Après trois journées pourries sous un ciel qui tergiverse encore entre l’hiver et le printemps, c’est en prenant de l’altitude que les coureurs de Tirreno-Adriatico doivent retrouver le soleil aujourd’hui. La course des deux mers change de braquet puisqu’entre les mers Tyrrhénienne et Adriatique il convient de franchir l’épine dorsale transalpine que représente la chaîne des Apennins. La course entre dans les Abruzzes, où 165 kilomètres montagneux seront au programme de cette quatrième étape de Narni à Prati di Tivo. Inutile de préciser que cette étape à destination des escaladeurs sera probablement déterminante, bien qu’il soit encore trop tôt pour attendre de vraies différences entre les favoris logiques de cette édition. Le final explosif vers Chianti demain et le chrono final de San Benedetto del Tronto mardi seront tout aussi décisifs.
En attendant, il faudra bien négocier ce premier rendez-vous avec la montagne. La plupart des candidats au maillot bleu de Tirreno-Adriatico ont déjà pris leurs marques dans de brèves escalades, comme ce fut le cas en février au Tour d’Oman, mais cette étape-là voit s’enchaîner le Passo Capannelle (13,8 km à 4,5 %) et la montée vers Prati di Tivo (14,6 km à 7,1 %). Un rude programme que ne craignent guère Francesco Failli (Vini Fantini-Selle Italia), Fredrik Kessiakoff (Astana), Tomasz Marcynski (Vacansoleil-DCM) et Anthony Roux (FDJ), les quatre initiateurs d’une échappée lancée de bon matin. Le quatuor parade sur les routes abruzzaises doté de sept minutes de marge au mieux, puis il fléchit dans le Passo Capannelle pour s’effacer sur les contreforts de l’ascension finale à 8 kilomètres du but.
Place aux géants ! Et quand les meilleurs sont invités à entrer en scène, ce sont encore les Sky qui se pressent aux avant-postes. Depuis que le groupe sportif britannique a appris à mater un peloton tout entier en imposant son rythme insoutenable en tête de course, il multiplie les représentations du genre. Tandis que Bradley Wiggins brouille les cartes sur son état de forme, ce sont ses lieutenants qui adoptent la stratégie des Men in Black à leur crédit. Richie Porte a pris une option sur la victoire finale dans Paris-Nice hier à la Montagne de Lure. Chris Froome est celui sur lequel a misé le Team Sky ici sur Tirreno. Le rythme qu’imposent les Colombiens Sergio-Luis Henao et Rigoberto Uran en sa faveur est diablement efficace. A la moitié de l’ascension, ils ne sont plus que six à subsister dans le groupe de tête auprès des trois coureurs de l’équipe Sky.
Alberto Contador (Team Saxo-Tinkoff), Chris Horner (RadioShack-Leopard), Michal Kwiatkowski (Omega Pharma-Quick Step), Vincenzo Nibali (Astana) et Mauro Santambrogio (Vini Fantini-Selle Italia) sont dans le coup. Ce sont eux qui devront tâcher de faire dérailler le train britannique, ce que s’attache à faire le plus explosif des neuf de tête, l’Espagnol Alberto Contador. Le grimpeur s’y attèle une première fois à 6 kilomètres du but mais les Sky rentrent au train avec la sérénité qui leur est propre. Contador s’y essaie une nouvelle fois 3 kilomètres plus haut, mais il marque encore le pas.
Passé sous les ordres d’Alexandre Vinokourov, Vincenzo Nibali apprend cette année la sagesse. Le champion olympique en titre, désormais son manager chez Astana, s’est mis en tête de lui enseigner sa science de la course. Plus question que le Sicilien démarre dans tous les sens, il lui faut rationnaliser sa façon de courir et surtout d’attaquer. Au diable les banderilles superflues, le grimpeur italien doit apprendre à porter le coup de grâce. C’est ce qu’il essaie de faire en plaçant un démarrage unique à 2 kilomètres du but, marqué par Contador et Santambrogio.
Chris Froome, lui, semble déjà maîtriser son sujet. En revenant sous la flamme rouge, le Britannique porte aussitôt l’estocade décisive. Une seule attaque lui permettra de se démarquer de ses adversaires les plus envahissants pour se hisser au sommet en vainqueur 6 secondes devant Mauro Santambrogio, 11 secondes devant Vincenzo Nibali, 13 secondes devant Michal Kwiatkowski, 15 secondes devant Chris Horner et Alberto Contador. Pour le gain du maillot de leader, il manque toutefois 4 secondes à Chris Froome pour endosser une tunique qui se dépose sur les épaules du jeune Michal Kwiatkowski, 22 ans et le mois attendu de tous aujourd’hui, bien que déjà 2ème du Tour d’Algarve il y a un mois. Mais les écarts demeurant extrêmement resserrés, rien n’est encore acté ce soir.
Demain dimanche, le final de la cinquième étape s’annonce encore explosif entre Ortona et Chieti (230 km).
Classement 4ème étape :
1. Chris Froome (GBR, Team Sky) les 165 km en 4h41’31 » (36,9 km/h)
2. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) à 6 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 11 sec.
4. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) à 13 sec.
5. Chris Horner (USA, RadioShack-Leopard) à 15 sec.
6. Alberto Contador (ESP, Team Saxo-Tinkoff) m.t.
7. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 20 sec.
8. Wouter Poels (PBS, Vacansoleil-DCM) à 43 sec.
9. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.
10. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) à 58 sec.
Classement général :
1. Michal Kwiatkowski (POL, Omega Pharma-Quick Step) en 16h04’59 »
2. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 4 sec.
3. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 16 sec.
4. Alberto Contador (ESP, Team Saxo-Tinkoff) à 30 sec.
5. Rigoberto Uran (COL, Team Sky) à 33 sec.
6. Chris Horner (USA, RadioShack-Leopard) à 40 sec.
7. Mauro Santambrogio (ITA, Vini Fantini-Selle Italia) m.t.
8. Jonathan Castroviejo (ESP, Movistar Team) à 1’04 »
9. Roman Kreuziger (TCH, Team Saxo-Tinkoff) à 1’16 »
10. Joaquim Rodriguez (ESP, Team Katusha) m.t.