Si les Colombiens ne firent pas parler d’eux lors de la deuxième étape, ils n’en demeuraient pas moins qu’à son terme, cinq d’entre eux restaient au classement général dans le top ten, pour une poignée de secondes. Surtout craints en montagne, le troisième volet de l’épreuve, le plus difficile sur le papier au regard de son profil, pouvait bien tourner à leur avantage. De Très Reis à Téresopolis distante de 120 km, le Tour de Rio emprunte les routes de grande montagne. Les quinze kilomètres d’ascension pour un dénivelé de 1200 m qui attendaient les coureurs à la mi-course équivalent sans doute aux plus beaux cols que les coureurs du Tour de France pouvaient gravir chez nous, quand lors des toutes premières éditions de la grande boucle, caillasse, gravillons et terre battue recouvraient encore parcimonieusement la chaussée.
Le départ de l’étape fut donné plus tôt que d’habitude, à sept heures et, sur les soixante dix premiers kilomètres, le revêtement pourtant acceptable de l’autoroute empruntée n’offrit guère d’opportunités aux échappées matinales. Les attaques eurent beau se succéder les unes aux autres, personne ne put fausser compagnie à un peloton décidément bien réveillé et très actif.Au-delà de cette portion, la suite fut toute autre. Après la traversée d’Itapawa, les choses sévères commencèrent. La chaussée se rétrécit, la route s’éleva sévèrement, avec des passages fréquents à plus de 15% et se mit à serpenter. A l’origine recouverte de larges dalles de béton, le recouvrement du serpent s’était écaillé. Beaucoup de tronçons en travaux ne laissaient qu’une unique voie possible. Comment échapper aux crevaisons sur un terrain si vague, parsemé d’embûches ? Comme il eut sans doute été convenu par le coach, l’équipe EPM Une Colômbia ne tergiversa pas longtemps.
Elle attaqua d’un seul mouvement, sut construire ses relais, resta soudée. Ne suivit que qui put, les deux américains, Tyler Wren, James Driscoll et le Brésilien Rafael Andriato, désormais leader virtuel du classement général puisque Edgardo Simon, lui, n’avait pu suivre. Le maillot jaune se résignait et se contentait, comme beaucoup d’autres, de sauver les dégâts. Après le sommet, la bascule. L’arrivée est au bout de la descente. La Colombie continue son show, creuse. Plus habile, Jean Suarez quitte le groupe et remporte l’étape vingt deux secondes devant deux de ses compatriotes, Jaime Castaneida et Edward Beltrain. Et 1, et 2, et 3 Colombiens sur le podium ! Au prix d’un effort conséquent qui risque de peser dans les jambes le lendemain, les deux américains et Rafael Andriato sont restés au contact. Avec cette victoire d’étape, Jean Suarez relègue le leader à 3’40 et lui ravit la tunique d’or. Son équipe truste désormais quasiment toutes les premières places au général. Avec lui détenant le leadership, ses coéquipiers se positionnent respectivement 3, 4, 5, 7 et 11ème. Seul Rafael Andriato, contorsionné de crampes après l’arrivée, se maintient second pour seize petites secondes. Les dés sont jetés. Une Colômbia.
Un reportage de Brice de Singo
Classement 3ème étape :
1. Juan Suarez (COL, EPM-UNE) les 120,3 km en 2h53’16 »
2. Jaime Castaneda (COL, EPM-UNE) à 22 sec.
3. Edward Beltran (COL, EPM-UNE) m.t.
4. Tyler Wren (USA, Jamis-Sutter Home Pro Cycling) m.t.
5. James Driscoll (USA, Jamis-Sutter Home Pro Cycling) m.t.
6. Javier Gomez (COL, EPM-UNE) m.t.
7. Rafael Andriato (BRA, Petroli Firenze-Cycling Team) m.t.
8. Rafael Abreu (COL, EPM-UNE) m.t.
9. Ibon Zugasti (ESP, MMR-Spiuk P/B Start Cycling) 0:00:39.
10. Antonio Nascimento (BRA, Funvic-Pindamonhangaba) 0:00:55
Classement général :
1. Juan Suarez (COL, EPM-UNE) en 10h09’33 »
2. Rafael Andriato (BRA, Petroli Firenze-Cycling Team) à 16 sec.
3. Jaime Castaneda (COL, EPM-UNE) à 26 sec.
4. Edward Beltran (COL, EPM-UNE) à 28 sec.
5. Javier Gomez (COL, EPM-UNE) à 41 sec
6. Antonio Nascimento (BRA, Funvic-Pindamonhangaba) à 1’04 »
7. Robigzon Oyola (COL, EPM-UNE) à 1’59 »
8. Andrei Nechita (ROU, Trevigiani) à 2’01 »
9. Tyler Wren (USA, Jamis-Sutter Home Pro Cycling) à 2’35 »
10. James Driscoll (USA, Jamis-Sutter Home Pro Cycling) m.t.