Voilà maintenant une semaine que la course rose s’est élancée, et même si Lukas Pöstlberger (Bora-Hansgrohe) leur a grillé la politesse il y a tout juste sept jours pour endosser le premier maillot rose, les sprinteurs se sont depuis largement rattrapés. Force est de constater que le Giro les gâte avec une quatrième occasion en l’espace d’une semaine entre Castrovillari et Alberobello (224 kilomètres). Cette occasion en or, les rois de la dernière ligne droite ne pouvaient pas se permettre de la laisser filer, eux qui devront ronger leur frein jusqu’à jeudi prochain et résister à une arrivée pour puncheurs, une arrivée en altitude, un contre-la-montre individuel et une étape trop vallonnée pour eux.
Qu’ils aient déjà levé les bras comme André Greipel (Lotto-Soudal) et Fernando Gaviria (Quick-Step Floors) ou qu’ils soient encore en quête d’un premier succès, leur appétit est loin d’être rassasié. Aussi cette étape suivra-t-elle un scénario couru d’avance. La faible chance qu’avaient les échappés d’aller au bout n’a pas incité les baroudeurs à batailler rudement pour prendre l’échappée. Ils ne seront dès lors que trois à obtenir un bon de sortie rapide, Giuseppe Fonzi (Wilier Triestina-Selle Italia), Dmitry Kozonchuk (Gazprom-RusVelo) et Simone Ponzi (CCC Sprandi Polkowice). Trois, ou plutôt deux puisque le coureur de l’équipe CCC Sprandi Polkowice doit laisser filer ses deux compagnons d’infortune sur un ennui mécanique après 30 kilomètres.
Les deux hommes se retrouvent ainsi embarqués dans une galère de laquelle le peloton ne viendrait les libérer qu’à 18 kilomètres de la ligne. Le tandem russo-italien ne s’est guère fait d’illusion en y allant piano sur la majeure partie de l’étape (2,5 km/h moins rapide que la moyenne horaire la plus lente après 4 heures de course). L’allure a beau s’accélérer quelque peu dans le final (1 km/h moins vite que la moyenne la moins optimiste tout de même), le Giro file à un train de sénateur vers une explication au sprint à Alberobello.
Restait à négocier un final technique en zone urbaine où les pièges tendus étaient nombreux entre ronds-points, îlots directionnels et rétrécissements de chaussée. Les virages se succèdent dans les derniers kilomètres et étirent le peloton. Kristjan Koren (Cannondale-Drapac) a beau tenter d’imiter Lukas Pöstlberger en sortant dans un faux plat à 3 kilomètres de l’arrivée, le Slovène ne pourra empêcher le sprint massif attendu. À défaut d’avoir du spectacle au cours des 224 kilomètres, le Giro propose un sprint à couper le souffle. Parfaitement emmené par ses équipiers dans un final sinueux, Caleb Ewan (Orica-Scott) lance le sprint d’un peu loin. La victoire est au bout, mais que ce fut juste ! D’une courte tête, pour quelques centimètres, il précède Fernando Gaviria et Sam Bennett (Bora-Hansgrohe).
Classement 7ème étape :
1. Caleb Ewan (AUS, Orica-Scott) les 224 km en 5h35’18 » (40,0 km/h)
2. Fernando Gaviria (COL, Quick-Step Floors) m.t.
3. Sam Bennett (IRL, Bora-Hansgrohe) m.t.
4. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) m.t.
5. Jasper Stuyven (BEL, Trek-Segafredo) m.t.
6. Ryan Gibbons (AFS, Dimension Data) m.t.
7. Enrico Battaglin (ITA, Team LottoNL-Jumbo) à 2 sec.
8. Rudiger Selig (ALL, Bora-Hansgrohe) m.t.
9. Alexey Tsatevitch (RUS, Gazprom-RusVelo) m.t.
10. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
Classement général :
1. Bob Jungels (LUX, Quick-Step Floors) en 33h56’07 »
2. Geraint Thomas (GBR, Team Sky) à 6 sec.
3. Adam Yates (GBR, Orica-Scott) à 10 sec.
4. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
5. Domenico Pozzovivo (ITA, Ag2r La Mondiale) m.t.
6. Tom Dumoulin (PBS, Team Sunweb) m.t.
7. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) m.t.
8. Bauke Mollema (PBS, Trek-Segafredo) m.t.
9. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) m.t.
10. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) m.t.