Les jours avancent vite sur le Tour, et les frustrations s’amoncellent au même rythme. Puisqu’on ne devrait pas voir les positions bouger chez les favoris avant samedi, faute de coups de Trafalgar, ce sont les sprinteurs qui tiennent l’affiche jusqu’au week-end. Pour une victoire d’étape ou pour le maillot vert. Or au fil des doublés des uns et des autres, au gré des chutes qui privent d’une confrontation ceux qui en sont les proies, les occasions se font rares, ce qui trouble à l’évidence ceux qui n’ont pas encore arraché ce qu’ils étaient venus chercher sur ce Tour. Mark Cavendish (Team Sky) a déjà obtenu son succès d’étape, mais sa gamelle – sans conséquence physique – hier à Rouen, si elle l’a privé d’un duel avec Andre Greipel (Lotto-Belisol), l’a surtout empêché de confisquer à Peter Sagan (Liquigas-Cannondale) des points qu’il additionne pour le maillot vert.
Pour tous ces sprinteurs, deux occasions de régler leurs comptes se profilent encore cette semaine, la première aujourd’hui entre Rouen (Seine-Maritime), où la course repart sur les quais de la Seine, exactement là où on l’avait laissée hier, et Saint-Quentin (Aisne), dans cette plate région picarde où poussent les meilleurs sprinteurs du pays, Démare, Petit, Casper, tous absents du peloton du Tour cet été. Si le ciel est couvert et que la course essuiera encore quelques gouttes de pluie, le peloton restera sensiblement épargné par les aléas du temps. Les conditions sont correctes, elles inspirent aussitôt quatre concurrents. S’échapper sur ce Tour 2012 est d’une facilité déconcertante. Il suffit de prendre un ticket pour le premier mouvement. C’est ce que font Jan Ghyselinck (Cofidis), Matthieu Ladagnous (FDJ-BigMat), Julien Simon (Saur-Sojasun) et Pablo Urtasun (Euskaltel-Euskadi), propulsés devant à la sortie de Rouen.
Rapidement, le peloton se met en marche. Cette cinquième étape, la plus plane de cette 99ème édition puisque la seule dépourvue de « grimpeur », est longue de 196,5 kilomètres. Mais les équipes de sprinteurs entrent en scène, progressivement bien sûr, dès le 52ème kilomètre, le moment où l’avance des quatre échappés culmine à 5’40 », l’avantage maximum qui sera chronométré entre le quatuor et ses poursuivants. Dès lors, l’écart se réduit ostensiblement. Le peloton revient lentement mais sûrement et les secondes tombent les unes après les autres. La seule chance que l’échappée aille au bout, c’est qu’elle se soit préservée et qu’elle mette les gaz dans les 20 derniers kilomètres. Mais à ce stade de la course, le peloton est revenu à 1’15 », et le duel est inéquitable. A l’approche de Saint-Quentin, l’échappée est sous la menace d’un regroupement.
Tyler Farrar chute, Peter Sagan est dégommé par un vélo errant.
Et pourtant, quand Jan Ghyselinck, Matthieu Ladagnous, Julien Simon et Pablo Urtasun font leur entrée dans la sous-préfecture de l’Aisne, les dents serrées et l’allure déchaînée, déterminés à résister jusqu’au bout à ceux qui les ont pris pour cible, les différences affichées laissent entrevoir la possibilité d’une échappée victorieuse. L’arrivée sur le boulevard Gambetta, à hauteur des Champs-Elysées (pas la majestueuse avenue parisienne mais le parc de verdure situé dans Saint-Quentin), est à profil ascendant. Et quand les quatre de tête virent dans les 1300 derniers mètres, le peloton n’a pas encore opéré la jonction. Jan Ghyselinck veut y croire. Il sème ses compagnons d’une échappée qui aura perduré tout du long de l’étape. Pratiquement en fait car il manquera 150 mètres au Belge pour réussir le coup de sa vie. Le faux-plat d’arrivée aura été un tantinet trop long pour celui qui aura occupé la tête de course durant 196 kilomètres !
Le peloton qui se présente dans la dernière ligne droite est encore incomplet en termes de sprinteurs. Marcel Kittel (Argos-Shimano) a quitté la course en début d’étape, souffrant depuis le début du Tour de problèmes gastro-intestinaux. Et une nouvelle chute marquante va survenir à 3 kilomètres de l’arrivée. Tyler Farrar (Garmin-Sharp) en est cette fois la victime directe. En s’affalant aux premiers rangs du peloton, il entraîne les plus malheureux. Andre Greipel déchausse mais en réchappe, Mark Cavendish se faufile lui aussi, mais Peter Sagan est dégommé par un vélo errant. C’est aujourd’hui au tour du Maillot Vert d’aller au tapis. Lui qui avait déjà laissé échapper quelques points à Mark Cavendish au cours du sprint intermédiaire à Breteuil est condamné à en perdre davantage ici. S’il préserve la tête du classement par points, les positions se resserrent.
