Chaque mois, Vélo 101 part à la rencontre d’une femme active dans l’univers du cyclisme. Elles sont nombreuses à graviter autour d’une discipline qui n’est plus, depuis longtemps, réservée qu’à la seule gente masculine. Cette rubrique, notre saga de l’année 2010, permet ainsi de mettre en lumière ces femmes impliquées dans le cyclisme. Elles sont championnes ou assistantes, elles sont épouses de coureur ou bien hôtesses, elles sont mamans de champions ou bien élues… Ce mois-ci, rencontre avec Marie-Antoinette Canu, à la tête du comité départemental des Bouches-du-Rhône depuis dix ans. Elle est présidente du comité départemental le plus actif de France avec un nombre record de licenciés, mais aussi vice-présidente du comité régional, membre du conseil d’administration fédéral et commissaire antidopage international.

Marie-Antoinette Canu, depuis combien de temps êtes-vous dans le monde du vélo ?
Depuis que mes enfants ont pris une licence, en 1982. A l’époque, j’ai commencé par faire les casse-croûtes pour les courses, puis j’ai évolué. J’ai été vaccinée au rayon de vélo. En revanche, je n’ai jamais pratiqué mais j’ai toujours été présente en qualité de dirigeante. Je ne suis probablement pas assez courageuse pour pratiquer le cyclisme ! J’ai fait de la course à pied en revanche. Je suis retraitée de la fonction publique.

Combien de jours vous prend le vélo sur une année ?
On vit vélo, on dort vélo. Mon conjoint est secrétaire général du comité de Provence et des Bouches-du-Rhône. Par an, ça nous prend peut-être 250 jours, 300 jours. Nous allons sur les courses, sur les championnats. C’est une activité à temps plein.

Vous avez finalement plusieurs casquettes sur les événements cyclistes ?
Pour la fédération et l’UCI, j’officie une quarantaine de jours comme commissaire pour les contrôles antidopage. Aux niveaux régional et départemental, ça me prend une trentaine de jours.

Qu’est-ce qui vous anime dans ces activités ?
C’est un sport que j’aime bien, j’aime son ambiance et j’aime m’occuper des jeunes. Je suis notamment partie faire un stage avec des Cadets et des Juniors. C’est difficile d’expliquer pourquoi mais j’aime ça, c’est tout.

Voilà presque trente ans que vous êtes dans le milieu cycliste, votre enthousiasme n’a jamais été altéré ?
Jamais. Je suis parfois un peu déçue par ce que les journalistes racontent sur le dopage alors que si on trouve des dopés chez nous, c’est avant tout parce que les contrôles sont très bien faits et sont plus nombreux qu’ailleurs. Je peux vous assurer que les garçons sont cleans. Il y a toujours des brebis galeuses, comme partout, mais les coureurs sont suivis et sérieux pour la plupart.

C’est un monde malgré tout très masculin, comment une femme parvient-elle à émerger de ce milieu ?
C’est rentré dans les mœurs mais quand j’ai commencé on m’a clairement dit de retourner faire ma vaisselle ! Un jour, j’ai même mis une amende à un directeur sportif qui m’a dit que je ferais mieux d’aller faire mes casseroles. Après, ça s’est démocratisé et les filles sont maintenant bien acceptées.

Quel est le contact le plus difficile ?
Les parents des jeunes, surtout ! Mais j’y arrive très bien. Je fais un petit peu de psychologie et ça passe très bien. La preuve, au 1er janvier, les trois quarts des jeunes m’ont tous envoyé des textos. Avec les coureurs professionnels et Elites, ça passe très bien aussi.

Avez-vous dû passer des brevets au fur et à mesure de votre carrière ?
Je suis BF1 (NDLR : Brevet Fédéral 1) mais je suis aussi chronométreur, et j’ai passé des examens et stages en tant que commissaire. J’officie à l’international comme sur l’Etoile de Bessèges, le Tour du Limousin, le Tour de l’Ain, les épreuves internationales féminines. Et pour la première fois cette année, je vais faire un contrôle antidopage hors de France puisque je serai présente au Luxembourg pour une Coupe du Monde féminine.

Si vous deviez retenir un grand moment de toutes ces années, lequel serait-ce ?
Les coureurs de mon département qui remportent des Championnats de France ou des Championnats du Monde me font toujours plaisir. Je suis de très près leurs résultats.

Par quoi passerait une année 2010 réussie ?
On est toujours en progression en termes de licenciés. Nous sommes le premier département de France. On espère que tout se passera bien, qu’il n’y ait pas trop d’incidents ou de blessés.

Serez-vous candidate à un quatrième mandat ?
Si j’ai la santé, oui, pourquoi pas !