La spécialisation des coureurs a donc vécu ! Fini les spécialistes des Ardennaises qui oubliaient les Flandriennes au motif que ces courses-là n’étaient pas faites pour eux. Les puncheurs s’y sont invités, à l’image de Philippe Gilbert (Quick-Step Floors) qui a ouvert le feu sur le Tour des Flandres. A l’inverse, Greg Van Avermaet (BMC Racing Team), en forme olympique, vient défier dans le Limbourg le champion de Belgique. Avantage Gilbert cependant sur son terrain d’expression favori, qui mène 3 victoires (ajoutez à cela un titre de champion du monde au Cauberg) à zéro. Une nuance d’importance est venue se greffer sur cette cuvée 2017 de l’Amstel. 20 kilomètres et 2 bergs suivent désormais la montée du Cauberg : le Geulhemmerberg et le Bemelerberg, 35ème et dernier berg placé à 7 kilomètres de l’arrivée.
A l’instar de la Flèche Wallone et son mur de Huy, les organisateurs déplorent que le Cauberg soit le réceptacle d’une course d’attente qui se transforme en course de côte : des équipiers qui cadenassent la course, puis place aux costauds, sur le grand plateau, pour tout donner et triompher tout en haut. Cette nouvelle formule laisse les pronostiqueurs dans le flou … Regroupement et arrivée au sprint en comité élargi à une trentaine de costauds ? Un ou deux hommes seuls partis dans les dernières difficultés ? Faites vos jeux, rien ne va plus, et au final ce seront toujours les coureurs qui feront la course.
261 kilomètres entre Maastricht et Berg en Terblijt, ce n’est pas ce qui fait peur à ceux qui mettent en route dès les premiers kilomètres. Parmi eux, les représentants des équipes Françaises, Stijn Vanderbergh (AG2R La Mondial) et Fabien Grellier (Direct Energie). 8 autres hommes les accompagnent dont Lars Boom (LottoNL-Jumbo). Un peu plus de 6 minutes, c’est l’écart maximal que vont accorder des équipes aux ambitions affirmées telles que Sunweb ou Lotto-Soudal. La formation Belge s’est manquée sur les Flandriennes et entend se refaire sur les Ardennaises. Mais c’est lorsque la formation de Greg Van Avermaet se décide à mettre en route que la jonction s’opère. Il reste alors 40 kilomètres à couvrir, largement suffisant pour espérer une vraie course de mouvement et ainsi ravir les organisateurs qui souhaitent un scénario digne d’une Flandrienne, mais sans les pavés.
Si les leaders Hollandais sont aux abonnés absents, à commencer par Niki Terpstra (Quick-Step Floors), Wouter Poels (Team Sky), Tom Dumoulin (Sunweb), ou encore Bauke Mollema (Trek-Segafredo), il reste du beau monde et les attaques ne vont pas manquer. A moins de 35 kilomètres de l’arrivée, c’est Tiesj Benoot (Lotto-Soudal) qui déclenche les hostilités. Il est suivi par Philippe Gilbert et Sergio Henao (Team Sky), maillots de champions nationaux en étendard. Les accompagnent uniquement des costauds tels que Michaël Albasini (Orica-Scott), Ion Izagirre (Barhain-Merida), José-Joaquin Rojas (Movistar Team), Nathan Haas (Dimension Data) et Bert-Jan Lindeman (team LottoNL-Jumbo). 8 hommes au total, mais bientôt plus que 7 car Tiesj Benoot enchaîne les ennuis (chute et problème mécanique).
C’est simple, BMC Racing Team, Trek-Segafredo, Sunweb, Astana, Cannondale-Drapac, et les équipes Françaises ont manqué la bonne. Un groupe de contre va parvenir à se rapprocher à 10 secondes à l’initiative de Greg Van Avermaet, accompagné d’Alejandro Valverde (Movistar Team), Michal Kwiatkowski (Team Sky), Tim Wellens (Lotto-Soudal), Fabio Felline (Trek-Segafredo), et bientôt rejoints par Warren Barguil (Team Sunweb), Rui Costa (UAE Team Emirates) et Bob Jungels (Quick-Step Floors). L’écart plafonne et finit par augmenter pour se stabiliser autour des 30 secondes. Seul Michal Kwiatkowski aura eu l’audace d’anticiper lorsque le retard de ce groupe de contre n’excédait pas les 15 secondes. Il sera le seul à pouvoir rentrer sur l’échappée.
Parmi les 7 coureurs de tête, ils sont plusieurs à pouvoir faire valoir leurs qualtités en cas de sprint. José-Joaquin Rojas apparaît comme le plus rapide, d’autant qu’il ne prend aucun relais puisque son leader Alejandro Valverde se trouve en chasse derrière. Ce sera finalement le 35ème et dernier berg qui servira de juge de paix à cette superbe édition de l’Amstel. L’accélération décisive vient de Michal Kwiatkowski, attaque relayée par Philippe Gilbert, seul à pouvoir répondre au Polonais. Les deux anciens vainqueurs de l’Amstel s’associent et filent vers Berg en Terblijt où ils vont se jouer la victoire. Flamme rouge, c’est Philippe Gilbert qui est en tête. Profitant du vent de dos, Michal Kwiatkowski lance le sprint aux 300 mètres. Son démarrage incisif lui permet de décoller Gilbert de sa roue, mais le champion de Belgique est en grande forme et le prouve. Il aligne Kwiatkowski dans les derniers mètres pour remporter sa quatrième Amstel Gold Race. Pour la troisième place, Michaël Albasini est le plus rapide pour s’en emparer.
Classement :
1. Philippe Gilbert (BEL, Quick-Step Floors) les 261 km en 6h31’40 »
2. Michal Kwiatkowski (POL, Team Sky) m.t.
3. Michael Albasini (SUI, Orica-Scott) à 10 sec.
4. Nathan Haas (AUS, Dimension Data) m.t.
5. Jose Rojas (ESP, Movistar Team) m.t.
6. Sergio Henao Montoya (COL, Team Sky) m.t.
7. Jon Izaguirre (ESP, Bahrain-Merida) à 14 sec.
8. Michael Gogl (AUT, Trek-Segafredo) à 1’10″
9. Sonny Colbrelli (ITA, Bahrain-Merida) à 1’11″
10. Michael Matthews (AUS, Team Sunweb) m.t.