Un autre qui se rapproche dangereusement, c’est Andre Greipel. L’Allemand ne dispute pas les sprints intermédiaires, manifestement désintéressé par l’objectif d’un maillot vert. Mais à collectionner les victoires d’étapes, il pourrait naître à cette ambition de manière naturelle. Vingt-quatre heures après avoir gagné le sprint tourmenté de Rouen, le sprinteur de Lotto-Belisol laisse à nouveau derrière lui les meilleurs sprinteurs du peloton, Mark Cavendish compris, dans un sprint de costauds. Revenu in extremis sur les échappés du jour, Andre Greipel gicle dans les derniers mètres pour s’adjuger l’étape devant Matthew Goss (Orica-GreenEdge) et Juan-José Haedo (Team Saxo Bank-Tinkoff Bank). Au pays des sprinteurs français, le Lyonnais Samuel Dumoulin (Cofidis) n’est pas passé loin non plus d’une grande reconnaissance. Idéalement placé, il s’incline finalement au 4ème rang. Fabian Cancellara (RadioShack-Nissan) reste en jaune.
Demain vendredi, la sixième étape offrira une dernière occasion aux sprinteurs avant la montagne entre Epernay et Metz (207,5 km).
Classement 5ème étape :
1. Andre Greipel (ALL, Lotto-Belisol) les 196,5 km en 4h41’30 » (41,9 km/h)
2. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Juan-José Haedo (ARG, Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) m.t.
4. Samuel Dumoulin (FRA, Cofidis) m.t.
5. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) m.t.
6. Tom Veelers (PBS, Argos-Shimano) m.t.
7. Oscar Freire (ESP, Team Katusha) m.t.
8. Alessandro Petacchi (ITA, Lampre-ISD) m.t.
9. Sébastien Hinault (FRA, Ag2r La Mondiale) m.t.
10. Yohann Gène (FRA, Team Europcar) m.t.
Classement général :
1. Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) en 24h45’32 »
2. Bradley Wiggins (GBR, Team Sky) à 7 sec.
3. Sylvain Chavanel (FRA, Omega Pharma-Quick Step) m.t.
4. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) à 10 sec.
5. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 11 sec.
6. Denis Menchov (RUS, Team Katusha) à 13 sec.
7. Cadel Evans (AUS, BMC Racing Team) à 17 sec.
8. Vincenzo Nibali (ITA, Liquigas-Cannondale) à 18 sec.
9. Ryder Hesjedal (CAN, Garmin-Sharp) m.t.
10. Andreas Klöden (ALL, RadioShack-Nissan) à 19 sec.
Classement par points :
1. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) 155 pt
2. Matthew Goss (AUS, Orica-GreenEdge) 137 pt
3. Andre Greipel (ALL, Lotto-Belisol) 132 pt
4. Mark Cavendish (GBR, Team Sky) 119 pt
5. Alessandro Petacchi (ITA Lampre-ISD) 91 pt
6. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) 88 pt
7. Tom Veelers (PBS, Argos-Shimano) 76 pt
8 Fabian Cancellara (SUI, RadioShack-Nissan) 74 pt
9. Mark Renshaw (AUS, Rabobank) 55 pt
10. Juan-José Haedo (ARG, Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) 46 pt
Classement de la montagne :
1. Michael Morkov (DAN, Team Saxo Bank-Tinkoff Bank) 9 pt
2. Ivan Basso (ITA, Liquigas-Cannondale) 2 pt
3. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) 2 pt
4. Anthony Delaplace (FRA, Saur-Sojasun) 2 pt
5. David Moncoutié (FRA, Cofidis) 2 pt
6. Pablo Urtasun (ESP, Euskaltel-Euskadi) 1 pt
7. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Nissan) 1 pt
8. Sébastien Minard (FRA, Ag2r La Mondiale) 1 pt
Classement de la combativité :
1. Matthieu Ladagnous (FRA, FDJ-BigMat)
Classement des jeunes :
1. Tejay Van Garderen (USA, BMC Racing Team) en 24h45’42 »
2. Edvald Boasson-Hagen (NOR, Team Sky) à 1 sec.
3. Rein Taaramae (EST, Cofidis) à 12 sec.
4. Peter Sagan (SVQ, Liquigas-Cannondale) à 13 sec.
5. Wouter Poels (PBS, Vacansoleil-DCM) à 14 sec.
6. Thibaut Pinot (FRA, FDJ-BigMat) à 37 sec.
7. Steven Kruijswijk (PBS, Rabobank) à 43 sec.
8. Rafael Valls (ESP, Vacansoleil-DCM) à 51 sec.
9. Tony Gallopin (FRA, RadioShack-Nissan) à 1’28 »
10. Gorka Izaguirre (ESP, Euskaltel-Euskadi) à 2’30 »
Classement par équipes :
1. Team Sky (GBR) en 74h17’10 »
2. RadioShack-Nissan (LUX) à 4 sec.
3. BMC Racing Team (USA) à 6 sec.
4. Omega Pharma-Quick Step (BEL) à 13 sec.
5. Liquigas-Cannondale (ITA) à 29 sec.
6. Team Katusha (RUS) à 38 sec.
7. Vacansoleil-DCM (PBS) à 50 sec.
8. Astana (KAZ) à 52 sec.
9. Rabobank (PBS) à 1’01 »
10. Euskaltel-Euskadi (ESP) à 1’51 »