
En attendant, ceux qui avaient pris le parti de s’échapper dès les premières pentes avaient payé le rythme soutenu du peloton sur ce fait de course et tout était à refaire pour les candidats à la victoire d’étape. Une échappée allait se former autour de Nicola Boem et Lorenzo Rota (Bardiani-CSF), Pello Bilbao et Luis-Leon Sanchez (Astana), Matteo Busato et Ilia Koshevoy (Wilier Triestina-Selle Italia), Sebastian Henao et Mikel Landa (Team Sky), José Herrada et José-Joaquin Rojas (Movistar Team), Clément Chevrier (Ag2r La Mondiale), Eros Capecchi (Quick-Step Floors), Rui Costa (UAE Team Emirates), Rudy Molard (FDJ), Ruben Plaza (Orica-Scott), Pierre Rolland (Cannondale-Drapac), Evgeny Shalunov (Gazprom-Rusvelo) et Giovanni Visconti (Bahrain-Merida).
Il y avait là surtout un épatant Mikel Landa, maillot bleu de meilleur grimpeur sur le dos, formidable combatif, mais déjà deux fois battu au sprint cette semaine pour une victoire d’étape, mardi à Bormio derrière Vincenzo Nibali, hier à Ortisei derrière Greg Van Avermaet. L’arrivée en altitude allait servir ses ambitions. Dans la montée finale, l’Espagnol finissait par se détacher du groupe de tête pour rejoindre seul la ligne d’arrivée et savourer un succès dédié aussitôt à son ancien coéquipier Michele Scarponi.
Derrière lui, bien derrière lui, la lutte faisait rage pour le maillot rose, car Tom Dumoulin affichait bel et bien des signes de lassitude. Dès les premières pentes finales, le Néerlandais reculait. Une baisse de régime qu’il gérait d’abord avec le soutien de Simon Geschke, puis seul passé les pourcentages les plus redoutables. Mais quand il était longtemps resté en vue de la queue du peloton des leaders, Tom Dumoulin finissait par lâcher du terrain. Sans toutefois jamais céder à la panique, car si son maillot rose s’effilochait dangereusement pour finir par lui échapper au sommet, la perspective du chrono final donne encore au Néerlandais toutes les chances de conquérir cette 100ème édition du Tour d’Italie pour le moins indécise.
Car à quarante-huit heures de la conclusion, on compte désormais quatre coureurs dans la même minute. Et Thibaut Pinot (FDJ), passé à l’attaque et arrivé sur la ligne une vingtaine de secondes avant ses adversaires pour une place sur le podium, a réalisé une très belle opération. Même si pour l’heure il demeure 4ème du classement général, à 53 secondes de Nairo Quintana, lequel reprend donc le maillot rose. A l’abord du dernier week-end, le Colombien compte 38 secondes d’avance sur Tom Dumoulin (à qui il aura donc repris 1’09 » aujourd’hui) et 43 secondes sur Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida). Rien n’est donc joué quand on sait que Tom Dumoulin, sur le chrono de Montefalco (39,8 km), avait laissé ces trois-là à plus de deux minutes.
Demain samedi, la vingtième étape reliera Pordenone à Asiago (190 km).
Classement 19ème étape :
1. Mikel Landa (ESP, Team Sky) en 4h53’00 »
2. Rui Costa (POR, UAE Team Emirates) à 1’49 »
3. Pierre Rolland (FRA, Cannondale-Drapac) à 1’54 »
4. Pello Bilbao (ESP, Astana) à 2’12 »
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 3’06 »
6. Evgeny Shalunov (RUS, Gazprom-RusVelo) à 3’51 »
7. Luis León Sanchez (ESP, Astana) m.t.
8. Matteo Busato (ITA, Wilier Triestina-Selle Italia) à 5’05 »
9. Lorenzo Rota (ITA, Bardiani-CSF) m.t.
10. Ilia Koshevoy (BLR, Wilier Triestina-Selle Italia) à 6’44 »
Classement général :
1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 85h02’40 »
2. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) à 38 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 43 sec.
4. Thibaut Pinot (FRA, FDJ) à 53 sec.
5. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 1’21 »
6. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) à 1’30 »
7. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) à 2’48 »
8. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 6’35 »
9. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) à 7’03 »
10. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNl-Jumbo) à 7’37 »