Décidément, pas un jour ne se passe sur cette Vuelta 2016 sans une étincelle, voulue ou non. Et, ce jeudi, cette étincelle est venue du Team Sky de Chris Froome. En effet, nul n’aurait pu prévoir la présence de deux de ses soldats à l’avant – David Lopez et Peter Kennaugh – lors d’une étape dite de baroudeurs, eux qui bénéficient habituellement d’une marge de manoeuvre (très) limitée. Pourquoi ? Oui, pourquoi, une telle tactique ? Afin de contraindre la Movistar de Nairo Quintana et Alejandro Valverde à rouler toute la journée ? Pour servir de relais à leur boss, victorieux au sommet de la Peña Cabarga la veille et peut-être inspiré par l’ultime descente en direction de Bilbao, via l’Alto El Vivero (4,2 km à 8,5 %) emprunté à deux reprises dans les 50 derniers kilomètres ? Pour jouer leur carte personnelle ? Simple fait du hasard ? Un peu de tout ça, peut-être…

Seule certitude, ces deux-là, sortis au sommet du Puerto de las Islas (km 49) et accompagnés par Louis Meintjes (Lampre – Merida), Gianluca Brambilla (Etixx – Quick Step), Romain Hardy (Cofidis), Kenny Elissonde (FDJ) et Darwin Atapuma (BMC) – qui a finalement cédé précocement après une chute -, ont joué le coup à fond (43 km/h de moyenne après trois heures). Et – conséquence première de leur offensive – ont ainsi obligé la Movistar, bien secondée par la formation Astana, à mener un train d’enfer et à gaspiller quelques cartouches. C’est tout. Car les boys de la Sky n’ont pas été au bout, repris à 17 km de ligne, et Chris Froome n’a pas bougé d’une oreille par la suite.

Après ça ? Une ribambelle d’attaques dans la dernière ascension : Dries Devenyns (IAM) a tiré le premier, un temps imité par… Alberto Contador (Tinkoff) – il s’est (très) vite rangé – et un paquet d’opportunistes. Las, en dépit de ses efforts, le Belge s’est fait revoir sous la flamme rouge.

Un sprint en petit comité était alors inévitable dans les rues de Bilbao : une aubaine pour un autre Belge, ici Jens Keukeleire (Orica – Bike-Exchange), insolent d’aisance et de puissance dans la dernière ligne droite, au grand dam de Maxime Bouet (Etixx – Quick Step), deuxième. « Je me sentais bien ces derniers jours, rapporte celui qui a déjà remporté une étape du Tour de Slovénie en 2016. Mon directeur sportif m’a demandé de tenter ma chance au cas où je passais les deux dernières bosses dans le bon paquet. J’étais finalement assez confiant. Pour le moment, on réalise une Vuelta parfaite. Simon (Yates) a gagné, moi aussi désormais. Mieux, nous avons deux coureurs dans le top 10 (Chaves et Yates). » On peut d’ores et déjà prendre les paris : Orica-BikeExchange ne compte pas s’arrêter là.

Classement de la 12e étape

1. Jens Keukeleire (Orica – BikeExchange)

2. Maxime Bouet (Etixx – Quick Step) mt

3. Fabio Felline (Trek – Segafredo) mt

4. Kristian Sbaragli (Dimension Data) mt

5. Luis Leon Sanchez (Astana) mt

6. Pello Bilbao (Caja Rural) mt

7. Jan Bakelants (AG2R) mt

8. Alejandro Valverde (Movistar) mt

9. Silvan Dillier (BMC) mt

10. Mathias Frank (IAM) mt

 

Classement général

1. Nairo Quintana (COL, Movistar Team) en 42h21’48 »

2. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 54 sec.

3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 1’05’’

4. Esteban Chaves (COL, Orica-BikeExchange) à 2’34’’

5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff) à 3’08’’

6. Leopold Konig (RTC, Team Sky) à 3’09’’

7. Simon Yates (GBR, Orica-BikeExchange) à 3’25 »

8. Michele Scarponi (ITA, Astana) à 3’34 »

9. David De La Cruz (ESP, Etixx-Quick Step) à 3’45 »

10. Samuel Sanchez (ESP, BMC Racing Team) à 3’56 »